À l'occasion de l'ouverture d'une boutique entièrement dédiée à la marque, située à la rue Foch, au cœur de Beyrouth, le PDG pose son regard aiguisé sur une marque de luxe qui porte l'empreinte de son héritage allemand: un savoir-faire horloger dont les mécanismes sophistiqués font le prestige de la maison. Tout en discrétion.
Fraîchement débarqué de Dubaï, débordé par un agenda réglé comme une horloge, Wilhelm Schmid apparaît sur les coups de 11 heures. Jovial et décontracté, l'allure élégante, toute en discrétion. Une même élégance aperçue à son poignet : le Dactograph Perpetual Tourbillon qui fait clairement sa fierté. Il en décrit, avec passion, le mécanisme dont l'assemblage s'accorde en parfaite harmonie. D'après lui, « seuls les connaisseurs peuvent identifier ce chef-d'œuvre », dont l'édition est limitée à 100 exemplaires. Le boîtier en platine de 41,4 mm de diamètre laisse apparaître une aiguille en or rhodié qui se promène sur le cadran noir. Le modèle allie 3 complications et 5 fonctions supplémentaires. Ainsi, sur un fond vert saphir, le tourbillon contrebalance les aléas liés au balancier, pour assurer un chronométrage parfait. Wilhem Schmid évoque également son parcours qui l'a mené de l'industrie du pétrole aux voitures BMW, pour finir dans l'univers des montres. Un heureux hasard, puisque bien avant de prendre en charge ce poste, il collectionnait déjà les montres comme on collectionne des œuvres d'art. Un point commun partagé par une grande partie de ses clients. «D'une certaine façon, confie-t-il, je me sens une personne privilégiée. J'ai deux passions dans la vie: les voitures et les montres.» Les montres Lange & Söhne sont, à leur manière, des œuvres d'art faites d'or et de platine, montées patiemment par des doigts habiles. «Chaque modèle requiert en moyenne deux ans et demi de travail, effectué manuellement. Sept ans sont parfois nécessaires pour les modèles les plus complexes.» Les détails esthétiques minutieusement gravés en font des pièces d'exception.
Il en est ainsi depuis 1945, lorsque Ferdinand Adolph Lange se lance dans l'horlogerie de précision en Saxe. Le mythe naît. Il évolue au gré de l'histoire et connaît une période de silence avant sa renaissance en 1990 et son ouverture au monde à partir de 1994. Lange & Söhne s'exporte bien: les mécanismes de la Lange1, la Zeitwerk et la Grand Complication, le garde-temps le plus complexe jamais construit par la marque, confirment sa renommée mondiale. «Sa recherche de la perfection jamais achevée lui permet sans cesse de se réinventer», affirme Wilhem Schmid.
Soixante boutiques existent à présent dans les principales métropoles du monde. En 2007, la maison installait son enseigne à Dresde, dans le premier magasin propre à la marque. En 2013, elle installait sa 10e boutique à Paris, rue de la Paix. Aujourd'hui, Beyrouth lui ouvre ses bras: les passionnés de la marque peuvent désormais contempler ses créations dans un espace aménagé pour accueillir ces fleurons de l'horlogerie. Pour le PDG, les objectifs ont beaucoup évolué. «Nous travaillons désormais sur la globalisation de la marque. L'Afrique représente un nouveau marché à conquérir.» L'enjeu est de taille, face à la compétition. Il s'agit de repousser les limites de la création tout en restant fidèle à ce qui fonde l'identité de la marque: «Ne jamais être complaisant, au risque de se perdre soi-même», souligne-t-il. Ce souci de la tradition, qui puise ses racines dans le savoir-faire saxon allemand, se matérialise d'abord à travers les valeurs incarnées par la maison. Maxime Lange avait ainsi un jour déclaré: «Il y a quelque chose qu'on devrait toujours exiger de sa montre, mais surtout de soi-même : ne jamais s'arrêter.»
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