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Liban

Au Chouf, un paysage électoral panaché

La « guerre contre le féodalisme » menée par le CPL dans le caza du Chouf s'est traduite par la mise à l'écart des « chamounistes » à Deir el-Qamar sans que ce résultat porte préjudice à l'alliance entre le PNL et les Forces libanaises. À Damour, Charles Ghafari est reconduit pour un troisième mandat. À Chehim, le courant du Futur subit un revers.

À Deir el-Qamar, aucun candidat « chamouniste » n’a réussi à arracher une place au conseil municipal. Photo Wassim Daou

De la lecture des résultats préliminaires du scrutin municipal au Chouf se dégage un paysage électoral panaché à l'image du panachage pratiqué lors des votes.
À Deir el-Qamar, où historiquement les Chamoun et les Boustany se disputaient le scrutin municipal, c'est la liste « Deir el-Qamar, mon village », appuyée par les Forces libanaises, le Courant patriotique libre et le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, qui a remporté la majorité des sièges, douze sur dix-huit. Les six candidats de la liste adverse « La décision est aux mains de Deir el-Qamar » – soutenue par le chef du Parti national libéral (PNL), Dory Chamoun, les Kataëb et l'ancien ministre Naji Boustany – qui ont réussi à percer avaient été nommés par M. Boustany. Aucun candidat « chamouniste » n'a réussi à arracher une place au conseil municipal.

 

( Lire aussi : Repère municipales : quels types d'infractions ont été constatées à Beyrouth et dans la Békaa )

 


Selon Georges Adwan, député FL du Chouf, la nouvelle approche des élections adoptée par la liste qu'il a parrainée est basée sur l'établissement d'un programme de travail et d'un calendrier pour le réaliser. C'est une telle approche qui a joué en faveur de la liste appuyée par le CPL et les FL. D'un point de vue politique, c'est l'alliance entre deux anciens rivaux qui a porté préjudice au leader du PNL. « L'alliance était contre nature, explique M. Adwan. D'ailleurs, la liste était composée, dans sa majorité, de candidats nommés par Boustany (onze). En somme, c'est lui qui a entraîné Dory Chamoun dans cette bataille. C'était sa liste à lui, mais appuyée par le PNL. » Une alliance qui n'a pas été sans surprendre les électeurs.
Le chef du PNL partage cette opinion. Il confie ainsi à L'Orient-Le Jour qu'il s'attendait à « une certaine défection », d'autant que de nombreuses personnes « fanatiques » n'étaient pas prêtes à faire « l'effort nécessaire pour un ex-ennemi ». À cela s'ajoutent, selon lui, les conditions atmosphériques particulièrement chaudes dimanche qui ont découragé de nombreux électeurs à faire le déplacement.
Tant Dory Chamoun que Georges Adwan affirment que ces élections ne porteront pas atteinte à leurs relations bilatérales, puisque « ce qui nous unit dépasse le niveau local ». « Nous partageons les mêmes principes et visions, et nous faisons tous les deux partie du 14 Mars », insistent-ils, chacun de son côté. Elles ne porteront pas non plus atteinte au symbole du « chamounisme » dans le caza, mais réveillera plutôt la base du parti et « les poussera à agir », constate M. Chamoun.

 

(Lire aussi : Repères municipales : quels types d'infractions ont été constatées au Mont-Liban)

 

Liberté de vote...
À Damour, où la bataille aurait dû être menée contre le « féodalisme » de Charles Ghafari, c'est justement le président du conseil municipal sortant qui est reconduit pour un troisième mandat. La liste qu'il présidait – soutenue par les Kataëb et les Forces libanaises – a remporté la totalité des sièges au terme d'une bataille très serrée. La cause reste, selon Mario Aoun, ancien ministre et haut responsable du CPL au Chouf, la liberté de vote laissée par le CPL à ses partisans. « Je m'attendais à ce que le parti soutienne la liste d'Élias Ammar », souligne Mario Aoun, déclarant qu'il a pris l'initiative de le faire « à titre personnel », parce que « Charles Ghafari doit être mis à l'écart d'autant qu'il représente le féodalisme, la corruption, la politique du non-développement et du non-retour ».
De plus, les aounistes proches de Charles Ghafari « ont eu recours à des procédés agressifs de manière à leurrer les électeurs aounistes qui ont fini par croire que le CPL soutenait le président sortant du conseil municipal ». « Néanmoins, nous avons réalisé un score honorable, la différence entre les deux listes oscillant entre 100 et 600 voix », affirme Mario Aoun.

 

(Lire aussi : Municipales de Beyrouth : les résultats complets)

 

Un revers pour le courant du Futur
Après la déconvenue du courant du Futur à Beyrouth, le chef-lieu de l'Iqlim el-Kharroub a constitué un second revers pour le chef du parti, Saad Hariri. La liste parrainée par Mohammad Hajjar, député du courant du Futur à Chehim, a en fait été percée par dix candidats de la liste « Chehim, notre famille », formée par les familles et soutenue par la société civile.
Selon des observateurs, « ces résultats constituent une défaite pour le courant du Futur et le Parti socialiste progressiste » qui parrainaient la liste consensuelle des familles et des partis « L'entente à Chehim », aux côtés de la Jama islamiya et de l'ancien député Zaher el-Khatib. Cela s'explique par un ras-le-bol général, les familles « ne pouvant plus endurer la fainéantise des conseils municipaux qui se sont succédé et qui ne remplissaient pas leur devoir, alors que la bourgade a besoin de moult projets de développement ».
Mohammad Hajjar a pour sa part une autre lecture des résultats. Il indique que la bataille à Chehim n'a jamais revêtu un caractère politique, mais familial. « Mon rôle a toujours consisté à parrainer la liste choisie par les familles, explique-t-il. Je n'impose aucun candidat. » « Mis à part les élections de 2004, le courant du Futur n'a jamais mené des batailles féroces à Chehim », avance-t-il encore, affirmant que « la majorité des dix-huit candidats élus sont dans l'orbite politique du courant du Futur et du PSP ».


Selon des sources, deux membres de la liste parrainée par le courant du Futur, l'ancien ambassadeur Zeidane es-Saghir et Ziad Hajjar, pourraient présenter leur démission.
Commentant les résultats à Baakline, où la liste qu'il parrainait a remporté la totalité des sièges, le député Marwan Hamadé a déclaré que « les choix menés par les familles renouvellent les constantes du village et mettent l'accent sur la légitimité de la concurrence démocratique et la nécessité de préserver l'unité de la ligne nationale à la Montagne, parrainée par Walid Joumblatt et enracinée dans le cœur des habitants ».

 

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De la lecture des résultats préliminaires du scrutin municipal au Chouf se dégage un paysage électoral panaché à l'image du panachage pratiqué lors des votes.À Deir el-Qamar, où historiquement les Chamoun et les Boustany se disputaient le scrutin municipal, c'est la liste « Deir el-Qamar, mon village », appuyée par les Forces libanaises, le Courant patriotique libre et le Parti...

commentaires (1)

"Marwan Hamadé a déclaré que les choix menés par les familles renouvellent les constantes du village et mettent l'accent sur la légitimité de la concurrence démocratique et la nécessité de préserver l'unité de la ligne nationale à la Montagne, parrainée par Walid Joumblatt et enracinée dans le cœur des habitants." ! "Sacré" H'mééédéh ! Toujours avec sa seule belle prose.... Rien d'autre.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

07 h 26, le 17 mai 2016

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Commentaires (1)

  • "Marwan Hamadé a déclaré que les choix menés par les familles renouvellent les constantes du village et mettent l'accent sur la légitimité de la concurrence démocratique et la nécessité de préserver l'unité de la ligne nationale à la Montagne, parrainée par Walid Joumblatt et enracinée dans le cœur des habitants." ! "Sacré" H'mééédéh ! Toujours avec sa seule belle prose.... Rien d'autre.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 26, le 17 mai 2016

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