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Liban - municipales

Dans le Koura, les affinités familiales l’emportent sur les batailles politiques

Dans le caza du Koura, hier, à l'exception de quelques villages, les listes ont été élues presque à l'unanimité. Rares sont les localités qui ont connu de rudes batailles, d'ordre familial par excellence.

M. Makari votant dans son village natal d’Enfeh. Photo Michel Sayegh

Dans de nombreuses localités du Koura, les partis politiques, plus particulièrement les Forces libanaises, ont laissé le libre choix à leurs partisans. Ce caza, qui compte 70 % de grecs-orthodoxes, a enregistré une seule rude bataille à Kfarakka, où une liste était soutenue par la coalition Courant patriotique libre-Forces libanaises, présidée par Élias Sassine, et une autre soutenue par le député du Koura Farid Makari, le Parti syrien national social (PSNS) et les Marada de Sleiman Frangié. Présidée par Philippe Farès, cette liste comptait également quatre membres proches des Forces libanaises.

Kfarakka devait élire un conseil municipal de quinze membres. La localité, qui compte 4 500 électeurs dont 3 000 se présentent généralement aux urnes, n'a plus de municipalité depuis trois ans et manque de projets de développement.
« La majorité des courants dans le village est de droite », souligne Émile Fayad, qui a toujours été un partisan des Forces libanaises, mais qui se présente sur la liste soutenue par M. Makari, les Marada et le PSNS. « Cette bataille est un mélange entre les affinités familiales et politiques », indique pour sa part Massaad Boulos, dont le frère est le chef de liste sur laquelle figure M. Fayad.
C'est le même son de cloche qu'on entend auprès de la liste opposée. Georges Matar, candidat de la liste FL-CPL, souligne de son côté : « Le village est majoritairement à droite. Il y aura beaucoup de panachage et ça se jouera à quelques voix près. »

C'est une ambiance bon enfant, malgré la rude bataille, qui régnait à l'entrée du bureau de vote. Certains s'accusaient mutuellement d'avoir ameuté les Libanais de la diaspora pour les pousser à rentrer au bercail et voter, prenant la Sainte Vierge et Jésus-Christ en témoins.

À Enfeh
C'est cette même ambiance bon enfant qui régnait aussi à Enfeh, sur le littoral, village de M. Makari. Ici, une liste complète de quinze membres était soutenue par le député du Koura, les FL, la Gauche démocratique, le PSNS et le Parti communiste libanais. Le CPL s'est retiré des élections et quatre indépendants se sont regroupés lors des dernières 48 heures sur une même liste.
« Nous avons tenté, jusqu'à la dernière minute, de parvenir à une liste regroupant tout le monde, en vain », indique à L'Orient-Le Jour M. Makari, soulignant que « les batailles municipales n'ont pas les mêmes enjeux que les batailles législatives. Dans certains villages, comme c'est le cas à Kfarakka, les alliés aux législatives sont des adversaires lors des municipales ».


(Voir aussi : Municipales 2016 : le scrutin au Liban-Nord et au Akkar, en images)

 

Les partis chrétiens qui ont gagné du terrain
La personne qui a encouragé la formation d'une liste incomplète constituée de quatre candidats indépendants à Enfeh est Dory Labaki, un homme d'affaire libanais, PDG d'une importante entreprise au Qatar.
Assis à l'ombre devant un étalage de fèves et de petits pois frais, quatre hommes discutent allègrement. Trois ont déjà voté pour la liste soutenue par M. Makari, alors que le quatrième, Georges Oueijane, ironise : « Moi, j'attends celui qui me donnera plus d'argent. Il fut un temps où je faisais partie du PSNS. J'avais des idées. J'avais même dressé un barrage et j'arrêtais les habitants de mon village. Je les faisais descendre de voiture. Nous avons protégé Enfeh quand il le fallait, et les Kataëb ont, eux aussi, fait de même. Les deux camps ont fait passer l'intérêt du village en premier. » Son camarade Georges Daaboul renchérit : « Le PSNS était fort au début de la guerre, avec le temps, ce sont les partis chrétiens, notamment les Forces libanaises, qui ont pris de l'ampleur. Moi, je les ai toujours soutenues. Je suis parti à Boston durant la guerre et je suis rentré il y a une dizaine d'années au village. »

Amioun, chef-lieu du caza, a livré aussi une bataille. Deux listes de quinze candidats se sont affrontées, l'une soutenue par le PSNS, le PCL et le CPL, et l'autre par les FL et la Gauche démocratique ; il faut bien sûr ajouter à tous ces partis le poids et les enjeux des familles de la localité. C'est à Amioun qu'il y avait peut-être le plus de femmes candidates aux municipales avec neuf sur trente candidats. Il faut noter également qu'uniquement deux candidats, Ghassan Karam et Rouweida Nabbout, l'un sur chaque liste, faisaient partie de l'ancien conseil municipal.
À Kosba, où le ministre de l'Information Ramzi Jreige et l'ancien ministre Fayez Ghosn ont voté, une bataille politico-familiale a été livrée. Le taux de participation dans les villages du Koura a varié entre 30 et 90 % selon les localités.

 

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