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Liban - Débat

Les listes indépendantes dans un chantier d’autocritique

En dépit de la dissemblance des expériences et des démarches, dresser le bilan s'est imposé au lendemain des résultats des municipales chez les uns comme chez les autres.

Les représentants des six listes indépendantes en plein débat. Photo Ali Allouche


« Et maintenant on va où ? » C'est en faisant cette allusion au titre du film de Nadine Labaki que Gilbert Doumit a lancé le débat en posant cette question aux représentants de six listes indépendantes qui se sont présentées aux dernières élections municipales dans diverses régions au Liban. Rayan Ismaïl (Beyrouth Madinati), Mounir Doumani (Citoyens et citoyennes dans un État), Mikhaël Doueihy (liste du Développement de Zghorta), Walid Souaissi (Tripoli 2022), Firas Allam (Ensemble pour Hermel) et Wasef Haraké (Ghobeiré pour tous) ont tenté chacun de donner une réponse plus ou moins précise à une question qui revient en leitmotiv depuis le 29 mai.
Autour d'une table ronde organisée par le journal électronique al-Modon à l'Arab Center for Research & Politicy Studies, qui s'est étalée sur deux séances modérées séparément par les deux activistes Gilbert Doumit et Paul Achkar, les représentants des différentes listes se sont d'abord penchés sur leurs expériences, leurs constatations et les leçons qu'ils ont tirées avant d'annoncer leurs futurs projets.
Candidat sur une liste indépendante qui ne comptait au final que quatre noms, Walid Souaissi note que « participer de près aux élections a mis à nu la vraie face de la société civile de Tripoli, politisée jusqu'à la moelle. » Selon lui, des candidats de « Tripoli 2022 » ont changé de camp pour rejoindre la liste d'Achraf Rifi lorsque la mise au point de celle-ci a été décidée. Les propos de l'ex-candidat tripolitain ont suscité un débat vif autour des frontières – jugées artificielles par les uns – entre le « civil » et le « politique ».Voulant trancher le litige, Wasef Haraké affirme : « La bataille que nous avons menée à Ghobeiré est explicitement politique, dirigée contre le Hezbollah et le mouvement Amal, sans que cela signifie que nous sommes partisans de leurs adversaires. » Bien qu'il vante l'aspect « politique » de la bataille électorale de sa liste, M. Haraké déclare être en parfait accord avec la ligne de conduite politique du Hezbollah.
Toujours dans le même esprit, une autre discussion a lieu autour de la nécessité de critiquer le système libanais et ses acteurs. Ainsi, entre des personnes qui se proclament toutes « indépendantes », on est loin d'être d'accord sur ce que veut dire « société civile », et encore moins sûr de la nature de ce par rapport à quoi on se déclare indépendant. Cette fois-ci, c'est M. Doueihy qui présente sa vision des choses : « À Zghorta », la liste indépendante a refusé de se coller une étiquette telle que « liste de la société civile » ou « Beyrouth Madinati de Zghorta ». Il ne sert à rien de répéter cela puisque les citoyens sont conscients de la corruption du système, « d'autant qu'ils en font eux-mêmes partie intégrante », souligne-t-il.

Les apprentis » aventuriers « tirent les leçons
Star des listes indépendantes, Beyrouth Madinati fait son incursion dans le débat après un bref aperçu sur son expérience, pour faire le point sur les leçons qu'elle a tirées. De prime abord, Rayan Ismaïl, représentant du collectif, souligne le manque d'expérience de presque tous les acteurs de la société civile en matière de participation aux élections. « Nous avons tous dû apprendre pour la première fois le comment faire des élections », relève-t-il sur ce plan. « Nous aurions pu bénéficier de l'expérience de partisans de partis politiques mais nous avons voulu garder notre indépendance », dit-il. Empiétant sur un terrain qui, il y a quelques mois, lui a paru complètement infranchissable, Beyrouth Madinati a été surpris de l'ampleur de la réaction qu'il a suscitée auprès du public avant les élections. M. Ismaïl précise que l'équipe n'a pas eu le temps de déménager dans un bureau plus vaste, d'organiser des rassemblements populaires et de fréquenter des régions où se manifeste la mainmise des partis politiques. Sur le plan du sens de l'organisation, M. Doumani, du mouvement « Citoyens et citoyennes dans un État » (de Charbel Nahas) abonde dans le même sens : « En comparaison avec les grandes ambitions du mouvement, nous aurions dû être plus organisés et nous aurions souhaité compter un plus grand nombre de candidats sur nos listes ainsi qu'une machine électorale. » Le représentant de la liste « Ensemble pour Hermel », Firas Allam, évoque le même point faible : « Nous sommes en train de faire ce que nous n'avons pas pu finaliser avant les élections, faute de temps. »
Quelques semaines se sont écoulées depuis le 8 mai, date du premier round des municipales, mais les initiatives indépendantes débattent, au sein de leurs groupes, les projets potentiels. La plus organisée de toutes, Beyrouth Madinati, promet d'apporter une réponse claire à la question initiale de M. Doumit en septembre prochain. Entre-temps, M. Ismaïl affirme que le travail pendant la phase transitoire s'effectue sur trois niveaux : « Un premier comité envisage de mettre sur pied une municipalité de l'ombre chargée de surveiller l'action de la municipalité élue, un deuxième maintiendra les débats populaires dans les divers quartiers, alors qu'un troisième est censé débattre de la possibilité de se présenter aux élections législatives ou de proposer des réformes à la loi sur les municipalités. »

« Et maintenant on va où ? » C'est en faisant cette allusion au titre du film de Nadine Labaki que Gilbert Doumit a lancé le débat en posant cette question aux représentants de six listes indépendantes qui se sont présentées aux dernières élections municipales dans diverses régions au Liban. Rayan Ismaïl (Beyrouth Madinati), Mounir Doumani (Citoyens et citoyennes dans un État),...

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