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Liban - municipales

À Marjeyoun et Hasbaya, des voix dissidentes ébranlent la quiétude des partis invaincus mais non invincibles

Dans le cadre de cette troisième journée d'élections municipales 2016 au Liban-Sud, le taux de participation a atteint presque 40 % à Hasbaya et à Marjeyoun.

La place principale de Houla grouillait de partisans du Hezbollah, dimanche, lors des élections municipales. Photos RRT

Pour la troisième fois après la libération du Liban-Sud de l'armée israélienne, les électeurs de Marjeyoun et de Hasbaya se sont déplacés le week-end écoulé, pour la plupart de la capitale ou de ses banlieues, afin de participer à la troisième phase des élections municipales, dans les mohafazats du Liban-Sud et de Nabatiyé.
Dans le cas spécifique de la région de Marjeyoun, c'est surtout le cachet consensuel qui a favorisé l'élection d'office de presque tous les conseils municipaux, à part, entre autres, ceux de Qleyaa et de Bourj el-Moulouk. D'autres batailles étaient plus rudes dans le caza du fait de l'affrontement qui a opposé les partis de gauche et des indépendants, d'une part, au bloc formé par le duopole chiite Amal-Hezbollah, invaincu jusqu'à présent, d'autre part. À Hasbaya, la bataille opposait les indépendants, d'une part, qui ont tenté pour la première fois d'effectuer une percée, à la liste traditionnelle, d'autre part, soutenue par le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt et le Parti syrien national social (PSNS).

Qleyaa-Marjeyoun
À Qleyaa, où sont inscrits quelque 3 900 électeurs à 99 % chrétiens, 1 700 votants étaient prévus, selon certaines estimations, mais déjà aux premières heures de la matinée, les habitants se ruaient vers les bureaux de vote. Hani Chahine, interrogé devant un bureau de vote, a affirmé qu'il comptait voter pour la liste du président sortant, Hanna Daher. M. Chahine, 70 ans, est accompagné des 8 membres de sa famille. Il explique son choix en affirmant « œuvrer dans l'intérêt de Qleyaa ». Cette liste, « Qleyaa horra » (Qleyaa libre), est soutenue, selon lui, par le Courant patriotique libre, les Forces libanaises et les Kataëb.
« La liste rivale menace d'ouvrir à nouveau les dossiers de ceux qui collaboraient avec les Israéliens ou de ceux qui commerçaient avec eux s'ils ne votaient pas pour la liste de Bassam Hasbani », affirme-t-il. Cette liste, « Qleyaa el-ghad » (Qleyaa de demain), est menée par Bassam Hasbani, et elle est soutenue par le Hezbollah et les forces du 8 Mars. Hasbani a démenti ces accusations à L'Orient-Le Jour.
Tanios Wanna, interrogé devant le même bureau de vote, a pour sa part préféré voter pour la liste « Qleyaa el-ghad » (Qleyaa de demain).
« Certains disent que la liste de Bassam Hasbani menace ceux qui collaboraient avec les Israéliens, mais c'est faux. Cette liste n'est pas soutenue par le Hezbollah ni par le Parti syrien national social (PSNS) mais elle est formée par les différentes familles de Qleyaa », affirme cet homme de 52 ans. À Bourj el-Moulouk, deux listes ont décidé de mener une bataille, mais le cadre familial a pris le dessus sans intervention directe des partis politiques.


(Lire aussi : Au Liban-Sud, les indépendants et les communistes ont fait entendre leurs voix face au duopole chiite)

 

Khiam
À Khiam, l'électeur semble tiraillé au premier regard entre trois listes et quatre candidats indépendants. Une liste proposée par le Hezbollah, dont les partisans portaient des casquettes de couleur jaune sans aucune inscription dessus, une deuxième dont les partisans arboraient des casquettes de couleur verte en référence au mouvement Amal, et une troisième, incomplète, formée de jeunes indépendants. Or sur le terrain, le votant ne tardait pas à découvrir que la même liste était distribuée par les partisans affichant des casquettes jaunes et vertes. À l'entrée du centre accueillant les électeurs, une grande banderole portait l'inscription « Résistez par votre voix ». Une inscription qui résumait bien la situation dont se plaignaient les jeunes rassemblés devant le centre. « Nous ne voulons plus ce monopole à tous les niveaux, politique, administratif et social, nous voulons respirer la liberté », explique Ali Ali, un jeune étudiant en graphic design, détenant le passeport canadien.
« Nous devons nous-mêmes choisir nos candidats à la municipalité, indépendamment de ce qui se passe sur les fronts », explique une jeune fille qui n'a pas voulu divulguer son nom. Pour A. Ch. A., diplômé en sociologie, « les temps ont changé et les habitants de Khiam ont eu un sursaut de conscience concernant cette hégémonie qui les dérange de plus en plus ». « Ils ne veulent pas pour autant remettre en cause les sacrifices consentis par le parti chiite qui est libre de poursuivre la voie qu'il veut, mais sans imposer en contrepartie ses choix, souligne le jeune diplômé. Nous votons pour la liste des indépendants car ils sont là juste pour servir Khiam qui est une grande localité du Liban-Sud et qui mérite mieux que d'être gérée par un seul ou deux partis politiques qui ne sont que la résultante de la guerre civile libanaise et qui imposent leurs propres candidats sans prendre en considération leurs compétences, mais uniquement pour des raisons politico-militaires ou confessionnelles », conclut-il.

(Lire aussi : Les élections entachées de nombreuses infractions, constate la Lade)

 

Hasbaya
À Hasbaya, plusieurs localités parmi les 15 villages du caza ont organisé des élections hier suite à l'impossibilité d'aboutir à un conseil municipal consensuel.
Ghada el-Kakhi, la quarantaine, une des quatre femmes candidates (indépendantes) au conseil municipal de Hasbaya, a affirmé que son mari, candidat sur la liste du Parti socialiste progressiste (PSP), a proposé de se désister en sa faveur afin que la liste traditionnelle du PSP et du PSNS la retienne comme candidate. « Mais malgré le désistement de mon mari, la pression des cheikhs druzes était plus forte, a affirmé Mme Kakhi. Pourtant, le ministre Waël Bou Faour (du PSP, NDLR) est connu pour être un défenseur des droits de la femme », a-t-elle assuré à L'OLJ. Le bureau de vote prévu pour les élections à Hasbaya côtoyait l'église as-Saydé où quelques fidèles chrétiens assistaient à la messe du dimanche. Selon le moukhtar sortant et candidat encore cette année, Naïm Chehadé Laham, la localité, qui compte 6 000 électeurs, espérait atteindre un taux de participation assez élevé avec une estimation de 3 000 voix cette fois-ci. « Les chrétiens figurent sur les deux listes chez nous, de même que les sunnites, explique-t-il. C'est la coutume ici, sur les 15 membres du conseil municipal, trois doivent être chrétiens et deux sunnites afin de préserver la coexistence au sein du village. »
À part les quatre femmes candidates, deux listes s'affrontaient à Hasbaya. L'une complète et soutenue par le PSP et le PSNS, et l'autre, incomplète, gardant les places non druzes vacantes, était formée de jeunes indépendants avec un retrait du Parti démocrate de l'émir Talal Arslane, pourtant présent dans la région.
Marwan Zouayhed, candidat sur la liste des indépendants à Hasbaya, a affirmé qu'il se présentait aux élections pour montrer qu'un conseil municipal indépendant est « plus efficace » qu'un autre résultant d'une alliance politique.
« C'est la première fois qu'une liste indépendante se forme pour faire face à la traditionnelle liste des partis politiques. Je veux montrer qu'une municipalité indépendante est plus efficace et moins handicapée sur le plan administratif qu'un conseil résultant d'une alliance politique », a affirmé M. Zouayhed.

 

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Pour la troisième fois après la libération du Liban-Sud de l'armée israélienne, les électeurs de Marjeyoun et de Hasbaya se sont déplacés le week-end écoulé, pour la plupart de la capitale ou de ses banlieues, afin de participer à la troisième phase des élections municipales, dans les mohafazats du Liban-Sud et de Nabatiyé.Dans le cas spécifique de la région de Marjeyoun, c'est...

commentaires (1)

Ils ne sont plus fous ces "gauchistes", enfin ils ne se fient plus à la "douceur" des magouilleurs et des loups de ces "partis" !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

08 h 51, le 23 mai 2016

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Commentaires (1)

  • Ils ne sont plus fous ces "gauchistes", enfin ils ne se fient plus à la "douceur" des magouilleurs et des loups de ces "partis" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 51, le 23 mai 2016

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