Depuis le 31 mai, le groupe terroriste l'État islamique (EI) fait face à une offensive menée par les combattants arabes et kurdes pour reprendre Manbij. Cette coalition contrôle aujourd'hui une large partie du territoire allant de la frontière turque au nord d'Alep et jusqu'à Hassaké, à l'est de la Syrie.En effet, les Forces démocratiques syriennes (FDS) progressent au grand dam de l'EI qui tente par tous les moyens de maintenir ses positions.
Pour beaucoup, les FDS, regroupées au sein du Conseil démocratique syrien (CDS), représentent l'espoir d'un avenir louable en Syrie. Mais qui compose cette coalition militaire arabo-kurde créée en octobre 2015 ? Et quelles relations entretiennent ses différents groupes ?
Fortes de 40 à 50 000 soldats, d'après Salih Muslim, coprésident du Parti démocratique kurde (PYD), les YPG (Unités de protection du peuple) constituent la principale branche armée. En son sein cohabitent Arabes, bien qu'ils ne soient qu'une poignée, et Kurdes. Contrairement aux idées reçues, cette alliance ne date pas d'hier. « En 2013, il y avait déjà des unités arabes au sein des YPG, dans le canton de Jazira notamment », rappelle Carl Drott, sociologue, spécialiste de la question kurde.
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Les FDS ne constituent pas une entité statique et immuable. S'ajoute aux YPG un fatras de milices armées qui rejoignent ou quittent la coalition régulièrement. À Afrin et Kobané, une coopération avec des combattants affiliés à l'Armée syrienne libre (ASL) a vu le jour en 2014, à l'issue d'affrontements avec d'autres rebelles. « Certains groupes ont rejoint les forces kurdes après avoir été délogés par l'État islamique ou par le Front al-Nosra », souligne le sociologue.
Formé en mai 2015 pour lutter à la fois contre le régime de Damas et l'EI sous la bannière de « l'Armée des révolutionnaires », Jaych el-Thuwar est le deuxième groupe appartenant aux FDS. Lui-même est composé de Kurdes, d'Arabes mais également de Turkmènes. Ils prouvent par cette hétérogénéité que le groupe représente les différents constituants de la société syrienne, indépendamment des affiliations ethniques et religieuses. Jaych el-Thuwar rassemble également en son sein une kyrielle de groupes comme Chams el-Chamal ou Jabhat el-Akrad. Plusieurs accusations pesaient sur « l'Armée des révolutionnaires », notamment le fait d'avoir collaboré avec le régime syrien ou de se battre constamment aux côtés du camp victorieux.
Troisième branche constitutive de cette coalition, les milices chrétiennes sous le nom de Conseil militaire syriaque (CMS). Elles représentent environ 2 000 combattants et sont principalement actives dans la province de Hassaké. Au fur et à mesure que la guerre progresse à l'avantage des FDS, soutenues par les frappes de la coalition, différents groupes rejoignent leur rang. C'est le cas de nouvelles brigades de l'ASL comme Liwa' Jund el-Haramain en janvier 2016 ou le Front des révolutionnaires de Raqqa, trois mois plus tard.
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Une image de tolérance
Quelles relations entretiennent-ils ? « Mon impression est que l'YPG désire sérieusement collaborer avec d'autres groupes et essaye de contrer n'importe quelles tendances vers le chauvinisme ethnique, confie Carl Drott. Par exemple, un des combattants arabes des YPG que j'ai rencontré était le garde du corps personnel du ministre de la Défense nationale du canton de Kobané. » La présence d'Arabes pour la libération de certains territoires est cruciale. « Pendant la récente offensive à l'ouest de Kobané, leur présence était indispensable pour différentes raisons politiques comme celle de gagner le soutien des communautés locales », dit-il. Idem aujourd'hui pour l'offensive contre Manbij.
Pourtant, des heurts surgissent sporadiquement entre les différentes composantes de la coalition. Pour pallier ces débordements, le pouvoir en place tente de calmer le jeu des communautés et de véhiculer une image d'ouverture et de tolérance. Début mai, lorsque des combattants de Jaych el-Thuwar ont défilé, en signe de victoire, dans les rues d'Afrin, avec les corps inanimés de rebelles fraîchement tués, les autorités se sont empressées de condamner ces agissements.
« Ce qui est arrivé à Afrin ne peut pas représenter nos principes et notre morale. Nous ne pouvons pas glisser dans un tel comportement, nous avons grandi avec des valeurs », a déclaré Sharvan Darwish, un porte-parole des FDS rapporté par Aras news. « Le PYD a besoin d'alliés arabes politiques autant que l'YPG a besoin d'alliés arabes militaires, pour contrôler des zones arabes majoritaires, souligne Carl Drott. Idéalement, le PYD veut des alliés arabes qui partagent ses idéaux politiques. »
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commentaires (3)
Serieusement dites nous ce qui se passe à fallujah Svp? Je ne pense pas que ça vous fache à ce point que les bactéries sont éradiquées, à ce point ?
FRIK-A-FRAK
11 h 07, le 21 juin 2016