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Moyen Orient et Monde - Portrait

Binali Yildirim, fidèle parmi les fidèles d’Erdogan

Le ministre des Transports Binali Yildirim, à Ankara, lors d’un débat parlementaire. Adem Altan/AFP

Le prochain chef du gouvernement et du parti au pouvoir en Turquie, Binali Yildirim, est parmi les plus fidèles du président Recep Tayyip Erdogan, lequel en a fait le principal promoteur de ses projets d'infrastructures pharaoniques.
La rupture entre le Premier ministre sortant Ahmet Davutoglu et l'homme fort du pays a propulsé sur le devant de la scène cet homme volontiers souriant, mais piètre orateur, désigné candidat unique jeudi dernier pour prendre la tête du parti au pouvoir.
Ministre des Transports, de la Marine et de la Communication, M. Yildirim, 60 ans, issu d'une modeste famille d'Erzincan (Est), est un vieux compagnon de route de M. Erdogan qu'il accompagne depuis l'accession de l'actuel chef de l'État à la mairie d'Istanbul en 1994. Sa principale mission, estiment les observateurs, sera de mener à bien le projet de changement de Constitution souhaité par M. Erdogan pour transférer l'essentiel des pouvoirs exécutifs du Premier ministre au président, avec qui il s'est engagé mercredi à travailler en « harmonie totale ». « Et maintenant, place au régime présidentiel ! » avait clamé, comme un serment d'allégeance, M. Yildirim lors de son premier discours après l'annonce du retrait de M. Davutoglu au début du mois de mai, à Malatya (Sud-Est).
Lors du précédent congrès du Parti de la justice et du développement (AKP), en 2015, cet homme à la moustache en brosse avait déjà recueilli le soutien de la majorité des délégués, mais avait dû se résigner lorsque M. Erdogan, fraîchement élu président, avait porté son choix sur M. Davutoglu. Sa loyauté envers M. Erdogan lui a permis de décrocher plusieurs fois des postes influents au sein de l'AKP et de détenir presque sans discontinuer depuis 2002 le portefeuille des Transports au sein du cabinet. Signe de la confiance que lui accorde l'homme fort de la Turquie, c'est M. Yildirim qui a jusqu'ici dirigé les projets d'infrastructures pharaoniques, vivement décriés par l'opposition et les défenseurs de l'environnement, qui ont transformé le visage de la Turquie, Istanbul en tête.

Controverses
C'est le cas du troisième aéroport international, qui sort de terre au nord-ouest de la mégalopole, décimant des forêts, et sera capable d'accueillir 150 millions de passagers par an. Le projet devrait voir le jour en 2017. Autre projet, autre polémique : le troisième pont sur le Bosphore, joignant les deux rives d'Istanbul, nommé d'après le sultan Sélim 1er, fossoyeur au XVIe siècle de quelque 40 000 alévis, une minorité musulmane libérale. D'autres projets devraient aussi se concrétiser, comme un canal entre la mer Noire et la mer de Marmara qui devrait désengorger l'intense trafic maritime sur le Bosphore. C'est sur les eaux très fréquentées du détroit que M. Yildirim, ingénieur en construction navale de formation, a fait ses premières armes, en dirigeant la puissante régie municipale des voies maritimes d'Istanbul (IDO) de 1994 à 2000, tandis que M. Erdogan se hissait à la mairie de la ville (1994-1998).
Lorsque ce dernier fonde l'AKP, en 2001, M. Yildirim suit son mentor. Le parti remporte les élections législatives l'année suivante, et M. Erdogan devient Premier ministre, au grand dam des laïcs qui ne cessent de dénoncer sa dérive islamiste et autoritaire. M. Yildirim est élu député d'Istanbul, puis nommé ministre, un poste qu'il n'a que brièvement quitté entre deux scrutins législatifs en 2015.
Le prochain chef du gouvernement turc a également fait l'objet de plusieurs controverses. En 2004, un train déraille sur une ligne grande vitesse flambant neuve, causant la mort de près de 40 passagers dans le nord-ouest de la Turquie. L'opposition réclame la tête de M. Yildirim, qui refuse de démissionner. L'année suivante, c'est la vie personnelle de ce père de trois enfants qui le plonge dans l'embarras : une photo de son épouse voilée mangeant seule pendant que M. Yildirim déjeune à une table voisine exclusivement masculine suscite un tollé et lui attire des accusations de sexisme. À une autre occasion, il a fait remarquer qu'il n'avait pas voulu étudier à la prestigieuse Université du Bosphore, à Istanbul, après avoir « vu les garçons et les filles assis et parler ensemble dans le campus ».
Burak AKINCI/AFP

Le prochain chef du gouvernement et du parti au pouvoir en Turquie, Binali Yildirim, est parmi les plus fidèles du président Recep Tayyip Erdogan, lequel en a fait le principal promoteur de ses projets d'infrastructures pharaoniques.La rupture entre le Premier ministre sortant Ahmet Davutoglu et l'homme fort du pays a propulsé sur le devant de la scène cet homme volontiers souriant, mais...

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