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Économie - Liban - Consommation

La hausse du prix des aliments reste modérée pendant le ramadan

Si cette année encore les prix de certains produits de base ont augmenté pendant la première semaine du jeûne, cette tendance doit être relativisée par la baisse globale des prix qui l'a précédée.

Lancé dans les années 2000 par le ministère de l’Économie et du Commerce, l’indice fattouche mesure l’évolution des prix à la consommation pendant le ramadan.

Cette année encore, le mois du ramadan rime avec augmentation du prix des aliments. L'indice « fattouche » publié par le ministère de l'Économie et du Commerce marque ainsi une hausse de 3,18 % à l'issue de la première semaine du jeûne (du 6 au 13 juin) par rapport à sa période de référence. Il avait déjà connu une augmentation de 0,84 % lors du premier jour du ramadan, le 6 juin.

Lancé dans les années 2000 pour surveiller l'évolution des prix à la consommation pendant cette fête religieuse, l'indice fattouche mesure celui des ingrédients de la célèbre salade de crudités libanaise. La valeur de l'indice est calculée à partir de la moyenne pondérée des prix de ces ingrédients et son évolution est mesurée par rapport à un niveau de base qui correspond à celle de ses composantes un mois avant le début du ramadan – entre le 3 mai au 5 juin cette année.

« Moins douloureuse »
« L'indice se base sur les prix de plus d'une soixantaine d'enseignes, dont une dizaine de chaînes de supermarchés répartis dans toutes les régions du Liban », explique Rola Awad, économiste au sein du département du ministère de l'Économie chargé de le publier. Plus en détail, le prix des concombres affiche la hausse la plus importante au niveau national (+13,27 %), alors que celui des oignons enregistre la plus forte baisse (-5,94 %). Les prix du pain, du sel, du sumac et de l'huile d'olive n'ont de leur côté pas évolué. « Seul le prix du sel pourrait éventuellement augmenter d'ici au début juillet », ajoute Mme Awad, en notant que le prix des tomates augmente de 4,37 %, pendant que celui de la laitue bondit de 13,09 %.

À première vue, l'évolution de l'indice fattouche lors de la première semaine du ramadan est plus importante cette année que celle constatée sur la période correspondante il y a un an (+0,75 % entre le 17 et le 22 juin 2015). « Les prix de ces denrées étaient moins élevés il y a un an, la facture pour le consommateur est donc moins douloureuse que l'évolution de l'indice laisse supposer », relativise néanmoins Mme Awad. Une analyse confirmée par l'évolution du sous-indice mesurant la valeur totale du panier d'ingrédients pris en compte par le ministère de l'Économie, et qui était près de 2 % moins élevé à la veille du ramadan cette année qu'il ne l'était à la même période en 2015.

« La hausse constatée cette année reste maîtrisée », analyse de son côté le président de l'Association des commerçants de Beyrouth (ACB), Nicolas Chammas, avant de souligner « que les prix des aliments augmentent toujours au début du ramadan avant de repartir à la baisse quelques jours plus tard ». En 2015, l'indice fattouche avait effectivement reculé lors de la deuxième semaine du jeûne (-0,52 % entre le 22 et le 29 juin 2015), avant de repartir à la hausse (+1,39 % entre le 29 juin et le 6 juillet 2015). Les différences de fluctuations d'un aliment à un autre s'expliquent quant à elles par leur importance dans la composition des plats habituellement cuisinés pendant le ramadan. « Le citron (dont le prix a augmenté de 9,66 % selon l'indice fattouche) est utilisé dans presque tous les plats préparés pendant cette période », expose Houssam el-Alti, un grossiste en fruits et légumes dans la région de Saïda.

Pas de disparités confessionnelles
Enfin, si l'indice fattouche ne propose pas de cartographie permettant de visualiser les différences de fluctuations d'un coin du pays à l'autre, Mme Awad assure qu'il n'y a « pas de disparités majeures » entre les régions à majorité chrétienne ou musulmane. Même constat du côté de Nada Nehmé, la responsable du contrôle des prix et de la sécurité alimentaire de l'Association de protection des consommateurs (APC), qui étudie tous les jours les évolutions des prix de 160 produits dans près de 200 enseignes réparties entre Beyrouth et le Mont-Liban. « Le niveau des prix et l'amplitude de leur évolution pendant le ramadan dépendent plus du niveau de vie que de la répartition confessionnelle », confirme Mme Nehmé.

Il reste que l'indice fattouche ne permet pas d'appréhender les évolutions des prix de toutes les denrées alimentaires pendant le jeûne. « Le prix du poulet a augmenté de 30 % simplement parce que les consommateurs se ruent dessus dès les premiers jours du ramadan », souligne ainsi Mme Nehmé. Une limite liée au manque de moyens affectés au service de la protection du consommateur, comme le suggère son directeur, Tarek Younès, dont le service participe à la collecte d'une partie des données. « Nous ne disposons que d'un peu plus de 130 agents pour couvrir tout le Liban, et cette mission – le contrôle des prix des aliments – n'est que l'une des multiples tâches que le ministère nous confie », note-t-il.

Enfin, quelle que soit son amplitude, cette hausse des prix tombe à pic pour des agriculteurs. « Les producteurs de fruits et de légumes accumulent les pertes depuis la fermeture du poste-frontière syro-jordanien de Nassib en avril 2015, en marge du conflit syrien, qui a pénalisé leurs exportations vers les pays du Golfe », rappelle le président de l'Association des agriculteurs (AA), Antoine Hoyek. Selon les douanes, les exportations agricoles ont diminué de plus de 25 % entre 2014 et 2015, à 437 000 tonnes. « Cette année, le mois du ramadan coïncide en plus avec la saison des récoltes de certains fruits et légumes (roquettes, oignons ou encore cerises), qu'ils pourront écouler aussitôt, à un prix parfois plus élevé », se réjouit encore M. Hoyek. « Si le prix de la caisse de citron (5 à 10 kg) est passé du simple au double entre le 5 et le 6 juin chez la plupart des légumiers dans le sud du pays, son prix reste cependant en dessous de son coût de production », déplore toutefois M. Alti.

 

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commentaires (4)

Quid de la soupe aux äâdâsss ou aux lentilles ? Yâ hassirtîîîh !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

16 h 19, le 16 juin 2016

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Commentaires (4)

  • Quid de la soupe aux äâdâsss ou aux lentilles ? Yâ hassirtîîîh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 19, le 16 juin 2016

  • DU HOMMOS ET DE LA MAKHLOUTA QU,EN EST-IL ? QU,ILS PARLENT D,UN PANIER PLEIN ET NON DE RIGOLADES COMME CELLE DU FATTOUCH...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 13, le 16 juin 2016

  • Quid de l'indice "Pigeon" libanais ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 27, le 16 juin 2016

  • "L'Indice Fattoûche" ! C'est la meilleure ! Il faut être au Liban pour voir ça ! Pourquoi pas Tabboûléh, alors ? Äâââl "Fattoûche", äâââl ! Pourquoi pas bahhéSS ou Cailloux alors ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 24, le 16 juin 2016

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