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Économie - Liban - Conférence

Le Liban est-il prêt pour un essor de ses marchés de capitaux ?

Le gouverneur de la Banque centrale a annoncé hier à la conférence Euromoney une privatisation de la Bourse de Beyrouth et l'ouverture de marchés secondaires d'ici à la fin de l'année.

La conférence a rassemblé près de 400 participants, pour la plupart convaincus de la nécessité de privatiser la Bourse de Beyrouth. Photo DR

Pour la deuxième édition libanaise de sa conférence, organisée hier à l'hôtel Phoenicia, le groupe de presse britannique Euromoney a choisi de consacrer une grande partie des débats au développement des marchés de capitaux dans le pays. « Près de 400 participants à cette édition – locaux et étrangers – veulent se faire une idée du potentiel de ce secteur au Liban et identifier les challenges qui lui restent à relever », explique à L'Orient-Le Jour Victoria Behn, la directrice d'Euromoney pour le Moyen-Orient et l'Afrique.

Un potentiel pour le moins inexploité compte tenu des carences d'une place boursière qui fêtera l'année prochaine ses 60 ans. Encore sous l'égide de l'État, la Bourse de Beyrouth est l'une des plus petites places du Moyen-Orient, avec seulement 10 sociétés cotées et une capitalisation bloquée à environ 11 milliards de dollars. Dès lors, la baisse de 5 % de son activité en 2015 – à 629 millions de dollars –, pour un volume de titres échangés qui s'est effondré de près 23 %, paraît quasiment indolore pour l'économie du pays.

 

(Pour mémoire : Léger rebond de l’activité économique au premier trimestre, selon Bank Audi)

 

 

Une bourse pour l'or
Or pour de nombreux intervenants à la conférence, le développement des marchés de capitaux au Liban permettrait de donner un coup de fouet à une économie qui tourne au ralenti depuis 2011 et dont la croissance devrait péniblement « atteindre 2 % cette année », comme l'a affirmé le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, dans son discours d'ouverture. Il offrirait notamment « une alternative à l'emprunt bancaire pour les sociétés souhaitant investir dans leur développement – en ouvrant leur capital – ainsi que la possibilité pour les entrepreneurs de limiter les frais liés à la création d'entreprise », comme l'a souligné Michel Aramouni, le directeur général adjoint à la Bank Audi, dans un panel consacré à cette thématique.

Mais la liste des obstacles au développement de ce secteur – telle qu'identifiée par les participants – est longue. Elle commence notamment par la nécessité d'adapter la législation afin d'entériner la privatisation de la BSE, qui patine depuis 2011, mais dont le déblocage pourrait être imminent. « Le gouvernement a décidé de privatiser la BSE dans le cadre d'une formule que nous avons élaborée et qui inclut également le lancement d'une seconde bourse électronique », a ainsi révélé M. Salamé. Conçue par l'Autorité des marchés de capitaux (AMC) – un organisme créé par la loi 161 du 17 août 2011 afin de réguler les marchés financiers et d'encourager leur développement –, cette nouvelle bourse devait à l'origine coexister avec la BSE avant de fusionner avec elle. Le gouverneur a estimé que la nouvelle formule « sera plus utile au marché libanais » que l'ancienne. Une source anonyme proche du dossier a toutefois confié à L'Orient-Le Jour que ce nouveau scénario était issu « d'un compromis entre le gouvernement, l'AMC et la BDL, afin d'accélérer le lancement de la bourse électronique imaginé en 2015, ce qui explique que cette décision n'a encore fait l'objet d'aucun décret ».

La nouvelle entité comprendra également une bourse pour les matières premières, notamment « un marché pour l'or », ce qui devrait attirer les investisseurs internationaux, selon M. Salamé. « Nous espérons un lancement d'ici à la fin de l'année », a-t-il ajouté, liant le retard dans la création de cette nouvelle bourse « à un délai lié à la prise de décision du gouvernement ». Il a toutefois assuré que « la BDL avait de son côté préparé tous les documents nécessaires à la privatisation de la BSE » et que « la situation pourra très vite évoluer dès que le gouvernement sera passé à l'étape suivante ».

L'un des membres du comité exécutif de l'AMC, Firas Safieddine, confie de son côté à L'Orient-Le Jour que « l'AMC et la BDL avaient demandé dans un courrier adressé il y a deux semaines au Premier ministre Tammam Salam, ainsi qu'aux ministères des Finances et de la Justice » d'accélérer la privatisation de la BSE. « Tous les textes encadrant le fonctionnement de toutes ses composantes sont prêts depuis des mois et ont été élaborés en coopération avec la Banque mondiale », a-t-il souligné.

 

(Pour mémoire : Hajj Hassan se livre à un réquisitoire tous azimuts contre la politique économique au Liban)

 

Frilosité des banques
Une fois mise en place, la nouvelle bourse contribuera, selon M. Salamé, « au développement de l'économie numérique, fournira de nouvelles opportunités pour les investisseurs (locaux et étrangers, membres ou non de la diaspora) et encouragera même des sociétés étrangères à intégrer » la BSE.

Mais la nécessité de mettre en place un cadre réglementaire n'est pas le seul prérequis pour favoriser le développement des marchés de capitaux au Liban qui devront nécessairement s'appuyer sur une conjoncture économique favorable. Un objectif qui n'est pas hors de portée pour le président de la Blom Bank, Saad Azhari, qui a affirmé dans un débat programmé pendant la conférence que « le PIB libanais a déjà atteint 8 % de croissance (comme en 2010) et pourra rééditer cet exploit si, par exemple, le feu vert est donné à la phase de reconstruction en Syrie ».

Un autre facteur réside dans la frilosité des banques « par rapport aux risques qu'il y a à investir dans les marchés de capitaux et aux conséquences possibles sur les niveaux de leurs dépôts, qui sont pourtant élevés », indique de son côté le directeur général de la BlomInvest Bank, Fadi Osseiran. « Les niveaux des dépôts des banques libanaises – ceux du secteur privé ont atteint 186 milliards de dollars en 2015 – sont 1,5 fois supérieurs à ceux hébergés par les banques grecques », souligne ainsi le directeur général de la Bank Audi, Samir Hanna.

À ces conditions de volonté et de capacité, s'ajoute enfin un « problème de culture », comme le précise à L'Orient-Le Jour le coordinateur de l'Institut pour la finance et la gouvernance, Hadi Assaad. « Le développement des marchés de capitaux au Liban ne pourra pas se faire sans que les entrepreneurs libanais n'intègrent les pratiques de bonne gouvernance et de transparence fiscale... »

 

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Pour la deuxième édition libanaise de sa conférence, organisée hier à l'hôtel Phoenicia, le groupe de presse britannique Euromoney a choisi de consacrer une grande partie des débats au développement des marchés de capitaux dans le pays. « Près de 400 participants à cette édition – locaux et étrangers – veulent se faire une idée du potentiel de ce secteur au Liban et identifier...

commentaires (2)

ON VEUT ENTRAINER LES BANQUES LIBANAISES A JETER LEURS CLIENTS DANS LA SPECULATION CATASTROPHIQUE... OU LES GRANDES MAISONS INTERNATIONALES D,APPARTENANCE VOISINE Y METTRAIENT LA MAIN SUR TOUT...

MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

16 h 23, le 01 juin 2016

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Commentaires (2)

  • ON VEUT ENTRAINER LES BANQUES LIBANAISES A JETER LEURS CLIENTS DANS LA SPECULATION CATASTROPHIQUE... OU LES GRANDES MAISONS INTERNATIONALES D,APPARTENANCE VOISINE Y METTRAIENT LA MAIN SUR TOUT...

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    16 h 23, le 01 juin 2016

  • un conseil ne rentrer pas trop dans la speculation, ou alors limiter les dégâts en creant un organisme régulant les marches pour les gestionnaires de portefeuille et une sorte d'AMF autorité des marches financiers pour proteger les investisseurs!!

    Bery tus

    05 h 51, le 01 juin 2016

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