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Liban - Municipales 2016

À Jounieh, le suspense jusqu’au bout

Tard dans la nuit de dimanche à lundi, les résultats demeuraient incertains à Jounieh. Bilan : des scores très rapprochés (à quelques voix près), une timide victoire à l'arraché de la liste appuyée par le CPL et quatre percées réalisées par la liste adverse, soutenue par les Forces libanaises.


La nuit de dimanche à lundi a dû être vécue par les machines électorales des deux principales listes en lice à Jounieh comme un tour de montagne russe. Selon les témoignages, jusque tard dans la nuit, les deux listes ont cru à leur victoire complète.
Celle du « Renouveau », appuyée par Nehmat Frem, président de la Fondation maronite dans le monde, les anciens députés Farid Haïkal el-Khazen et Mansour Ghanem el-Bone, et les Forces libanaises (FL), pensait avoir quelques centaines de voix de plus que ses adversaires jusqu'à plus d'une heure du matin. Entre-temps, la liste « de la Dignité » présidée par Juan Hobeiche, appuyée par le Courant patriotique libre (CPL) et le parti Kataëb, affichait des résultats selon lesquels cette liste serait entièrement victorieuse. Finalement, ce ne sera ni l'un ni l'autre cas. La liste de Juan Hobeiche a remporté une victoire à l'arraché avec quatorze sièges, ce qui signifie pratiquement qu'il est le nouveau président du conseil municipal, alors que quatre membres du « Renouveau » ont percé, dont les candidats aux postes de président et vice-président, respectivement Fouad Boueri et Fady Fayad. Les deux autres sont le jeune sportif Silvio Chiha et Rodrigue Fenianos.
Les scores étaient très rapprochés, au point que l'on peut dire que les deux listes ont remporté chacune, en gros, 50 % des voix des plus de 9 000 votants. Un scénario atypique dans tous les sens du terme. Selon le journaliste Georges Bachir, natif de Jounieh, la liste du « Renouveau » pensait compter sur davantage de voix dans les bureaux de vote de Haret Sakhr et Ghadir, traditionnellement des fiefs des trois personnalités qui soutiennent la liste, MM. Frem, Khazen et Bone. « Les voix des naturalisés de Sarba, quelque 300 à 400, ont fini par faire pencher la balance en faveur de l'autre liste », a-t-il souligné.
Pour ce qui est de la dimension politique conférée à cette bataille, du fait notamment de l'implication personnelle du fondateur du CPL, le général Michel Aoun, lui-même député et chef de bloc du Kesrouan, en faveur de la liste qu'il appuyait, de nombreux observateurs ont estimé que le score de 50 % des voix ne pouvait en aucun cas être considéré comme une « victoire » pour le CPL, même si c'est clairement celle de Juan Hobeiche. Interrogé sur ce point par L'OLJ, le député Nehmetallah Abi Nasr (bloc de Aoun) donne un tout autre son de cloche. « Nous avons mené campagne contre quatre redoutables machines électorales, chacune ayant une expérience de 50 à 60 ans, dit-il. Nous avons gagné 14 sièges sur 18, je trouve que c'est un résultat tout à fait acceptable.
Et les candidats qui ont percé avaient très peu de voix d'écart avec ceux de la liste. »
Fady Fayad, l'un des candidats du « Renouveau » qui ont percé, déplore que « la bataille municipale à Jounieh se soit transformée en une confrontation politique, comme si de cette ville dépendait le scrutin présidentiel ou même la présence chrétienne en Orient, alors qu'il s'agissait de choisir entre deux programmes de développement ». Interrogé par L'OLJ, M. Fayad estime que « la liste adverse a profité d'un appui personnel du général Michel Aoun lui-même et d'autres grands cadres de son parti, et malgré cela, elle n'a récolté que 50 % des voix », faisant remarquer que la différence entre le gagnant et le perdant est de 45 voix seulement. Est-il vrai que les bureaux de vote de Ghadir et de Haret Sakhr ont réservé des résultats décevants à leur liste ? « Nous nous attendions à plus de soutien de tous les bureaux de vote, reconnaît-il. Malheureusement, il y a eu beaucoup d'argent versé, et les preuves d'achat de voix existent. »
Le député Nehmetallah Abi Nasr lui aussi évoque l'argent versé... par les adversaires de la liste « de la Dignité ». Comment explique-t-il que les deux parties s'accusent mutuellement ?
« Vous savez, il y a beaucoup de façons d'utiliser le facteur de l'argent, quand on paie les déplacements de votants qui habitent ailleurs, quand on rémunère largement les délégués, etc., dit-il. On peut dépenser des millions sans laisser beaucoup de traces. »
Que se passera-t-il maintenant ? « Nous sommes quatre membres qui représentons 50 % des voix des électeurs, nous allons bien sûr être actifs au sein du conseil municipal », répond Fady Fayad. Certaines voix proches de sa liste réclamaient déjà de présenter un recours en justice contre les résultats... « Nous examinons cette possibilité, affirme-t-il. Mais la décision n'a pas été prise. Nous aimerions éviter de replonger la ville dans cette atmosphère de bataille au cas où les résultats seront annulés. »
Comment sera la collaboration au sein du conseil municipal après une si forte bataille ? « Nous avons toujours adopté la politique de la main tendue et nous persévérons sur cette voie, dit-il. Notre objectif est de travailler au sein du conseil, pas de provoquer des problèmes, car nous avons un programme de développement qui nous tient à cœur. »
Nous n'avons pu joindre Juan Hobeiche hier pour lui demander son avis sur la future collaboration au sein du conseil municipal, mais voici ce qu'en pense
Nehmetallah Abi Nasr : « Les candidats qui ont percé de l'autre liste ont du potentiel, il est vrai. Je crois que si tous se rassemblent autour de l'idée de servir les intérêts de la ville, ils feront du bon travail. »

À Zouk, la « continuité » l'emporte
Ailleurs dans le Kesrouan, de rudes batailles ont également été menées. À Ghosta s'est déroulée une campagne très politique, opposant une liste appuyée par le CPL et les FL à une autre, soutenue principalement par Farid Haïkal el-Khazen. C'est cette seconde liste qui l'a remporté largement.
Une bataille familiale avec une intervention limitée des partis, notamment du CPL, opposait deux listes à Zouk Mikaël, l'une présidée par Élie Beaïno et l'autre par Wafic Trad. Ces élections étaient placées sous le signe de la succession à Nouhad Naufal, l'emblématique président du conseil municipal qui a rempli cette fonction durant 54 ans. Les deux chefs de liste sont d'ailleurs d'anciens vice-présidents qui avaient occupé ce poste par alternance. L'un d'eux, Élie Beaïno, avait déclaré à L'OLJ « me placer dans la continuité des réalisations de Nouhad Naufal ». C'est sa liste qui l'a emporté dimanche entièrement, prenant de court ses adversaires qui « pensaient compter davantage sur les voix du village, mais il y a eu un revirement de dernière minute concernant quelque 200 voix », comme l'explique à L'OLJ Jean Tabet, candidat au poste de vice-président sur la liste de Trad.
Pour sa part, Élie Beaïno confirme que sa liste a obtenu entre 1 200 et 1 400 voix du village. Il affirme à L'OLJ avoir plusieurs projets, notamment « celui de créer un conseil municipal de la jeunesse, à travers lequel les jeunes donneront des idées dont il faudra tenir compte ». « Nous voulons également instaurer un système de "e-municipality", entièrement informatisé, pour encore plus de transparence », poursuit-il.
À Jeïta, la liste présidée par Samir Baroud, président du conseil municipal depuis 18 ans, s'est inclinée face à celle appuyée par le CPL et les FL, présidée par Walid Baroud. Le parti Kataëb, toujours selon Samir Baroud, appuyait indirectement sa liste. À savoir que l'ancien ministre de l'Intérieur, Ziyad Baroud, a essayé de parvenir à un consensus avant les élections. Il a déclaré à la télévision avoir voté blanc.
À Ajaltoun, la liste présidée par cheikh Clovis el-Khazen (président sortant du conseil municipal) a été élue entièrement face à la liste conduite par Khalil Mrad, soutenue par le CPL et les Kataëb.
La bataille électorale à Kfardébiane, familiale par excellence, a consacré la victoire de la liste présidée par Bassam Salamé, qui a obtenu onze sièges, contre quatre percées de candidats de la liste présidée par Antoine Zoughaib (ancien vice-président du conseil). Joséphine Zoughaib, candidate sur la liste victorieuse, affirme que la nouvelle équipe compte travailler sur le développement touristique et agricole de cette belle région. « Mais ce que nous ferons en premier, c'est créer un bureau du développement dans la municipalité, qui sera chargé d'élaborer un plan de travail et une stratégie pour les six ans », dit-elle à L'OLJ.
À Ghazir, la liste présidée par Charles Haddad a été élue entièrement, contre la liste adverse, qui était présidée par Bassem Awaïda.
Enfin à Dlebta, la liste présidée par Charbel Ghosn a remporté six sièges contre trois pour celle présidée par Nadim Raphaël, qui était président du conseil (lui-même fait partie des candidats qui ont percé). Le nouveau président, Charbel Ghosn, rappelle que sa liste avait proposé une feuille de route pour le développement touristique et agricole du village, « afin que les habitants puissent profiter des richesses du village ». Il compte aussi travailler sur l'infrastructure et sur la protection de l'environnement.

La nuit de dimanche à lundi a dû être vécue par les machines électorales des deux principales listes en lice à Jounieh comme un tour de montagne russe. Selon les témoignages, jusque tard dans la nuit, les deux listes ont cru à leur victoire complète.Celle du « Renouveau », appuyée par Nehmat Frem, président de la Fondation maronite dans le monde, les anciens députés Farid Haïkal...

commentaires (1)

Je reve d'un jour ou les candidats malheureux feliciteront les elus et mettront leurs ressources a leur disposition. Tout betement !!

Paul Charbel

11 h 28, le 17 mai 2016

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Commentaires (1)

  • Je reve d'un jour ou les candidats malheureux feliciteront les elus et mettront leurs ressources a leur disposition. Tout betement !!

    Paul Charbel

    11 h 28, le 17 mai 2016

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