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À La Une - référendum

Comment les Libanais au Royaume-Uni vivent le choc du Brexit

Quatre Libanais vivant à Londres font part à L'Orient-Le Jour de leurs premières impressions à la suite des résultats du référendum.

AFP / GLYN KIRK

L'Europe des 28 est désormais révolue ! Le verdict est sans appel : près de 52% des Britanniques ont voté jeudi pour le Brexit lors d'un référendum historique, marqué par une participation importante (72,2%). A peine quelques heures plus tard, le Royaume-Uni était sommé par l'Union européenne de lancer la procédure de sortie « dès que possible ». L'incertitude est sur toutes les lèvres. Que réserve l'avenir? Quatre Libanais vivant à Londres, et qui se trouvent être tous défavorables à une sortie de la Grande-Bretagne de l'UE, font part à L'Orient-Le Jour de leurs premières impressions à la suite des résultats du référendum.

Le choc émotionnel
« C'est une catastrophe ». Voici les premiers mots de Michelle*, une Libano-Mexicaine installée à Londres depuis 3 ans mais qui, ne possédant pas la nationalité britannique, n'a pas pu voter. La jeune femme de 28 ans travaille dans une start-up spécialisée dans la cuisine et craint de ne pouvoir rester. « J'ai peur, on va se faire virer de nos emplois », dit-elle la voix étranglée. « C'est absurde et très mauvais pour les étrangers », déplore-t-elle. « Ceux qui promouvaient le Brexit voulaient se protéger des réfugiés. C'est une initiative raciste, xénophobe. Les partisans du Brexit sont des vieux qui habitent dans la campagne anglaise qui ont voté « oui » car ils ont peur de l'islam », estime Michelle dépitée. Parmi les fervents partisans du Brexit, se trouvait le Ukip (UK Independance Party), un parti europhobe et anti-immigration, qui a fait de cette dernière question un axe majeur de sa campagne.

L'incompréhension et la colère de Michelle cèdent la place au dépit et à la tristesse chez Sophie Husseini-McEwan, elle aussi favorable au « remain » (rester). « Je ne veux pas le croire. C'est un jour très triste », confie cette Franco-Libanaise qui n'a pas pu non plus participer au référendum. « Je ne m'attendais pas à ce résultat. Je crois qu'il y a beaucoup de gens qui ignorent les conséquences du Brexit. C'est une décision qui n'aurait jamais dû être laissée au peuple », estime la jeune femme de 28 ans.

 



A qui la faute ?
Vivant depuis 10 ans en Grande-Bretagne et ayant la nationalité anglaise, Fouad*, installé dans la capitale anglaise, a voté en faveur du « remain », comme environ 60% des Londoniens, selon les chiffres officiels. Pour ce Libanais de 35 ans, employé dans le secteur financier, ce vote s'explique par le traditionnel euroscepticisme anglo-saxon. « Je pense qu'ici les gens sont sceptiques en général, note-t-il. Il y a aussi l'extrême droite qui joue un rôle. L'Ukip a récolté pas mal de voix lors des dernières élections (législatives) ».

Une observation partagée par Antoine*, un Franco-Libanais qui travaille également dans le secteur bancaire. «Pour moi, l'Europe c'est un concept et l'Angleterre ne s'est jamais vraiment sentie européenne », lance-t-il. Et de poursuivre : « La question qui se pose maintenant est : l'Europe va-t-elle continuer ? ».

Autre question : l'impact sur l'économie et les marchés financiers. Antoine observe déjà « une chute dramatique de la livre sterling » qui est passée à 1,33 dollar vendredi matin, et « des marchés financiers secoués ». « Aujourd'hui, vous pouvez gérer un fond qui est dans un autre pays, c'est le 'passeport européen', mais est-ce qu'avec le 'Brexit' cela va toujours être possible », s'interroge-t-il, à titre exemple.

 

(Lire aussi : Sept conséquences pratiques d'un Brexit pour les Britanniques)

 

Partir ou rester ?
Le quotidien de ces Libanais va-t-il être bouleversé ? Encore une fois c'est le flou total. Tout dépendra des décisions qui vont être prises par le successeur du Premier ministre britannique David Cameron (qui a annoncé, vendredi, son intention de démissionner), ainsi que du bilan des négociations avec l'Europe. Cependant, pour la plupart d'entre eux, le quotidien ne devrait pas être immédiatement perturbé bien qu'ils envisagent une augmentation du coût de leurs vacances à l'étranger en raison de la chute de la livre sterling.

Michelle n'est, quant à elle, pas certaine de vouloir rester et envisage même de quitter le pays. La jeune Libanaise ne voit pas pourquoi elle continuerait à vivre en Grande-Bretagne « marquée, comme beaucoup d'autres pays en Europe, par la montée de l'extrême droite ». « Je n'ai plus aucune raison de rester ici », déclare-t-elle.

Installée à Londres depuis 2011, Sophie s'y voit, elle, poursuivre sa vie. « Je travaille dans les relations publiques avec mon mari qui est Anglais. Je compte rester ici et j'espère qu'on aura un gouvernement qui ne sera pas d'extrême droite et qui sera capable de mener des politiques plus sociales », déclare-t-elle.
Pour Antoine, la décision de partir ou rester n'est pas aussi évidente. « Quitter le pays mais pour aller où ? Retourner en France ou rentrer au Liban ? Je ne sais pas ».

 

*La personne interviewée n'a pas souhaité donner son nom de famille.

 

 

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commentaires (4)

Bon , ca ce n'est que la lecture gauchocrate émotionnelle de l'évènement ...maintenant nous attendons la lecture pragmatique.....

M.V.

21 h 13, le 24 juin 2016

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Commentaires (4)

  • Bon , ca ce n'est que la lecture gauchocrate émotionnelle de l'évènement ...maintenant nous attendons la lecture pragmatique.....

    M.V.

    21 h 13, le 24 juin 2016

  • CHOC OU ROCK AND ROLL... ON LE VERRA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 06, le 24 juin 2016

  • Je voulais dire est une profession en soi. Merci de corriger.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 52, le 24 juin 2016

  • Pourquoi s'en faire quand on est libanais ? Comme on a réussi en Angleterre, on le pourra ailleurs , les libanais vivant à Londres ou ailleurs en europe will always find their way out . Etre Libanais est une nationalité en soi .

    FRIK-A-FRAK

    18 h 35, le 24 juin 2016

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