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Liban - municipales

À Batroun, Bassil grand vainqueur... sans bataille

Pour le chef du Courant patriotique libre, ce scrutin est une étape naturelle dans le parcours de son parti.

Le chef du CPL déposant son bulletin de vote à Batroun. Photo Ani

Pour le quatrième et dernier round du scrutin municipal, la ville de Batroun était le théâtre d'une bataille opposant une liste appuyée par le nouveau chef du Courant patriotique libre (CPL), le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, à des candidats indépendants, même si les résultats étaient prévisibles dans le chef-lieu du caza faute de concurrence sérieuse. Si le scrutin s'est déroulé dans un climat calme, il a été malgré tout marqué par une polémique entre M. Bassil et le chef des Marada, le député Sleiman Frangié.

À Batroun, village natal de M. Bassil, et en dépit de l'échec des négociations entre le CPL et les FL, plus de 48,5 % des électeurs ont pris part au scrutin pour « remercier Gebran Bassil » du soin qu'il accorde à la localité. Interrogés sur place, plusieurs électeurs ont fait état à L'Orient-Le Jour de leur « soutien » à M. Bassil.
« La majorité des électeurs est avec la liste soutenue par Gebran Bassil parce qu'ils l'aiment du fait de sa grande contribution au développement de la ville », déclare Tony. À son tour, Assaad estime que « l'orientation politique de Batroun est connue et elle ne fait que l'affirmer aujourd'hui (hier) ». « J'espère que la liste de Marcelino Hark (soutenue par le CPL) l'emportera, surtout que les choix des électeurs peuvent être tributaires des relations personnelles des candidats et des services que ces derniers pourraient rendre à la masse électorale », a encore indiqué Adèle, femme au foyer. « Gebran Bassil a prouvé aujourd'hui qu'il est le leader incontournable de Batroun », a souligné un jeune homme interrogé dans un bureau de vote.

Interrogé par L'OLJ après avoir déposé son bulletin de vote, le président sortant du conseil municipal Marcelino Hark, qui brigue un quatrième mandat, a estimé que « cette année Batroun témoigne d'un scrutin municipal calme, beaucoup plus facile que celui de 2010 ». « Le conseil municipal sortant a acquis de l'expertise et de l'expérience qu'il investira au profit des habitants de Batroun durant les six prochaines années », a-t-il ajouté, avant de poursuivre : « Je souhaite la victoire de ma liste et j'affirme que Batroun vit aujourd'hui des élections municipales et non pas une bataille électorale. »
Ce dernier point est confirmé par le candidat sur la liste de M. Hark, Estéphan Estéphan. Selon lui, « dans le chef-lieu du caza du Batroun, il ne s'agit pas d'une bataille, mais d'une compétition pour le bien de la ville ». « Batroun est un espace de paix et de convivialité, ce qui explique le climat calme de la journée électorale », a encore dit M. Estéphan avant de souligner que sa liste « est majoritairement formée de jeunes, porteurs d'un projet de développement de la ville, que le nouveau chef du CPL a voulu soutenir ».


(Voir aussi : Municipales 2016 : le scrutin au Liban-Nord et au Akkar, en images)

 

Bassil : « Possible alliance CPL-FL »
Avant de déposer son bulletin de vote, Gebran Bassil a exhorté ses partisans à voter « parce que la ville a besoin de la voix de tous ». « Nous devons voter pour affirmer notre engagement envers Batroun durant les six prochaines années », a-t-il dit. M. Bassil a par ailleurs salué « les efforts des jeunes du CPL qui bâtissent aujourd'hui un début important pour l'avenir ».

Joint par L'OLJ, Gebran Bassil a commenté la journée électorale en se disant satisfait de ce scrutin « qui n'est autre qu'une étape naturelle dans notre parcours politique qui ne fait que s'améliorer ». Pour le nouveau chef du CPL, « c'est cette évolution continue qui nous a épargné les problèmes à Batroun ». M. Bassil n'a pas manqué, toutefois, de souligner que « nous voulons confirmer notre présence à Tannourine (grand fief du ministre des Télécoms Boutros Harb) pour mettre fin à la mentalité féodale, axée sur l'hégémonie d'une famille ou d'un notable dans une région quelconque du Liban, parce que c'est cette même mentalité totalement obsolète qui a entravé le développement du pays et la mise en place d'un projet politique à même d'atteindre cet objectif ». Prié de préciser les raisons derrière l'échec de sa formation à concrétiser l'accord de Meerab avec les FL dans un grand fief chrétien du Liban-Nord, M. Bassil s'est contenté de rappeler que « cette édition des élections municipales a ouvert la voie à des querelles interpartisanes. Pourquoi blâme-t-on alors deux rivaux historiques de ne pas s'entendre sur un plan micro, à savoir la municipalité de Batroun » ?
Commentant la thèse selon laquelle les municipales de 2016 sont un prélude aux législatives prévues en 2017, le chef du CPL a déclaré : « Ce scrutin nous a aidés à nous préparer aux prochaines législatives. » Il n'a pas manqué de révéler qu'un projet d'alliance entre le CPL et les FL lors des élections législatives fait actuellement l'objet d'un débat entre les deux formations chrétiennes.

De son côté, le député Kataëb Samer Saadé s'est dit hier « désolé de voir l'activité politique atteindre un aussi bas niveau », tout en dénonçant « les menaces lancées contre les habitants pour des motifs électoraux ». « Si cela s'inscrit dans le cadre du changement et de la réforme, nous plongerons alors dans une obscurité atroce », a-t-il ajouté. M. Saadé, qui s'exprimait à l'issue d'une tournée dans les bureaux de vote, a souligné que sa formation s'est engagée à ne pas intervenir dans les élections municipales « car il s'agit d'une bataille placée sous le signe du développement par excellence ». Et le député de poursuivre : « Les conseils municipaux peuvent intégrer tous ceux qui veulent servir et développer leurs régions. »

Les indépendants sont là aussi
En dépit d'une forte présence dans la ville de Batroun, le courant aouniste et la liste complète conduite par Marcelino Hark qu'il soutient n'ont pas pu célébrer une victoire d'office. Ils ont dû faire face à sept indépendants désirant « servir la ville » au sein du conseil municipal formé de 18 sièges. Face à cet éventail de choix, certains électeurs ont confié avoir eu recours au panachage. « J'ai opté pour ce choix parce qu'il y a des candidats que je ne connais pas », souligne Marie, rencontrée dans un bureau de vote. De son côté, Robin, un jeune homme interrogé près d'un autre bureau de vote, a fait savoir qu'il a fait usage du panachage car ses « amis » sont candidats des deux côtés.
Le candidat indépendant Michel Daghel a indiqué pour sa part à L'OLJ que « les habitants de Batroun ont participé aujourd'hui (hier) à une bataille démocratique ». « Je me suis porté candidat parce que je veux servir ma ville à l'intérieur du conseil municipal, loin des appartenances politiques, et je suis prêt à accepter les résultats », a encore dit M. Daghel.

 

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