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Économie - Splendeurs et misères économiques

Le Brexit, c’est la démocratie

Né à Beyrouth, Michel Santi est un macroéconomiste franco-suisse qui conseille des banques centrales et des fonds souverains. Il est notamment l’auteur de « L’Europe, chroniques d’un fiasco économique et politique » et de « Misère et opulence ».

Le Brexit n'est pas qu'une consultation électorale qui doit décider d'une éventuelle sortie britannique de l'Union. Les enjeux sont autrement plus sérieux – et critiques pour certains – que l'aspect relativement anecdotique d'un pays qui n'avait jamais réellement intégré l'Europe. En dépit de ce qui est stigmatisé par les « remainer », le Brexit n'est pas non plus un référendum pour ou contre l'immigration et assurément contre les étrangers. Non, le Brexit est fondamentalement un vote pour ou contre la technocratie bruxelloise néolibérale ayant progressivement transformé l'Europe en une citadelle du mercantilisme.

En effet, les citoyens britanniques se sont exprimés hier démocratiquement pour remettre au pas ces élites économico-financières qui s'accommodent parfaitement bien d'un chômage des jeunes cataclysmique, mais qui réagissent de manière offusquée et effarouchée dès lors que leurs privilèges sont questionnés. Le débat – le vrai – n'est effectivement pas tant de savoir si l'îlot britannique va se déconnecter du continent que si les citoyens de ce pays – et par-delà les Européens – vont enfin décider de recouvrer leurs droits face aux abus des multinationales, à l'hégémonie des banques et aux accords secrets négociés hors de tout cadre démocratique. Le résultat de ce scrutin dépasse donc très largement le cadre britannique, et même européen, car il s'agissait – à travers ce vote de défiance – de rejeter sans équivoque cette globalisation qui devient malsaine car elle ne profite qu'aux plus nantis.

 

(Lire aussi : Sept conséquences pratiques d'un Brexit pour les Britanniques)

 

Honnir ce transfert de richesses institutionnalisé et pérennisé par l'Europe telle que constituée depuis Maastricht. Rétablir l'équilibre démocratique honteusement confisqué par des élites peu scrupuleuses après des votes de défiance successifs de la France et des Pays-Bas en 2005 et de l'Irlande en 2008. Déposséder les mégabanques de leurs pouvoirs contre nature. Voilà les authentiques enjeux de ce référendum qui fait trembler – on le comprend bien – l'intelligentsia globale sur le point de se liquéfier à la menace de ce Brexit qui pourrait signer le véritable chant du cygne de sa domination. Pourquoi croyez-vous que Jamie Dimon, grand patron de JPMorgan, se soit donné la peine de visiter sa succursale londonienne pour menacer ses salariés de perte de leur emploi en cas de Brexit, après celui de Citigroup ayant lui aussi proféré un tel ignoble chantage ?

D'ores et déjà, ces colosses tremblent sur leurs fondements subitement hyperfragilisés par la perspective du Brexit. L'action de Deutsche Bank n'est-elle pas à son plus bas historique et les capitalisations des banques occidentales n'ont-elles pas perdu près de 50 % depuis que cette menace frontale adressée au néolibéralisme qu'est le Brexit semble envisageable et palpable à un univers habitué à régner sans partage et sans remise en question ? Avec le Brexit et grâce à lui, les peuples reprendront la main sur leur destinée politique et économique.
Espérons que, par son vote, le peuple de Grande-Bretagne mettra fin au déni de démocratie, marque de fabrique de l'Europe depuis une vingtaine d'années.

 

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Le Brexit n'est pas qu'une consultation électorale qui doit décider d'une éventuelle sortie britannique de l'Union. Les enjeux sont autrement plus sérieux – et critiques pour certains – que l'aspect relativement anecdotique d'un pays qui n'avait jamais réellement intégré l'Europe. En dépit de ce qui est stigmatisé par les « remainer », le Brexit n'est pas non plus un référendum...

commentaires (2)

C,EST L,HEBETUDE DEMOCRATIQUE PLUTOT...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 56, le 24 juin 2016

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Commentaires (2)

  • C,EST L,HEBETUDE DEMOCRATIQUE PLUTOT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 56, le 24 juin 2016

  • A la réflexion ...Cromwell à gagner contre Marx en habits d'euro-technocrate......!

    M.V.

    09 h 48, le 24 juin 2016

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