Arthuis : « Nous ne demandons pas l’implantation des réfugiés syriens »

Le président de la commission budgétaire de l'Union européenne, Jean Arthuis, a indiqué hier que l'UE ne demandait pas l'implantation des réfugiés syriens au Liban. Il s'est également attardé sur les conditions de vie des réfugiés.
M. Arthuis, qui est en visite au Liban depuis mardi à la tête d'une délégation du Parlement européen, a effectué plusieurs rencontres au sujet des réfugiés. « Les rencontres de notre délégation avec les ministres libanais ont mis l'accent sur la nécessité d'améliorer leurs conditions de vie. L'UE ne demande pas leur implantation mais veut éviter toute tension avec les pays d'accueil », a-t-il dit lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de la délégation de l'UE à Beyrouth.
« La Jordanie compte 650 000 réfugiés inscrits officiellement et le Liban un million cent mille, sans compter les réfugiés non inscrits. Cette situation fait porter à ces pays de grandes charges économiques qui s'ajoutent à leurs crises financières déjà existantes », a souligné M. Arthuis. « L'UE fournit beaucoup d'efforts pour soutenir ces pays et nous avons donné au Liban, depuis début 2011, un milliard neuf cent millions d'euros. Ces aides s'inscrivent dans le cadre d'un travail d'amélioration des conditions de vie des réfugiés. Ils vivent dans des camps aléatoires, souffrent du chômage et sont soumis à différents types d'exploitation dans tous les domaines », a-t-il poursuivi.
« Les projets financés par l'UE ont commencé à porter leurs fruits, tels que le projet d'eau potable à Bar Élias, la construction d'un dépotoir dans la Békaa et d'une école publique dans la région de Marj. Ceci se répercute de façon positive sur la société d'accueil », a indiqué M. Arthuis. La délégation qui l'accompagnait a par ailleurs assuré qu'elle travaillait sur le lancement d'un programme et de plusieurs projets pour combattre la violence faite aux femmes et aux enfants.

L'importance de l'éducation
M. Arthuis a, enfin, insisté sur l'importance de l'accès à l'éducation. « Le travail des mineurs est de plus en plus répandu et ils sont de plus en plus nombreux à échapper à l'école. Il y a une génération perdue d'enfants syriens et ceci est inacceptable », a-t-il souligné.
Sur ce sujet, le responsable européen s'est enquis de la stratégie du ministère de l'Éducation concernant les réfugiés. Après avoir rencontré une délégation de parlementaires de l'UE en présence de l'ambassadrice de l'UE, Christina Lassen, et de Jean Arthuis, le ministre de l'Éducation Élias Bou Saab a déclaré que « la délégation est responsable du budget de l'Union européenne et cette visite a pour but de se tenir au courant de ce qui a été fait sur le terrain ». Le ministre a expliqué que deux horaires ont été adoptés dans les écoles publiques afin de recevoir davantage d'enfants de réfugiés à moindre coût. « Nous avons actuellement 200 000 élèves syriens dont les parents sont des réfugiés », a-t-il révélé. Il a par ailleurs évoqué la nécessité pour les pays donateurs de tenir leurs promesses financières, et ce de façon continue. Il a également demandé aux donateurs d'accroître les fonds consacrés au Liban, surtout ceux consacrés à l'accès des réfugiés à l'éducation. « Le ministère de l'Éducation espère obtenir des fonds pour bâtir de nouvelles écoles publiques et rénover celles déjà existantes », a indiqué le ministre. M. Bou Saab a enfin mis en garde contre « toute régression ou retard dans les donations ». « Si les réfugiés quittent les bancs de l'école, cela constituera un vrai désastre. L'éducation est le meilleur moyen de faire face à l'extrémisme », a-t-il dit.
Le dossier des réfugiés était également au menu d'une rencontre entre le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, et la vice-présidente du Parlement européen, Anneli Jäätteenmäki, ainsi que la délégation parlementaire européenne.