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Le meilleur thriller de la saison ? Il est signé Élias Bou Saab

Élias Bou Saab annonçant la bonne nouvelle à Yara Zoghbi. Capture d’écran

Le ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, a réussi avec brio le meilleur thriller télévisé de cette saison. Laissant loin derrière, au niveau de l'audimat, tous les feuilletons, séries, émissions de téléréalité et autres talk-shows, le « héros » des candidats au bac, notamment les « miraculés des attestations » de 2014 qui, jusqu'à aujourd'hui, ne savent pas quel saint remercier pour avoir été sauvés d'un inévitable échec, accapare devant le petit écran presque toute la République pour annoncer en direct les résultats du brevet.
Mercredi à 14h30, pour un rendez-vous soigneusement annoncé à l'avance par ce vétéran des réseaux sociaux, et après maintes fausses rumeurs rajoutant au suspense, le ministre se pointe enfin comme le saint sauveur en direct devant les caméras, entouré de son équipe, afin de goûter avec les lauréats à l'euphorie du succès qui vient couronner un mandat supermédiatisé.

Après avoir passé en revue les différents chiffres et statistiques des résultats qui sont « plus précis et permettent de donner une idée plus claire des failles du système éducatif dans chaque école du Liban », il prolonge en douce la torture des élèves, ainsi que celle de leurs parents, qui s'acharnaient à cliquer sur leur fameuse application ISMA, laquelle s'obstinait à leur renvoyer à la figure la même phrase : « Les résultats ne sont toujours pas prêts. »
Le ministre, qui a choisi le meilleur moment pour se faire entendre, prend son téléphone portable et compose un numéro en direct devant les caméras.

À l'autre bout du fil, on découvre Yara Zoghbi, une élève d'une école publique de Bziza, dans le Koura, qui a obtenu, tenez-vous bien, une moyenne de 19,21/20. Les félicitations fusent de partout en direct sur la MTV et M. Bou Saab se lance dans une louange, bien méritée d'ailleurs, de l'équipe professorale de Yara, ainsi que de l'école publique en général. Un vrai charmeur, notre ministre, qui a su mettre on hold des dizaines de milliers d'adolescents qui attendaient impatiemment leurs résultats. Certains privilégiés ont néanmoins pu contacter entre-temps le voisin du mari de la tante paternelle qui connaît quelqu'un au ministère afin de calmer les palpitations cardiaques de leurs cancres de progéniture, qui espéraient un miracle.

Et l'éducation civique ?
M. Bou Saab reprend « rapidement », selon lui, avec une liste qui a pourtant semblé interminable, des candidats ayant obtenu les dix meilleures moyennes. Avec l'air fier du « grand réformateur » du système des examens officiels au Liban, où tout semble pourtant avoir régressé d'une façon lamentable, le ministre termine enfin son discours en félicitant tous les candidats qui ont réussi au brevet. Il insiste par ailleurs sur la vitesse record avec laquelle les corrections ont été achevées, tout en promettant de contacter chaque directeur d'école pour lui dire que certains professeurs ne seraient pas, semble-t-il, à la hauteur de la tâche qui leur est impartie.
Le ministre s'en va, les caméras s'éteignent sans que personne ne sache pour quelle raison il a fallu attendre une heure supplémentaire pour que les premiers tirs en l'air commencent à polluer le ciel de la capitale, annonçant le début de la publication des résultats. Certains parents trouvent normal de mettre la vie « insignifiante » des autres en danger, car leur rejeton a décroché un diplôme, sachant que l'une des matières examinées n'est autre que l'éducation civique !

C'est ainsi que prend fin la première saison des examens officiels, haletante en action, dont le héros n'est autre que le ministre de l'Éducation. Ce dernier aurait dû pourtant faire le relais avec le ministre de l'Intérieur, un autre héros médiatisé, quoique moins loué par le public sur les réseaux sociaux et pas très ami avec la caméra. Nouhad Machnouk aurait dû recevoir le témoin de M. Bou Saab devant les caméras et de promettre pour la énième fois aux Libanais que les abrutis armés jusqu'aux dents et qui sont, accessoirement, des parents, gagneront les bancs d'une prison-école pour suivre une session sur le comportement des humains en société et devenir plus sensibles aux pleurs des mamans qui ont enterré leurs enfants victimes de balles perdues.
Bravo Monsieur le Ministre de l'Éducation pour tous vos efforts, mais n'oubliez pas que nous vivons dans un pays où, hélas, le sensationnalisme, la médiatisation et la complaisance cachent souvent une vérité amère. Ici, en l'occurrence, il s'agit de l'échec total de la mise en application des principes théoriques enseignés à nos enfants en éducation civique, malgré un taux de réussite de 82 % à l'échelle nationale. De quoi méditer avec vos collègues, défenseurs farouches du principe de l'impunité, avant de crier victoire, Monsieur le Ministre, en direct...

 

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