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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Symbole de la rébellion, Daraya se prépare à une nouvelle bataille

Les Russes annoncent une trêve de 72 heures dans la région.

Un immeuble en ruine après les bombardements du régime, à Daraya. Photo de la page Facebook du conseil local de la ville

Jusqu'à quand Daraya résistera-t-elle aux offensives du régime syrien ? Fer de lance des protestations pacifiques de 2011, devenue souffre-douleur de la rébellion, la ville aux portes de Damas, assiégée depuis fin 2012, tente, tant bien que mal, de résister aux assauts de l'armée syrienne. Ses 8 000 habitants n'ont pu, jusqu'ici, compter sur une quelconque aide, malgré leurs exhortations et les nombreuses tentatives de l'Onu et de la Croix-Rouge. L'espoir avait peu à peu regagné les habitants, dépourvus de tout, lorsqu'un convoi humanitaire, composé de quatre camions contenant des médicaments, des kits chirurgicaux, des vaccins et du lait pour bébé, avait reçu les laissez-passer nécessaires. Mais le convoi a été contraint de rebrousser chemin, au grand dam des habitants. C'est à ce moment précis que le régime a lancé des obus d'artillerie sur les habitants rassemblés, faisant deux morts. C'était le 12 mai dernier. Depuis, les bombardements n'ont pas cessé. Et depuis ce jour, les civils sont « terrés dans les abris, et l'école n'a pas repris », confie une source de Daraya, qui a souhaité garder l'anonymat. Les chances que le CICR revienne à la charge en envoyant un nouveau convoi humanitaire se sont amenuisées. « La Croix-Rouge nous a dit, il y a quelques jours, qu'elle a réussi à se rendre à Harasta, à l'est de Damas, dans la Ghouta orientale, et qu'elle tente de nous venir en aide à notre tour », explique-t-elle.

 

(Lire aussi : Daraya la martyre verra-t-elle enfin le bout du tunnel ?)

 

« Fuites »
Samedi dernier, l'armée syrienne a mené une offensive contre Daraya. Pas de largages de barils ni de bombardements aériens, mais une offensive terrestre avec des attaques au mortier et l'utilisation de missiles sol-sol. Les forces de l'Armée syrienne libre (ASL) avaient repris en soirée les positions gagnées par le régime. Dimanche, une trentaine de groupes rebelles ont exigé de Washington et de Moscou qu'ils interviennent immédiatement pour faire cesser dans les 48 heures l'offensive du régime syrien contre la localité de Daraya et dans la Ghouta orientale. Les 29 organisations rebelles « vont répondre avec tous les moyens pour défendre notre peuple sur tous les fronts jusqu'à ce que le régime cesse totalement son offensive contre toutes les régions libérées, spécialement Daraya (...) », ont-elles affirmé.
D'après le site prorégime al-Masdar, l'armée serait en train de « préparer une vaste opération » pour capturer cette ville stratégique dans les prochains jours.
« Les fuites laissent entrevoir une offensive du régime avant la fin du mois. Il n'y a pas eu de combats aujourd'hui (lundi), mais les combattants ont abattu un drone de surveillance », décrit la source anonyme. Pas d'informations en revanche sur une intensification du recrutement de l'ASL parmi les habitants aptes aux combats. Le conseil local de la ville a dû interrompre de son côté tout rassemblement et manifestation publique.
Les combattants de la ville auront-ils cependant les moyens de résister aux assauts de l'armée syrienne et de ses alliés ? Même si elle ignore les détails de la résistance, la source de Daraya juge que le rapport de force est largement à l'avantage du régime.

 

(Lire aussi : Le martyre de Daraya sous les barils d'explosifs : la vidéo choc d'Amnesty international)

 

Bataille du Qalamoun
« Daraya est centrale dans la stratégie du régime, débutée en 2012, avec la bataille du Qalamoun, qui est de reprendre le contrôle de la région de Damas et le sud de la Syrie », explique Joshua Landis, directeur du Center for Middle East Studies et professeur à l'Université de l'Oklahoma, contacté par L'Orient-Le Jour.
Se trouvant à quelques kilomètres au sud-ouest de Damas, mais surtout très proche de la base aérienne de Mazzé, Daraya revêt une importance stratégique et symbolique aux yeux du régime, notamment du fait de sa résistance face au siège imposé en 2012, et aux multiples bombardements.
Selon M. Landis, les Russes pourraient participer à cette offensive contre Daraya. « C'est le bon moment pour le régime car les groupes rebelles sont en train de s'entretuer dans la Ghouta orientale, et il pourrait en tirer parti », explique le chercheur. Selon lui, les forces du régime auraient les moyens de reprendre la ville assez rapidement.
Tard dans la soirée, le ministère russe de la Défense annonçait un accord de cessez-le-feu à Daraya et dans la Ghouta orientale pour 72 heures qui devrait débuter aujourd'hui. Une trêve dont dépend peut-être la survie des groupes rebelles dans la région de Damas.

 

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