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Le pape en Arménie : un jeu délicat vis-à-vis de la Turquie

Fançois pourrait limiter les dégâts en évitant de qualifier à nouveau de "génocide" le massacre des Arméniens en 1915/17 sous l'Empire ottoman.

Dans la basilique Saint-Pierre, en avril 2015, Jorge Bergoglio avait provoqué une crise avec Ankara, en prononçant le mot génocide pour définir le Medz Yeghem (le Grand Mal) dans lequel, selon les Arméniens, 1,5 million des leurs auraient trouvé la mort. AFP / TIZIANA FABI

Le pape François ne peut qu'irriter la Turquie voisine en se rendant de vendredi à dimanche en Arménie, mais il pourrait limiter les dégâts en évitant de qualifier à nouveau de "génocide" le massacre des Arméniens en 1915/17 sous l'Empire ottoman.

Dans la basilique Saint-Pierre, en avril 2015, Jorge Bergoglio avait provoqué une crise avec Ankara, en prononçant ce mot fatidique pour définir le Medz Yeghem (le Grand Mal) dans lequel, selon les Arméniens, 1,5 million des leurs auraient trouvé la mort. Ankara, pour qui c'est une guerre civile dans laquelle 300 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort, avait rappelé son ambassadeur au Vatican jusqu'en février.

"Je ne peux anticiper ce que dira le pape", a déclaré, mardi, son porte-parole, Federico Lombardi, agacé par les "obsessions" des journalistes, quelques semaines seulement après la réaction très vive du président Recep Tayyip Erdogan au vote historique du Bundestag reconnaissant le génocide.
Jorge Bergoglio priera au Mémorial de Tzitzernakaberd, et les Arméniens espèrent bien que le pape prononcera à nouveau le mot, cette fois sur leur terre.

Le Vatican a préféré mettre l'accent sur la dimension œcuménique de la visite. Dans un message vidéo adressé mercredi aux Arméniens, le pape s'est contenté d'affirmer que leurs souffrances sont "parmi les plus terribles dont l'humanité se souvienne".

(Lire aussi : L'Allemagne furieuse contre Erdogan, qui cible le "sang corrompu" d'élus d'origine turque)

 

"Un grand cadeau au peuple arménien"
"C'est un grand cadeau qu'avait fait le pape au peuple arménien" en mentionnant le génocide en 2015, a rappelé devant des journalistes français le recteur du collège pontifical arménien de Rome, le père Lwis Naamo. "Aujourd'hui le pape François est très clair ; il dit les choses comme elles sont", a encore jugé cet Arménien d'origine syrienne, qui pense que "oui, il va utiliser encore une fois le mot génocide".

Pourtant, dans le discours officiel tenu par les cardinaux de Curie, comme lors de la conférence de présentation du voyage, mardi au Vatican, la consigne est visiblement toute autre : éviter de prononcer ce mot. François pourrait s'y conformer, pour ne pas fragiliser Erevan face à son grand voisin du sud, et rendre plus compliquée la situation des chrétiens, y compris réfugiés, en Turquie, selon plusieurs observateurs au Vatican.

L'historien Antranig Ayvazian, professeur à l'Université d'Erevan, a expliqué à la presse que le terme génocide n'apportait rien de plus, puisque "Medz Heghem a déjà le sens d'un grand carnage, visant à l'élimination d'un peuple". "Je comprends l'attitude du Saint-Siège, il est tenu à un peu de neutralité. C'est ainsi qu'il pourra être porteur de paix et de coexistence", a ajouté le professeur Ayvazian.

François se rendra au monastère de Khor Virap, à quelques centaines de mètres de la frontière turque, et y lâchera deux colombes de la paix en direction du mont Ararat, aujourd'hui en Turquie.

Conscient de l'importance clé de la Turquie sur l'échiquier régional, ce pape très politique avait choisi de s'y rendre en novembre 2014, bien avant de répondre à l'invitation qui lui était faite de visiter l'Arménie.
Le contact avait été d'emblée froid à Ankara avec le président Erdogan, sur fond de polémique sur le sort au Moyen-Orient des réfugiés chrétiens (Irak, Syrie) et celui réservé aux musulmans dans les cités défavorisées d'Europe.

La coupe devait déborder le 12 avril 2015 quand François dénonçait à Saint-Pierre "le premier génocide du XXe siècle" en présence du président Serge Sarkissian. Il reprenait les mots de la déclaration écrite de 2001 de Jean Paul II et du Catholicos arménien Karékine II, qui parlait de "l'extermination d'un million et demi de chrétiens arméniens, au cours de ce qui a traditionnellement été appelé le premier génocide du XXe siècle".

Dans la diaspora qui compte 7 millions d'Arméniens, nombreux sont les lobbies influents qui œuvrent à la reconnaissance du "génocide". Ils se sentent soutenus par le Vatican, se rappelant que dès 1915, le pape Benoît XV avait plaidé auprès du Sultan la cause des Arméniens.

 

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Le pape François ne peut qu'irriter la Turquie voisine en se rendant de vendredi à dimanche en Arménie, mais il pourrait limiter les dégâts en évitant de qualifier à nouveau de "génocide" le massacre des Arméniens en 1915/17 sous l'Empire ottoman.
Dans la basilique Saint-Pierre, en avril 2015, Jorge Bergoglio avait provoqué une crise avec Ankara, en prononçant ce mot fatidique pour...

commentaires (3)

ERDO NE PEUT PAS CONTINUER A PROVOQUER LE MONDE... LE GENOCIDE DES ARMENIENS PAR LES OTTOMANS EST UN FAIT HISTORIQUE INDENIABLE... ET SI LE PAPE NE VEUT PAS S,Y REFERER IL FERAIT MIEUX DE NE PAS ALLER EN ARMENIE... CE SERAIT UNE HONTE POUR LE VATICAN ET POUR LE PAPE LUI MEME QUE DE PLIER AUX MENACES ERDOGANIENNES...

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 35, le 23 juin 2016

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Commentaires (3)

  • ERDO NE PEUT PAS CONTINUER A PROVOQUER LE MONDE... LE GENOCIDE DES ARMENIENS PAR LES OTTOMANS EST UN FAIT HISTORIQUE INDENIABLE... ET SI LE PAPE NE VEUT PAS S,Y REFERER IL FERAIT MIEUX DE NE PAS ALLER EN ARMENIE... CE SERAIT UNE HONTE POUR LE VATICAN ET POUR LE PAPE LUI MEME QUE DE PLIER AUX MENACES ERDOGANIENNES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 35, le 23 juin 2016

  • La visite du Pape en Arménie ne peut qu'irriter la Turquie voisine (sic). La cathédrale Sainte-Sophie à Constantinople fut construite entre le 1Vè et le VIé siècles. Elle est devenue mosquée au XVè siècle. Elle est devenue Musée en 1934. Depuis l'avènement d'Erdogan, celui-ci envisage de la retransformer en mosquée, les prières de Eamadan se déroulent cette année 2016 à l'intérieur du Musée. Erdogan ne pense-t-il pas irriter le Vatican ?

    Un Libanais

    15 h 08, le 23 juin 2016

  • Alors là! Si même le Pape doit faire gaffe à ce qu'il dit pour dénoncer une évidence, pour pas blesser des génocidaires !!!!!!!!!!!!????????? Ecoutez franchement erdo doit être l'enfant caché d'une union entre un(e) occidental(e) et un(e) ottomane ..... Incroyable comment il est chouchouté le petit .....

    FRIK-A-FRAK

    14 h 52, le 23 juin 2016

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