Député grec-orthodoxe de Tripoli, Robert Fadel a annoncé hier sa démission du Parlement et en a informé le président de la Chambre, Nabih Berry, et le chef du courant du Futur, Saad Hariri, qui lui ont demandé, en vain, de revenir sur sa décision.
Dans un communiqué qu'il a fait paraître en soirée, M. Fadel a souligné qu'il ne peut exercer sa fonction de député « aux dépens d'un peuple devenu misérable », avant de détailler les motifs de sa démarche. La raison principale de sa démission est certes liée aux municipales de Tripoli, mais elle est surtout, telle qu'il l'explique, le résultat de frustrations et de déceptions accumulées.
Le député démissionnaire a d'abord réaffirmé son « attachement au pluralisme, au vivre-ensemble et à l'équilibre entre les différentes composantes du pays ». « Si l'un de ces éléments est ébranlé, la raison d'être du Liban disparaît », a-t-il commenté, en allusion aux premiers résultats des élections à Tripoli dont le conseil municipal sera monochrome si les chiffres préliminaires dévoilés se confirment.
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Il a rappelé son appui à Saad Hariri « à chaque fois que son symbolisme et sa modération étaient pris pour cible » ainsi que ses « avertissements contre une atteinte au duopole chrétiens-musulmans lors des échéances importantes ». Robert Fadel a ensuite expliqué que s'il avait participé à la mise en place d'une liste de coalition aux municipales de Tripoli, « c'est par peur qu'une bataille politique féroce ne fasse voler en éclats la représentation de toutes les composantes de la société tripolitaine ». M. Fadel s'est félicité de ce qu'une majorité d'électeurs n'a pas pratiqué le panachage, « ce qui n'était malheureusement pas suffisant pour éviter l'irréparable », à savoir que le conseil municipal élu ne comporte aucun chrétien ou alaouite.
Il a ensuite plaidé en faveur d'une nouvelle culture politique « fondée sur la responsabilité et la reddition des comptes ». « Ma participation à plusieurs séances du dialogue national m'a permis de m'assurer que les belligérants ne sont pas disposés à faire des concessions de nature à préserver le pays et son peuple », a-t-il soutenu, avant de souligner que ses efforts « déployés au niveau législatif pour aboutir à une loi électorale équitable, lutter contre la pauvreté ou régler la crise de l'électricité ont tous été accueillis avec hésitation et indifférence ». « Et c'est parce que mon mandat populaire est fondé sur la préservation des équilibres entre les différentes composantes du pays et parce que mon mandat parlementaire a été corrompu du fait des autoprolongations successives que je présente ma démission », a-t-il conclu.
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commentaires (12)
pas besoin de laïciser .. car on aura le meme pb mais sous un autre nom !! sauf qu'on peut n3adil dans le sens de reequilibrer et surtout de le pratiquer avec honnetete et franchise !!
Bery tus
20 h 34, le 31 mai 2016