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Liban

Premier bilan du Metn : « Le tsunami ne s’est pas produit »

Selon une lecture simplifiée des résultats préliminaires des municipales du Metn, le tandem Courant patriotique libre-Forces libanaises a voulu tester son poids sur un terrain majoritairement chrétien, et il y a échoué, devant l'influence traditionnelle du député Michel Murr et du parti Kataëb. En attestent notamment les défaites du front CPL-FL dans les principales localités du littoral où il a ouvertement mené bataille pour une « récupération des municipalités » (le cas de Sin el-Fil et d'Antélias notamment). Un député du bloc du Changement et de la Réforme reconnaît d'ailleurs dans une déclaration à L'Orient-Le Jour que « les attentes étaient que l'association CPL-FL donne de meilleurs résultats ».

Sauf qu'au niveau des municipales, où se juxtapose l'influence des notables ancrée dans la continuité des pratiques familiales, au jeu des rapports de forces entre les autorités politiques locales, le « parti » bicéphale CPL-FL a semblé pour de nombreux habitants être un acteur étranger. Un acteur qui aurait péché par ses velléités de neutraliser les acteurs familiaux et politiques traditionnels, au lieu de les retrouver à mi-chemin. Certes, de nombreuses listes consensuelles conduisant à des élections d'office dans près de vingt municipalités du Metn ont révélé l'assouplissement progressif de la méthode du tandem CPL-FL, qui avait voulu, dans un premier temps, imposer des candidats partisans.

Mais l'insistance du CPL et des FL à mener des batailles dans certains fiefs de Michel Murr au Metn – avec seulement des espoirs de percées ponctuelles – trahirait l'impératif, pour les deux partis, de donner une preuve de leur solidarité, avant même que d'en tester l'efficacité. Un député membre du bloc aouniste insiste en effet sur le caractère « à long terme » de l'entente, qui dépasse ces premières consultations.

L'enjeu premier était donc de dire que cette entente existe. Ce faisant, les listes communes entre le CPL et les FL, unissant deux machines électorales jadis rivales, auront également servi de premier test à leur degré de confiance mutuelle. Dans certaines localités du Metn, certains scrutateurs rapportaient des « panachages entre les candidats des FL et du CPL » sur une même liste. Ce qu'aucune source politique ne s'aventure de toute évidence à confirmer.

La seule confirmation déclarée, au niveau du CPL, est qu'aucune consigne de vote central n'a été émise qui aurait imposé par exemple un positionnement absolu contre Michel Murr et les Kataëb.

À Jal el-Dib par exemple, le CPL aurait confié la gestion des élections à son coordinateur dans le caza du Metn, Hicham Kanj, « le parti ayant décidé d'accorder une marge de manœuvre à ses partisans, au niveau de leurs localités d'origine respectives », selon la source du bloc aouniste. C'est ce qui expliquerait que M. Kanj se soit porté candidat – sans succès – sur la liste d'André Zard face à la liste de Raymond Attié soutenue par le député du CPL, Nabil Nicolas. Les résultats officiels font état de la victoire de la seconde liste (parrainée par Michel Murr et les Kataëb), et de trois percées marquées par la liste opposée. La source du bloc aouniste dément la possibilité que M. Nicolas fasse l'objet de représailles au sein du CPL pour avoir privilégié ses rapports avec M. Murr sur la décision des responsables aounistes du Metn, qui est aussi celle du député Ibrahim Kanaan (ce dernier ayant mené par ailleurs les batailles frontales FL-CPL contre les listes de Michel Murr).

Bien que marquée par le sceau du développement (y compris par Nabil Nicolas), la bataille de Jal el-Dib aura néanmoins révélé des inégalités au sein du CPL, quant à l'enthousiasme que suscite l'entente avec les FL. Des divergences déjà connues plus ou moins, mais exacerbées par les particularités des municipales.
Par ailleurs, les cas d'un face-à-face entre les FL et le CPL révèlent entre autres un contrepoids familial et partisan à l'entente entre les deux partis – et peut-être aussi la tentation par l'un ou l'autre de faire cavalier seul lorsque le terrain lui est favorable. À Baskinta, un consensus n'a pu être trouvé, une liste soutenue par les Kataëb, les FL (qui avaient remporté le scrutin en 2010), le Parti national libéral et le député Michel Murr ayant fait face à une liste soutenue par le CPL et le Parti syrien national social. Selon les résultats officiels, la liste CPL-PSNS a remporté huit des quinze sièges.

En dehors du Metn, à Hadeth, le positionnement des FL contre la liste soutenue par le CPL leur a valu un reproche du député Alain Aoun, qui a fait état d'une « erreur » qui risque de compromettre leur entente.
Ce n'est pas l'avis d'un autre député du bloc aouniste, qui affirme à L'OLJ que « cette entente n'est pas fragile au point d'être menacée par les municipales. Elle a besoin de rodage, mais elle durera ».

Toujours selon ce député, cette entente aurait même accompagné en filigrane la bataille de Jounieh : une entente implicite entre les deux leaderships du CPL et des FL aurait conduit « les FL à s'abstenir de s'afficher au premier plan de la campagne menée par Nehmat Frem, face au général Michel Aoun qui, au contraire, a décidé de se rendre sur place pour garantir la victoire de Juan Hobeiche ».

Autrement dit, « nous avons fait de sorte que la victoire de ce dernier ne soit pas une défaite pour les FL », estime la source.

Mais autour de l'entente encore titubante CPL-FL, des alliances se redessinent, pavant la voie aux législatives (et à l'accord préalable autour d'une loi électorale).

Le scrutin du Metn dégage déjà certains indices à cet égard.

Les Kataëb semblent avoir le vent en poupe : « Nous avons remporté trois fois plus de municipalités qu'en 2010 », déclare une source du parti à L'OLJ. Ils ont en effet pris la décision stratégique « raisonnable » de privilégier « les considérations locales » (c'est-à-dire de ménager jusqu'au bout l'avis des notables et des autorités influentes dans la composition des listes). La mise en œuvre la plus aisée de cette stratégie aura certes été à Bickfaya, où la liste présidée par Nicole Amine Gemayel a remporté le scrutin. Le bilan global que dressent les Kataëb du scrutin du Metn serait le suivant : « Les élections ont prouvé que personne ne peut exclure ou annuler l'autre (allusion à certains slogans des FL et du CPL à Sin el-Fil). Le tsunami n'a pas eu lieu », selon la source, qui ajoute : « Quelque chose de nouveau s'est produit : le parti (Kataëb) a repris sa position de force. »

C'est un réajustement (non déclaré) de la position du Tachnag qui a été par ailleurs observé. Pris entre son allié historique du Metn, Michel Murr, et son allié plus récent, Michel Aoun, ce parti a pris une position occulte lors des batailles opposant le premier au second, appuyé par les FL : il appuie un seul et même candidat sur deux listes rivales et promet un départage égal de ses voix entre les deux listes. Mais selon le constat des scrutateurs, les votants du Tachnag n'ont pas tous afflué aux bureaux de vote. Ceux qui l'ont fait auraient, semble-t-il, fait en sorte de favoriser Michel Murr.

Selon une lecture simplifiée des résultats préliminaires des municipales du Metn, le tandem Courant patriotique libre-Forces libanaises a voulu tester son poids sur un terrain majoritairement chrétien, et il y a échoué, devant l'influence traditionnelle du député Michel Murr et du parti Kataëb. En attestent notamment les défaites du front CPL-FL dans les principales localités du...

commentaires (4)

.... et de leur "fameux" blabla "chréti(e)n" !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

21 h 44, le 18 mai 2016

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Commentaires (4)

  • .... et de leur "fameux" blabla "chréti(e)n" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    21 h 44, le 18 mai 2016

  • Michel Murr est et restera le chef imbattable du Metn .

    Sabbagha Antoine

    22 h 17, le 17 mai 2016

  • LES MOUTONS DANS LES ETABLES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 50, le 17 mai 2016

  • Sa popularité déjà altérée à ce vieux-new "couple" tarabiscoté est perdue à jamais, en dépit des remèdes, des dépenses et du fard !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 18, le 17 mai 2016

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