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Liban - Droits de l’homme

Au Liban, la communauté LGBT toujours en guerre contre les discriminations

Plusieurs événements ont marqué de jeudi à dimanche la Journée internationale de la lutte contre l'homophobie

« Taouk, fajita, moi j’aime Rita ! Fajita, taouk, moi j’aime Farouk ! », scandaient les manifestants.

Jeudi soir, Helem a organisé une projection de film à Hamra, en compagnie de militants LGBT (lesbiennes, gays, bis et transsexuels) et de représentants de l'association March à l'occasion de la Journée internationale de la lutte contre l'homophobie et la transphobie, le 17 mai.
La projection a eu lieu à Spears, où les participants ont pu découvrir Priscilla, folle du désert, un film australien relatant l'histoire de deux drag-queens et d'une transsexuelle qui traversent l'Australie à bord d'un bus baptisé Priscilla.
L'organisation milite activement contre le harcèlement et pour l'obtention de droits pour les LGBT. Helem se bat pour l'arrêt des violences faites par la police envers les homosexuels et le changement du regard de la société sur les LGBT.
Un membre de l'association explique : « Lorsque mon père a découvert que je suis gay, le pire n'a pas été d'accepter que je fréquente des hommes, mais le regard que les voisins et l'entourage ont porté sur la famille. Notre société n'accepte pas l'homosexualité, ce n'est pas encore ancré dans les mœurs, et cela doit changer. »
Fondée en 1998, l'association est passée d'un petit mouvement clandestin à une ONG qui prend de plus en plus d'ampleur et regroupe de nombreux militants, avec même une filiale en France.

« Taouk, fajita, moi j'aime Rita ! »
Dimanche, une cinquantaine de personnes ont répondu présent à l'appel de Helem à se rassembler dimanche devant le poste de police de Ras-Beyrouth (ancien Hobeiche) pour dénoncer ce qu'elles appellent « les violences policières » à l'encontre des minorités sexuelles.
« Taouk, fajita, moi j'aime Rita ! Fajita, taouk, moi j'aime Farouk ! » s'époumone l'un des organisateurs dans le micro. Le slogan est repris par la foule, amusée. C'est avec le sourire et des foulards arc-en-ciel qu'une grosse poignée de militants LGBT est venue à partir de 18h crier son ras-le-bol devant les portes du commissariat de Ras Beyrouth.
Car si la bonne humeur est de mise parmi ce groupe dont presque aucun membre ne semble dépasser les trente ans, la rancœur devient palpable dès que l'on évoque ce qui se passe une fois passées les portes du bâtiment. « Nous sommes pour l'État de droit, mais entre ces murs, il n'y a plus ni État ni droit », fulmine Bahjat en désignant le commissariat. « Pour les homosexuels, il y a des progrès en matière judiciaire, il y a des progrès dans la société. Il n'y a qu'avec la police que les choses ne changent pas », renchérit Joseph, la trentaine et probablement l'un des doyens de la manifestation.

« L'homophobie se soigne »
En effet, si l'abolition de l'article 534 du code pénal, qui prévoit jusqu'à un an de prison et un million de livres libanaises d'amende pour les relations « contre nature », est réclamée par Helem, la priorité absolue ne semble pas là. « Le plus souvent, les juges classent sans suite les affaires de relations avec une personne du même sexe. Les policiers le savent, alors, ils préfèrent tabasser et extorquer de l'argent contre la non-révélation de l'homosexualité aux parents, puis relâcher les gens plutôt que de les traduire devant les tribunaux », poursuit Joseph. Et en la matière, le commissariat de Ras Beyrouth semble être un cas d'école. Spécialisé dans les affaires de mœurs (homosexualité, mais aussi prostitution ou trafic de stupéfiants), c'est souvent lui qui est cité dans les témoignages de torture à l'encontre des LGBT, mais aussi des prostitués ou des petits revendeurs de drogue.
À 19h00, le groupe commence à diminuer. Un manifestant brandit une pancarte : « L'homosexualité n'est pas une maladie, l'homophobie se soigne » devant la route longeant le commissariat. Les voitures marquent une pause pour lire le message, et à chacune d'elles un policier fait signe d'avancer d'un air impatient. Une matière de dire « Circulez il n'y a rien à voir ». Pour combien de temps encore ?

Jeudi soir, Helem a organisé une projection de film à Hamra, en compagnie de militants LGBT (lesbiennes, gays, bis et transsexuels) et de représentants de l'association March à l'occasion de la Journée internationale de la lutte contre l'homophobie et la transphobie, le 17 mai.La projection a eu lieu à Spears, où les participants ont pu découvrir Priscilla, folle du désert, un film...

commentaires (1)

Le plus souvent, les juges classent sans suite les affaires de relations avec une personne du même sexe. Les policiers le savent, alors, ils préfèrent tabasser et extorquer de l'argent contre la non-révélation de l'homosexualité aux parents, puis relâcher les gens plutôt que de les traduire devant les tribunaux. Et en la matière, le commissariat de Ras Beyrouth semble être un cas d'école. Spécialisé dans les affaires de mœurs (homosexualité, mais aussi prostitution ou trafic de stupéfiants), c'est souvent lui qui est cité dans les témoignages de torture à l'encontre des LGBT, mais aussi des prostitués ou des petits revendeurs de drogue." ! Qu'en pense "Le Moderniste Futur" ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

07 h 33, le 17 mai 2016

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Commentaires (1)

  • Le plus souvent, les juges classent sans suite les affaires de relations avec une personne du même sexe. Les policiers le savent, alors, ils préfèrent tabasser et extorquer de l'argent contre la non-révélation de l'homosexualité aux parents, puis relâcher les gens plutôt que de les traduire devant les tribunaux. Et en la matière, le commissariat de Ras Beyrouth semble être un cas d'école. Spécialisé dans les affaires de mœurs (homosexualité, mais aussi prostitution ou trafic de stupéfiants), c'est souvent lui qui est cité dans les témoignages de torture à l'encontre des LGBT, mais aussi des prostitués ou des petits revendeurs de drogue." ! Qu'en pense "Le Moderniste Futur" ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 33, le 17 mai 2016

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