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Culture - Beirut Design Week

Pour que chacun se réapproprie ce Beyrouth qu’il aime et hait à la fois...

Dans « Retrieving Beirut », Donna Feghali, architecte d'intérieur de profession, valorise les initiatives personnelles de onze artistes et créateurs de tous horizons. À travers différentes installations exposées jusqu' au 29 mai à Jisr el-Wati, ces artistes proposent de se réapproprier la ville, modelée par ses recoins et ses paradoxes.

L’architecte Youssef Haïdar devant son œuvre.

On croirait entendre le Petit Prince de Saint Exupéry nous murmurer doucement à l'oreille : « Redessine-moi Beyrouth. » Un petit prince d'Orient qui s'exprime en arabe, en anglais et en français dans l'espace désaffecté d'une capitale qui se veut recyclée, en cette soirée de lancement de Retrieving Beirut, initiative signée Donna Feghali dans le cadre de la Beirut Design Week.

L'architecte d'intérieur de profession, alias Noir Clair, entreprend de faire redécouvrir Beyrouth à travers les mains et les yeux d'artistes engagés, novateurs et inspirés. En tout, onze créateurs – architectes, designers, artisans, monteurs de sons ou producteurs locaux – exposent leurs démarches dans un esprit collaboratif. Beyrouth se laisse apercevoir sous des formes et des motifs renouvelés. Le festival se déroule au cœur de
K-Timber Warehouse, un dépôt de bois situé à Jisr el-Wati. En tout et pour tout, les exposants n'ont eu que 4 jours pour installer. À l'entrée, s'entassent encore de longues planches de bois : leur horizontalité tranche avec la verticalité des immeubles venus s'imposer dans le quartier au cours des trois dernières années. Ils offrent à voir un horizon massacré, en démolissant peu à peu ces usines désaffectées, transformées en espaces artistiques. Dans la diversité des ateliers temporaires transparaît le projet qui réunit ces artistes engagés : réinventer la capitale, se la réapproprier, empêcher surtout une architecture sauvage de se décomposer en masses informes qui asphyxient le charme de l'ancienne Beyrouth.

Donna Feghali est une passionnée de la ville. Lorsqu'elle a commencé il y a six ans à se plonger dans son histoire, l'envie lui est née d'utiliser l'art comme médium afin de toucher et d'éveiller la curiosité. Son énergie la pousse à encourager et inspirer, afin que chacun, artiste ou citoyen, visiteur ou promeneur, s'exprime et se réapproprie une ville qui lui est devenue étrangère.

Violence passive
Ce voyage dans le temps et dans l'espace beyrouthin débute dans un couloir étroit, encadré d'épreuves panoramiques de la cité. Les détails morcelés révèlent davantage que la vue d'ensemble : ils se retrouvent dans les photographies floues et vaporeuses de Youssef Haïdar qui conte son (dés)amour de la ville, qui consume et émerveille ses visiteurs éprouvés. Dans tout le hangar, la composition sonore d'Anthony Sahyoun, enregistrée dans les rues de Beyrouth, résonne et accompagne les différentes installations. Au centre, une arche sculptée par Élie Moubarak invite le promeneur à matérialiser la transition entre les deux mondes qui font la ville, bruyante ou paisible, chaotique ou dansante, festive ou troublante. De l'autre côté, une réalité difficile attend le visiteur. Le court-métrage Samt de Chadi Aoun est projeté dans une salle exiguë ; on ne peut y entrer que masqué. Il oppresse et dérange. La violence passive et silencieuse se retrouve sur les parois trouées de l'installation des sœurs Mukhi.

Cependant, lorsque le visiteur s'approche, et promène ses mains sur les murs criblés, il découvre, derrière les impacts, une cascade de fleurs. Les paradoxes de Beyrouth ne peuvent être abordés par ses habitants que dans leurs détails les plus intimes. C'est l'impression finale que Karen Chekerdjian délivre dans Respiration, son essai visuel qui explore sa relation à la ville, urbaine et affective, dans laquelle chacun peut se reconnaître.
Si tout est voué à disparaître, les noms de ses objets font vivre les histoires de Beyrouth ; ils habitent un environnement étranger et s'intègrent parfaitement à lui. Une impression fugace sur un bâtiment bientôt détruit, que ces artistes ont su se réapproprier.

Mira TFAILY
Domitille COURTEMANCHE

 

*Le programme entier est disponible sur le site http://beirutdesignweek.org

 

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