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Liban - La situation

Un quatrième et dernier dimanche de fièvre municipale

L'électorat chrétien, locomotive de la démocratie au Liban.

À Enfé, Farid Makari présente sa liste.

Mois de mai, mois des municipalités. À la veille d'un quatrième et dernier dimanche d'élections municipales, cette fois au Liban-Nord, la fièvre électorale était hier à son comble dans certaines circonscriptions majeures, comme Batroun et Tannourine, Kobeyate, Bécharré ou Tripoli. Tout se passe comme si les municipalités étaient des substituts aux législatives et que les Libanais avaient pris goût à ce jeu si élémentaire dont ils sont privés. Ce jeu qui leur dit qu'ils sont capables de changement, qu'un scrutin municipal et un scrutin législatif ont quelque chose en commun : le mot scrutin, c'est-à-dire le mot liberté de choix, le mot effort pour faire la différence, pour prendre son destin en main.

La soif de démocratie que reflète la véritable prise d'assaut des municipales fait, d'une certaine manière, honneur au dynamisme de la population. Ainsi, les habitants de Jdita ont manifesté hier contre une annulation du scrutin municipal dans leur village, qui devait par la suite être autorisé par le ministère de l'Intérieur. Parallèlement et conformément à une décision du Conseil d'État, M. Machnouk a rétabli l'organisation du scrutin à Tourza (Bécharré), après l'avoir d'abord annulé.

Commentant l'actualité politique et l'inauguration d'une troisième année de vacance présidentielle, le président sortant Michel Sleiman a rendu hommage hier aux aspirations démocratiques des Libanais, notant « qu'il y a quelque chose de proprement honteux à rétrograder sur le plan de la démocratie, quand des peuples versent leur sang autour de nous pour la démocratie et l'alternance au pouvoir ». M. Sleiman notait aussi qu'il est impensable de mettre au point une nouvelle loi électorale en l'absence d'un chef de l'État, ce dernier ayant seul le droit de renvoyer des lois pour un surcroît de débat, ce qui ouvrirait la voie à un recours en invalidation devant le Conseil constitutionnel. Enfin, M. Sleiman notait que « donner la préséance à la loi électorale sur l'élection d'un chef de l'État serait prendre le chemin de la constituante ».

Le souci démocratique de l'ancien chef d'État rejoint celui d'un observateur de la scène locale qui relève que « les batailles de demain s'ajouteront à celles des trois derniers dimanches pour montrer que les véritables batailles ont lieu dans les régions chrétiennes » et que « c'est dans ces régions qu'il y a visiblement le plus de démocratie et de liberté ».

« À chaque échéance municipale, ajoute la source citée, les électeurs chrétiens ont montré qu'ils sont viscéralement hostiles à l'existence d'un parti ou d'un tandem hégémonique et préfèrent la diversité et le cachet local. Sans eux, les élections se résumeraient soit à des ententes mornes et conclues sans vraiment permettre à la base populaire de s'exprimer, soit à des duels sans merci à coloration confessionnelle. »

« En d'autres termes, enchaîne l'observateur cité, sans l'électorat chrétien, le Liban ressemblerait à tous les autres pays de la région. Il serait soit pris en otage par un système totalitaire, soit régi par le chaos confessionnel basé sur des rancœurs ancestrales. La première conclusion que tirent les deux grandes composantes du pays, à savoir les sunnites et les chiites, c'est l'importance de la présence chrétienne au Liban et son rôle non seulement au sein de l'État mais dans la dynamique du pays. »

« C'est donc aux chrétiens d'en tirer les conclusions et de définir leur rôle ou de le réinventer, conclut la source citée. Les chrétiens sont considérés comme ayant été à l'origine de la création du Liban. Ils sont désormais la raison de sa survie. C'est une grande responsabilité qu'ils doivent assumer par le biais d'un projet national pour l'État et ses institutions qu'ils présenteront comme une planche de salut pour les autres communautés. »

Cela dit, et bien que la région soit encore en pleine tourmente et qu'une troisième année de vacance présidentielle soit entamée, la rumeur qu'une éclaircie est en vue a rayonné hier dans la morosité ambiante. Certes, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prévoit une saison tourmentée d'ici à novembre 2016, date de l'élection présidentielle américaine, mais comme à rebours de ce sombre pronostic, des sources parlent d'une détente sur le plan de la présidentielle. Une détente qui aurait été rendue possible par des initiatives sortant des sentiers battus, et dont la France surtout, mais d'autres pays aussi, se serait fait les relais. Le règlement inespéré devrait se préciser dans les prochains mois, croient savoir les observateurs, en tout cas avant la présidentielle américaine. Sinon, le marasme serait appelé à se prolonger jusqu'au printemps prochain.

 

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commentaires (7)

"Fièvre" ? MALHEUR, oui !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

16 h 18, le 29 mai 2016

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • "Fièvre" ? MALHEUR, oui !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 18, le 29 mai 2016

  • FORMATIONS... PARTIS ET FAMILLES... D,HIER, D,AUJOURD,HUI ET DE DEMAIN : AKHADOU IL LATTA... AKALOU IL BATTA... EMTEN IL LABTA ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 48, le 29 mai 2016

  • Plutôt une fièvre effroyable, qu'une "fièvre" pareille sans fin !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 11, le 28 mai 2016

  • Le Nord n'intéresse que par son scrutin musulman sunnite . Non pas que les chrétiens n'auraient rien à dire , loin de là cette idée , mais on pourra voir la direction des choix des musulmans sunnites libanais qui restent malgré leur allégeance bensaoudique , très lucide devant ces troupeaux de chameaux . Les résultats les plus intéressants de toutes les autres élections en fait . Vivement Lundi matin .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 05, le 28 mai 2016

  • L'éloquence municipale. La photo ci-dessus montre un slogan d'une liste à Anfé "Liste de la reconnaissance". Auparavant, une liste à Jounieh s'était intitulée "Liste de la dignité". Comme si, Anfé avait vécu dans l'ingratitude envers qui que soit et que Jounieh avait vécu dans l'indignité la plus misérable.

    Un Libanais

    12 h 44, le 28 mai 2016

  • Toujours, c'est la Tendre Mère ! " La France est en quelque sorte, la marraine du Liban. A travers les vicissitudes de la pensée internationale au Proche-Orient, elle a constamment témoigné de l'identité libanaise." Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères.

    Un Libanais

    12 h 32, le 28 mai 2016

  • LA LATTA... LA BATTA... LA LABTA...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 55, le 28 mai 2016

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