On aura beaucoup parlé du barrage de Janné hier, avant la séance du Conseil des ministres. Toutefois, le sujet ne sera abordé que la semaine prochaine. Le ministre Nabil de Freige, qui s'apprêtait à distribuer une étude qui met en avant les arguments contre la construction du barrage, a confirmé à L'Orient-Le Jour que le débat sur les articles de l'ordre du jour a pris trop de temps pour que vienne le tour de l'article 48, portant sur Janné.
Ce qui n'a pas empêché le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, un ardent défenseur du projet, de déclarer à sa sortie que « personne ne devrait perdre son temps, puisque rien n'arrêtera la construction de Janné ». Ce à quoi M. de Freige a répondu, interrogé par la presse, que « ce sont des propos miliciens ». « Pourquoi refusent-ils tout simplement le débat ? » ajoute-t-il.
C'est aussi la question que se pose le militant Raja Noujaim, représentant de l'Association pour la protection du patrimoine libanais (APPL), en soutenant que tous les arguments contre ce projet existent. Il souligne cependant que les travaux sur le site devraient s'arrêter aujourd'hui par ordre du mohafez du Mont-Liban, Fouad Fleifel. L'OLJ a pu consulter une copie signée par lui de la lettre du ministre de l'Environnement, mais sans confirmer l'information de sa part.
Paul Abi Rached, président du Mouvement écologique libanais (LEM), qui organisait, avec d'autres associations, un sit-in au même moment que le Conseil des ministres, rappelle pourquoi les détracteurs du barrage s'opposent à sa construction. « La dernière étude en date du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) a bien montré le danger d'un barrage haut de 160 mètres dans une zone traversée par trois failles géologiques, sans compter que d'autres études prouvent qu'il ne sera pas apte à stocker de l'eau en raison de la nature du sol », dit-il. Il constate que « les parties qui veulent le barrage tentent de détruire le site à tout prix, afin que plus personne ne leur impose d'arrêter les travaux, mais nous leur rétorquons que nous ne pouvons permettre l'édification de cet ouvrage en raison des risques qu'il représente ».
Pour Raja Noujaim, qui était également présent au sit-in, un nouveau pas doit être franchi. « Nous présentons une plainte contre X auprès du parquet du Mont-Liban, fondée sur les preuves de falsification que nous détenons dans ce dossier », dit-il à L'OLJ.
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Aux calendes Perses ?
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
22 h 09, le 27 mai 2016