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Diaspora - Afrique du Sud

« Passeport n° 10 452 » ou l’histoire d’un passeport condamné à l’exil

Après son succès à Montréal, Beyrouth et Athènes, Betty Taoutel joue sa pièce au théâtre de la Place Nelson Mandela à Johannesburg.

L’équipe au complet avec Myriam et Ara Khatchadourian.

Et de quatre pour Passeport n° 10452, devenue la pièce maîtresse à ne pas manquer, dédiée à la diaspora libanaise.
Le 17 avril, le théâtre de la Place Mandela fait salle comble pour une représentation unique. Venus des quatre coins d'Afrique du Sud, de Johannesburg, de Pretoria, des banlieues éloignées de la capitale, après avoir conduit de longues heures, certains avaient même pris l'avion en provenance du Cap, la ville la plus australe du continent africain.
Partir ou Rester? Le dilemme de maintes familles libanaises est abordé avec beaucoup d'humour, de malice et de sincérité. En référence au synopsis de la pièce, «c'est l'histoire d'une maman qui culpabilise et réalise d'un coup qu'elle n'a rien fait pour assurer un avenir meilleur à son fils qui grandit dans un Liban instable: attentats, tensions politiques, grèves et conflits perpétuels entre les différentes factions politiques et religieuses. Tenter sa chance à Montréal dans le but d'obtenir ce passeport tant convoité? Quitter la terre natale pour se sentir en sécurité et assurer celle de ses enfants?».
En effet, l'on sait que la diaspora libanaise est nombreuse et dispersée. En Afrique du Sud, la présence libanaise est centenaire, elle remonte à la fin du XIXe siècle et elle est estimée entre 25000 et 30000 ressortissants. Si la langue du pays d'origine s'est souvent perdue au fil des générations, certains ont continué à la pratiquer. Ce sont ces Libanais avides d'entendre leur langue maternelle qui se sont retrouvés pour assister à Passeport n° 10452.
Le chargé d'affaires près l'ambassade du Liban en Afrique du Sud, Ara Khatchadourian, a salué le dévouement des Libanais. « Je remercie les membres de la communauté qui ont déployé tous leurs efforts en coordination avec l'ambassade pour mener à bien ce projet. Nous sommes très reconnaissants de pouvoir ramener en Afrique du Sud, un pays qui est si loin, des talents exceptionnels et indéniables du Liban. Passeport n° 10452, de l'actrice, auteure et dramaturge Betty Taoutel, est une belle prise de conscience non seulement de l'émigration de la jeunesse libanaise, mais surtout de l'attachement que les Libanais ont pour leur pays.»

Une émotion intense
Dès les premières répliques, les 200 spectateurs frémissent. Rires et applaudissements fusent. L'éclairage laisse apparaître des larmes aux yeux. Betty Taoutel a su remuer le sentiment d'appartenance de ces Libanais qui ont pris la décision de quitter le pays du Cèdre à la recherche d'un avenir meilleur.
Son partenaire de scène, Hagop Der Ghoughassian, metteur en scène, acteur,
enseignant et éclairagiste, joue le rôle du mari ordinaire qui veut être tranquille devant sa télé après une longue et fatigante journée. Il n'aime pas les discussions ni prendre des risques. Il est bien dans sa vie au Liban. Ensemble, ils forment un duo qui nous fait passer du rire aux larmes avec subtilité. Beaucoup s'y reconnaîtront.
Une pièce interprétée en majorité en arabe dialectal libanais avec des passages d'archives et séquences audiovisuelles sous-titrées en anglais.
Trois techniciens à la précieuse et indispensable collaboration opèrent au son, à l'éclairage et aux séquences audiovisuelles.
C'est la finale. La salle entière est en ovation. Betty Taoutel, Hagop Der Ghoughassian et leur équipe ont conquis le cœur des Libanais d'Afrique du Sud. Sur scène et dans la salle, les cœurs ont vibré.
Betty Taoutel laisse échapper des larmes, celles qu'elle avait arrachées à son public. « Ce soir-là, confie-t-elle, nous avions dépassé mon équipe et moi l'apogée de la communication théâtrale: Passeport
n° 10 452 en Afrique du Sud fut une véritable communion avec le public de la communauté libanaise. Un public simple, accueillant, aimable, bienveillant et surtout... attachant. »

Une pièce « faite pour être itinérante »
Depuis 2013, l'année de la première représentation au Festival du monde arabe de Montréal, la pièce a traversé quatre continents. Avec succès à Beyrouth en 2014 et 2015, à Athènes en 2014, et à Johannesburg en 2016.
Un lit, une table de chevet, un sofa pour deux, une porte et le décor est planté. Une pièce pensée pour être itinérante. À mettre dans la valise. Prête pour embarquement.
Inlassable Betty. Elle a compris que l'exil rapproche autant qu'il éloigne. Le lien au pays cependant persiste. Son souhait demeure encore plus persistant: «Transporter amoureusement, à travers mes pièces, ce pays qu'ils (les Libanais) portent toujours dans leur cœur.»
Parcourir le globe et être en «communion» avec les communautés libanaises d'ici et d'ailleurs. Un vœu cher à Betty. Que les portes s'ouvrent et que la tournée de Passeport n° 10452 puisse atteindre les quatre coins de la diaspora!

Et de quatre pour Passeport n° 10452, devenue la pièce maîtresse à ne pas manquer, dédiée à la diaspora libanaise.Le 17 avril, le théâtre de la Place Mandela fait salle comble pour une représentation unique. Venus des quatre coins d'Afrique du Sud, de Johannesburg, de Pretoria, des banlieues éloignées de la capitale, après avoir conduit de longues heures, certains avaient même pris...