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Liban - élections

Et puis soudain, à Jezzine, la troisième liste...

Ghazi Hélou, homme d'affaires accompli, avait déclaré la guerre au CPL et au général Michel Aoun, qui avaient refusé d'accorder la présidence du conseil municipal de la localité à un membre de sa famille.

Gebran Bassil, entouré du député élu Amal Abou Zeid et du député Ziad Assouad, dimanche soir, à Jezzine.

C'est comme un coup de grisou. Khalil Harfouche, président de la Fédération des municipalités de Jezzine, président sortant du conseil municipal de la bourgade et tête de liste de « Nous sommes tous Jezzine », la coalition née de l'entente entre le Courant patriotique libre (CPL), les Forces libanaises (FL) et l'ancien ministre Edmond Rizk, s'était endormi dimanche soir couvert de lauriers... Douche écossaise le lendemain, puisqu'il s'est réveillé ayant perdu la bataille à deux voix près seulement...
Ibrahim Azar, fils de l'ancien député Samir Azar, l'un des quatre candidats à la partielle législative de Jezzine, qui soutenait la liste adverse « Le développement d'abord » menée par le général Nader Abou Nader, a présenté un recours en invalidation, mettant en doute la validité des résultats d'une urne à Aïn-Majdelin.
Après un réexamen de l'urne en question, la commission électorale au Sérail de Jezzine a éliminé vingt-trois bulletins de vote, dont treize qui étaient en faveur de Khalil Harfouche. Ce dernier a donc fini par perdre la course au conseil municipal de la ville par une différence de deux voix, portant ainsi à quatre le nombre des candidats de la liste opposée ayant réussi à percer sa liste. Le régional CPL a présenté à son tour un recours en invalidation, contestant les résultats. Le dossier est désormais devant le Conseil d'État et le ministère de l'Intérieur.

 

(Lire aussi : Municipales : les infractions constatées au Liban-Sud et à Nabatiyé)

 

Que s'est-il donc passé ?
Mais que s'est-il passé lors du scrutin municipal de Jezzine-Aïn Majdelin ? Un observateur averti explique à L'Orient-Le Jour qu'une troisième liste a été formée par Ghazi Hélou, « un homme d'affaires réussi, qui était jusqu'à une période récente un inconditionnel du général Michel Aoun ». Ghazi Hélou a toutefois « déclaré la guerre au CPL et au général Aoun après que ce dernier eut refusé d'accorder la présidence du conseil municipal à la famille Hélou ». Il a ainsi formé une troisième liste comptant quatorze candidats de la liste d'entente CPL-FL et quatre candidats de la liste adverse soutenue par le mouvement Amal et le Parti syrien national social, « au détriment de Khalil Harfouche et de trois de ses acolytes aounistes ». Le conseil municipal de Jezzine-Aïn Majdelin compte dix-huit sièges à pourvoir. « Cette nouvelle liste a été adoptée par quelque 270 électeurs », explique un habitant de Jezzine, proche du dossier. « De ce fait, Khalil Harfouche et ses collègues ont été écartés », précise-t-il.
« En imposant le nom de Khalil Harfouche à la présidence du conseil municipal, le général Aoun a commis une erreur tant tactique que stratégique, poursuit l'observateur précité. Il aurait dû assurer l'élection de Harfouche, quitte à mener dans une deuxième étape la bataille pour la présidence du conseil municipal », ajoute-t-il, notant que l'homme d'affaires a réussi à obtenir gain de cause, d'autant que la famille Hélou est l'une des plus grandes de la région.

 

(Voir aussi : Municipales 2016 : le scrutin au Liban-Sud et à Nabatiyé, en images)

 

Indécision des Kataëb
La position des Kataëb qui ne s'étaient pas officiellement prononcés dans le cadre de ces municipales, laissant à leur base « la liberté de vote », a compliqué encore plus les choses. « Une petite révolution a eu lieu au sein du régional du parti, mené par un ancien chef de régional, qui a réussi à faire basculer les Kataëb de Jezzine du côté de la liste appuyée par Ibrahim Azar », constate l'observateur, affirmant que « Khalil Harfouche est un homme de sciences, intègre, très bien introduit auprès des instances internationales, qui avait brillé en tant que président de la Fédération des municipalités de Jezzine, mais qui ne jouissait pas d'une grande popularité ».
Rappelons que Khalil Harfouche avait été désigné président du conseil municipal de Jezzine à la suite de la crise survenue en 2013, à la mi-mandat de l'ancien conseil municipal alors présidé par Walid Hélou, frère de Ghazi Hélou.

Victoire éclatante d'Amal Abou Zeid
Pour ce qui est de la partielle législative, le candidat du CPL, Amal Abou Zeid, a remporté haut la main la bataille après avoir réussi à collecter 14 653 voix contre 7 759 voix accordées à Ibrahim Azar, 3 162 au général à la retraite Salah Gebran et 399 à Patrick Rizkallah, dissident du CPL, qui a mené campagne en se réclamant du programme politique initial du CPL élaboré en 2005 – le livret orange – relégué depuis aux oubliettes par le directoire aouniste. Les quatre candidats s'opposaient pour le siège maronite resté vacant après le décès en juin 2014 de Michel Hélou.
Commentant la partielle législative de Jezzine, le bureau politique des Kataëb a estimé dans un communiqué publié à l'issue de sa réunion hebdomadaire que cette partielle « devrait inciter à l'accélération des élections présidentielle et législatives ». Soulignant que « l'élection d'un président de la République mettra fin à toute forme de vacance », les Kataëb ont souhaité que « ce mouvement mène à l'adoption d'une nouvelle loi électorale qui mettra fin au chaos de la bonne représentation et à la culture de l'autoprorogation (parlementaire) qui n'est digne ni de la démocratie du Liban ni de son système politique ».

 

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commentaires (5)

Déjà.... ces "têtes" !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

20 h 08, le 24 mai 2016

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Commentaires (5)

  • Déjà.... ces "têtes" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    20 h 08, le 24 mai 2016

  • DES... MOUSQUES... A... TERRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 18, le 24 mai 2016

  • L'ingérence d'éléments étrangers dans la bataille électorale de Jezzine est inacceptable. L'un est un ministre en exercice qui vient de Batroun, l'autre est un natif de Haret-Hraïk, demeurant à Rabieh, auto-parachuté à la députation au Kesrouan. Ils viennent jeter la zizanie entre les familles traditionnelles de Jezzine, l'un devenu très riche, l'autre devenu trop vieux. Foutre la merde dans une ville paisible, ce n'est pas toléré ni noble.

    Un Libanais

    12 h 57, le 24 mai 2016

  • Enfin un brin de démocratie se profile à l'horizon .

    Sabbagha Antoine

    08 h 25, le 24 mai 2016

  • Tout ce qu’ils ont, ces orangistes Aigris, court déjà les rues de Jezzine : L’ineptie !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 20, le 24 mai 2016

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