Derbas : Le Liban n’a pas de passeports à vendre ou à louer

Le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, a opposé hier une fin de non-recevoir aux appels internationaux invitant le Liban à envisager la naturalisation des réfugiés syriens. M. Derbas s'exprimait à l'ouverture, à Beyrouth, du Forum d'aide à la Syrie pour l'urgence et la reconstruction.
« L'État libanais n'a pas de passeports à vendre ou louer et le peuple libanais n'a pas l'intention de dépouiller le peuple syrien de son identité », a déclaré M. Derbas, affirmant que « les deux peuples refusent l'implantation et veulent l'arrêt de la guerre ». « Nous sommes conscients que la Syrie va se relever, que son peuple va rentrer chez lui et que le Liban va servir de base pour la reconstruction du pays », a-t-il ajouté.
Dans une intervention lors du forum, la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Sigrid Kaag, a indiqué pour sa part que « les décisions liées à l'implantation des réfugiés syriens relèvent uniquement de l'État libanais ». Parmi les présents au forum se trouvait également le commissaire européen chargé de l'aide humanitaire et de la gestion des crises, Christos Stylianidès, ainsi que plusieurs ambassadeurs et personnalités politiques libanaises.
« Les pays qui accueillent les réfugiés, dont le Liban, ont fait plus que leur devoir. La croissance économique au Liban, qui était de 9 % en 2010, est aujourd'hui négative. Nous avons presque perdu le tracé de nos frontières géographiques et notre infrastructure a été usée en deux ans. Notre économie a perdu plus de 20 milliards de dollars », a révélé M. Derbas. « Le Liban et les pays de la région reprochent aux Nations unies les dialogues infructueux menés en Syrie et au Yémen ainsi que l'incapacité du Conseil de sécurité à prendre des décisions », a-t-il souligné.

La solution politique
« La meilleure chose à faire est de trouver une solution politique pour mettre fin à cette souffrance. L'Union européenne appuie pleinement l'envoyé spécial du secrétaire général de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, à ce sujet », a indiqué pour sa part Christos Stylianidès.
« Les aides humanitaires ne suffisent pas. Nous avons besoin d'une solution qui traitera tous les aspects de cette crise et pourvoira aux besoins sur le long terme tels que l'éducation », a-t-il fait valoir.
Mme Kaag a en outre indiqué que « 1,3 milliard de dollars ont été investis pour préserver la stabilité et la sécurité du Liban ». « Ces investissements vont continuer à être fournis et sont importants afin de garantir la stabilité du Liban. Cet appui intervient au moment où le pays souffre d'une situation politique fragile », a-t-elle dit. Elle a par ailleurs considéré que la réunion de l'Assemblée générale de l'Onu sur les mouvements de grande ampleur de réfugiés et de migrants, qui se tiendra le 19 septembre à New York, sera une occasion pour le Liban d'expliquer sa position et de pousser la communauté internationale à continuer à lui fournir ce dont il a besoin pour préserver sa sécurité.