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Culture - Design

Taher Asad-Bakhtiari retisse ses souvenirs...

Les créations de l'artiste iranien balaient les règles orthodoxes du tapis persan, notamment celle qui voudrait que « les kilims et les gabbehs soient uniquement pour les sols ».

L’artiste devant une de ses créations.

Issu d'une vieille famille, plus précisément d'une tribu de tisserands iraniens, Taher Asad-Bakhtiari est un artiste singulier, aussi attaché aux traditions qu'à leur réinvention. Et pour cause. Cet artiste trentenaire, autodidacte, axe son travail autour de l'expérimentation des techniques de tissage ancestrales qu'il reprend, cependant, dans des objets et des compositions à usages nouveaux. À l'instar de cette série de tapisseries d'une absolue modernité qu'il présente, à Beyrouth, à la galerie Carwan*.

Des créations qu'il a fait réaliser par les femmes des tribus nomades d'Iran à partir d'un métissage inédit de techniques traditionnelles. À l'instar des kilims et des gabbehs... Des techniques utilisées, habituellement, de manière individuelle et dont il mélange les points, les dessins et les textures dans une volonté de balayer les règles orthodoxes du tapis persan. À commencer par celle qui voudrait que « les kilims et les gabbehs soient uniquement pour les sols ».

À voir ces tapisseries d'esprit ultracontemporain suspendues aux cimaises de la galerie Carwan*, on a du mal à imaginer qu'elles ont été inspirées par ce qu'il y a de plus traditionnel en Iran. Ces atriums ou pièces munies d'une fontaine centrale, que l'on retrouve dans les anciennes maisons iraniennes. Des sortes de salon d'été nimbés de fraîcheur et d'une atmosphère propice au clame et à la contemplation.

 

À l'ombre des atriums de Téhéran
Né en 1982 à Téhéran, Taher Asad-Bakhtiari a gardé de son enfance le souvenir de l'atrium de la maison de ses grands-parents. « Cette pièce à fontaine centrale et aux alcôves murales de style islamique était notre espace de jeux favori quand nous étions enfants », confie-t-il dans la note d'intention qui accompagne son travail. Poursuivant : « Venir y jouer avait un goût différent, une sorte d'aura magique. Elle était meublée de tapis kilim (tissage de laine ras) et gabbeh (à laine plus épaisse), ainsi que de quelques coussins pour s'asseoir et se prélasser en jouant d'un instrument de musique ou en fumant la chicha. » Des années plus tard, en revisitant l'ancienne demeure familiale, l'artiste, qui a aujourd'hui installé son studio à Dubaï, redécouvre les motifs simples, voire rudimentaires, des gabbehs, ces tapis tissés par les membres de sa tribu. Des tapis qui, contrairement aux traditionnels tapis persans richement ornementés, se limitent à un graphisme élémentaire reproduisant les éléments du paysage et de la nature environnante: le ciel, le soleil, certaines figures animalières ou encore la montagne...

Justement, ce dessin de montagne sera un peu sa Madeleine de Proust. Bakhtiari fera de cette forme triangulaire l'axe central de son art, le motif récurrent de toute la collection de tapis-tapisseries qu'il a conçue et baptisée Pond House. Un motif triangulaire repris comme un leitmotiv, toujours le même et à chaque fois différent... Et qui varie en fonction de ses contours, de ses couleurs, des dimensions du tapis ou encore des techniques utilisées, pour évoquer tantôt une montagne, tantôt un cône, ou encore... un cèdre. Mais aussi, tout simplement, une harmonieuse figure abstraite propice à la contemplation.
Tout un art ancestral, un artisanat tribal réinventé en tapisseries murales d'une belle modernité à découvrir jusqu'au 10 juillet.

 

*Route côtière, Bourj-Hammoud, imm. D-Beirut, 1er étage.

Issu d'une vieille famille, plus précisément d'une tribu de tisserands iraniens, Taher Asad-Bakhtiari est un artiste singulier, aussi attaché aux traditions qu'à leur réinvention. Et pour cause. Cet artiste trentenaire, autodidacte, axe son travail autour de l'expérimentation des techniques de tissage ancestrales qu'il reprend, cependant, dans des objets et des compositions à usages...

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