La haute couture à Cannes, un festival en soi

Comme chaque année, les Maisons de mode mais aussi de haute joaillerie ont redécoré leurs suites dans les palaces donnant sur le palais des festivals, notamment au Majestic, le mieux situé, prisé par Dior, et au Carlton où de nombreuses stars ont leurs habitudes. Ici, on habille bien sûr, mais pas que. On bichonne, on coiffe, on maquille avec les dernières palettes maison, et dans les suites voisines, on pare en dernière minute avec des bijoux inestimables, prêtés sous haute escorte par les plus grands joailliers du monde dont évidemment Chopard, partenaire officiel du festival et créateur de la Palme d'or en 1998. La photo call de Chopard est d'ailleurs à lui seul un visa tour du monde pour les clichés les plus partagés de la saison.

Modèles et grandes maisons
Bien entendu le maximum de visibilité s'acquiert le premier jour, quand tous les photographes sont placés et les médias en ébullition. C'est donc à qui pourra habiller le premier les membres du jury et les invités au film d'ouverture, cette année Café Society de Woody Allen. À la cérémonie d'ouverture, Giorgio Armani habillait notamment Jessica Chastain, qui portait une robe sirène en chiffon jaune et bustier drapé, et Naomi Watts, en crinoline mauve rebrodée de cristaux, ainsi que Julia Roberts, sobre dans une robe longue plissée noire soulignée par une rivière de diamants terminée par une somptueuse émeraude. La Maison Chanel était omniprésente, et pas seulement à travers ses ambassadrices Kristen Stewart, seins nus sous un chemisier transparent noir à poches plaquées et jupe longue en soie noire à motifs de camélias stylisés, et Vanessa Paradis tour à tour en chemise de soie blanche et lavallière noire ou en robe Tee-shirt arc-en-ciel dont le caractère prépubère a parfois fait jaser. Lily Rose Depp, la fille de Vanessa Paradis et de Johnny Depp, était elle aussi en Chanel pour son premier tapis rouge à Cannes, notamment dans une robe bustier noire dont le haut est séparé de la jupe plissée par un motif de chaînes. Chanel mettait aussi en avant son maquillage printemps/été et sa haute joaillerie présentée par Kristen Stewart. Amal Clooney, quant à elle, avait choisi une robe caryatide Atelier Versace en chiffon jaune drapé qui éclairait à merveille sa peau mate, et qu'elle portait avec de simples boucles d'oreilles en corail. Également en Atelier Versace (la ligne la plus exclusive de la marque), Blake Lively portait à la projection de Café Society une somptueuse robe sirène (fourreau évasé par le bas) dorée, à empiècements strassés sur tulle nude et décolleté à bretelles lingerie. Saint Laurent a souvent été plébiscité à ce 69e Festival de Cannes, et son smoking a notamment été arboré par Jane Birkin.

Le Liban représenté à travers ses couturiers
À la cérémonie d'ouverture, on aura vu Vanessa Paradis gravir les marches dans une robe sombre et vaporeuse d'Élie Saab (véritable exploit quand on connaît la fidélité de la star à Chanel), Élie Saab qui habillait aussi par ailleurs Freida Pinto, Aishwarya Rai et Julie Gayet. Rabih Kayrouz décrochait le pompon de Cannes pour la première fois avec pour modèle Marthe Keller, président du jury de la sélection Un Certain Regard, portant avec grâce une robe longue blanche et fluide terminée en pointe et assortie à une longue veste caftan dorée. Georges Hobeika habillait la présentatrice de télé Diala Makki (Dubaï), tour à tour en robe de dentelle rose à manches longues, brodée au décolleté, et en robe longue noire à manches courtes et jupon crinoline en tulle brodé. Le mannequin biélorusse Tatiana Dziahileva était également en Georges Hobeika, robe longue rouge en tulle brodé de fleurs de cristal et haut terminé en résille au niveau des manches et du décolleté du dos. Mais le modèle le plus remarqué de la maison libanaise fut sans doute la sobre robe blanche à résille portée par Éva Longoria.

Les plus spectaculaires
Difficile de faire sensation dans une telle débauche de styles et d'images, mais de nombreux créateurs ont réussi à se démarquer, les uns avec une certaine outrance, les autres à travers l'élégance innée des icônes qui portaient leurs modèles et d'autres enfin avec un petit parfum de soufre, comme Roberto Cavalli et sa robe noire transparente portée sur un simple panty noir par la sculpturale Kendall Jenner qui a été également vue dans une robe courte à traîne et plumes de marabout Élie Saab. Très remarqué a été le fourreau doré ligne Bar, inspiré des années folles, décolleté horizontal modernisé par une large bretelle noire asymétrique soulignée par un détail plissé au niveau de l'épaule, porté par Marion Cotillard à la première du film Mal de pierres. Très déshabillée par une robe de velours imitant un manteau à gros boutons de Jean-Paul Gaultier, profondément décolletée et vertigineusement fendue, la rousse Susan Sarandon ne montrait pas le meilleur de son anatomie. La robe rose en mousseline Gucci, à motifs floraux rouges surdimensionnés et brodés au cœur de perles en relief, soulignée d'un ruban noir à la taille, portée par Kirsten Dunst, a au moins eu l'effet de surprendre. Il faudra le temps de s'habituer, pour décider si on l'aime ou pas. Parmi les plus « énormes » figurait la robe Ralph and Russo portée par la superstar thaïlandaise d'origine britannique Araya Alberta Hargate (Aka Chompoo) à la cérémonie d'ouverture, rose barbe à papa, abondamment volantée et sur ornée de volants en zigzag et en relief.
Devant cette véritable pièce montée qui ondule comme un animal des hautes profondeurs, on se demandait si le dessert était servi avant l'heure, mais c'était de bonne guerre : la démonstration couture a fait son effet et le compte Instagram du binôme de créateurs a explosé. Côté visibilité, on en eut plein la vue.