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Liban - Municipales 2016

Au littoral du Metn, comme ailleurs, un pot-pourri d’alliances entre familles et partis

À Dbayé, Antélias, Jal el-Dib et Sin el-Fil, l'ancien ministre de l'Intérieur Michel Murr défend des vétérans de l'action municipale contre des listes soutenues par les Forces libanaises et le Courant patriotique libre, et formées de jeunes et de nouveaux venus.

Une rude bataille s’est livrée hier à Sin el-Fil.

Parallèlement aux élections qui se sont déroulées hier dans les localités de Dbayé, Antélias, Jal el-Dib et Sin el-Fil, sur le littoral du Metn, les candidats aux municipalités de Jdeidé, Dekouané et Bourj Hammoud ont été élus d'office suite à des accords conclus avant le scrutin. Ces accords étaient parrainés par l'ancien ministre de l'Intérieur Michel Murr, dont la fille Myrna est présidente de la Fédération des municipalités du Metn et aussi présidente de la municipalité de Bteghrine, dans le Haut-Metn.

À l'évidence, le député Michel Murr influence toujours les élections du Metn. Il en demeure un personnage-clé et soutient dans diverses régions des vétérans de l'action municipale.
Ainsi, à Dbayé, l'ancien ministre soutenait la liste de Kabalan Achkar, président du conseil municipal depuis 1961. À Antélias, il soutenait la liste d'Élie Abou Jaoudé, qui brigue un troisième mandat et dont le père, Farhat, avait occupé pendant longtemps le poste de président du conseil municipal.
À Jal el-Dib, il appuyait la liste de Raymond Attié, actuel membre du conseil municipal, le président sortant, Édouard Zard Abou Jaoudé, âgé de 92 ans, qui avait déjà rempli plusieurs mandats, étant trop fatigué pour se présenter aux élections.
À Sin el-Fil, M. Murr soutenait la liste de Nabil Kahalé, qui brigue un troisième mandat et qui avant de présider la municipalité était membre du conseil municipal.

(Lire aussi : Au Metn central, quelques batailles acharnées, en toute courtoisie)

Il serait trop facile d'avancer que les listes qui s'opposaient à celles soutenues par Michel Murr, dans le littoral du Metn, étaient des listes de partis politiques ou de familles. Au Liban, tout s'entremêle lors des municipales et rien n'est jamais tranché. Cependant, il serait peut-être correct de relever que c'était des listes formées de candidats un peu plus jeunes, qui aspirent eux aussi à jouer un rôle dans leur localité.
À Dbayé, hier, trois listes s'affrontaient, celle de Kabalan Achkar soutenue par M. Murr, le Parti syrien national social (PSNS) et les Forces Libanaises, une autre présidée par Ziad Doumit, soutenue par le Courant patriotique libre (CPL) et les Kataëb, et une troisième incomplète, présidée par Joseph Achkar, soutenue elle aussi par des aounistes.

Dans cette localité – qui compte 3 500 électeurs – à l'instar d'Antélias, de Jal el-Dib et de Sin el-Fil, les familles étaient divisées, et souvent des parents et des cousins se trouvaient sur des listes opposées.
À Antélias, la liste d'Élie Abou Jaoudé soutenue par Michel Murr faisait face à la liste d'Élias Safi, soutenue par les Kataëb, les FL et les aounistes, et cela même si un membre du CPL se trouvait sur la liste opposée. Un des électeurs se demandait à qui le Tachnag donnerait ses voix, le candidat du parti se trouvant sur les deux listes. Dans cette localité, qui compte 6 000 électeurs dont 3 000 se présentent généralement aux urnes, il existe une importante communauté arménienne de 1 000 votants. Les scrutateurs du Tachnag dans le littoral du Metn étaient hier très discrets, particulièrement à Antélias, Dbayé et Jal el-Dib. Ils refusaient de dire pour qui leur parti donnerait ses voix. Ils se contentaient de prendre soin des électeurs arméniens qui arrivaient, leur donnant des indications et des listes, et les accompagnant au bureau de vote.

(Voir aussi : Le scrutin au Mont-Liban, en images)

À Jal el-Dib, deux listes s'affrontaient : celle de Raymond Attié, soutenue par Michel Murr, Georges Zard Abou Jaoudé, fils de l'actuel président du conseil municipal, propriétaire de Beit Misk et de l'ancienne Banque libano-canadienne, Youssef Mallah, propriétaire d'importantes stations d'essence dans la région, et du parti Kataëb. Cette même liste était soutenue par le député CPL Nabil Nicolas qui a souligné dans une déclaration : « Je suis parlementaire et je ne respecte que la décision du commandement, et le CPL n'a pas donné de directives au sujet des élections municipales à Jal el-Dib. »
Une liste présidée par Andrée Zard, soutenue par le PSNS, les FL et le CPL, faisait face à la liste de Raymond Attié.
D'aucuns ont accusé la liste de Raymond Attié d'achat de voix ou encore de menaces, de pressions et de chantage sur les personnes qui travaillent dans des entreprises relevant de Georges Zard Abou Jaoudé et de Youssef Mallah.
« C'est la dernière fois que Nabil Nicolas sera élu député. Les habitants de Jal el-Dib ne lui donneront plus leurs voix. Nous nous étions tous mobilisés pour lui en 2009. Qu'il ne compte plus sur nous pour être réélu député », s'insurge Maroun.

(Lire aussi : La canicule n’a pas réussi à refroidir l’enthousiasme des électeurs dans les régions de Baabda-Aley)

Sin el-Fil

À Sin el-Fil, une dure bataille a opposé la liste présidée par Nabil Kahalé, soutenue par Michel Murr et les Kataëb, et celle de Youssef Chaoul, soutenue par le CPL et les FL. Un candidat aouniste, Kamal Sfeir, figurait toutefois sur la liste de Nabil Kahalé. Ses électeurs ont voté à Horch Tabet durant la matinée. C'est ce qui a probablement poussé le député du CPL, Ibrahim Kanaan, qui soutenait la liste de Youssef Chaoul, à appeler vers 13 heures « les électeurs du littoral du Metn à se présenter massivement aux urnes pour entériner la liberté de choix et la démocratie ».

Tony, un électeur de Sin el-Fil, reconnaît que la bataille est rude et souligne : « Nous sommes tous parents et amis. Une partie perdra certes, mais demain on se retrouvera autour d'un verre ou d'un dîner. Les résultats se joueront à une centaine de voix. »

Beaucoup de jeunes de Sin el-Fil aspirent au changement. L'énorme siège de la municipalité construit par Nabil Kahalé a porté préjudice à l'actuel président. « C'est plus grand que le palais de Baabda. Il nous avait promis trois étages de parking au sous-sol, mais la promesse n'a pas été tenue », souligne un électeur.
Pierre est originaire de Rmeich, à la bande frontalière, mais il est né à Sin el-Fil. « La localité compte environ 6 000 électeurs et plus de 50 000 habitants. Les gens comme moi sont pris en otage. Je paie tous les frais nécessaires à la municipalité, mais quand il s'agit de faire une demande pour une quelconque autorisation, je n'ai pas la priorité parce que je ne vote pas ici. Je me sens chez moi à Sin el-Fil, c'est là où j'ai grandi, c'est là où je vis au quotidien. J'ai donc le droit de choisir, car même si je ne vote pas ici, Sin el-Fil est ma ville », souligne-t-il, appelant à l'instauration d'une véritable décentralisation permettant aux habitants d'une localité dont ils ne sont pas originaires de voter lors des municipales. Mais cela est une autre histoire.


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Quitter l'Exil, pour revenir paître dans ce Marais ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 26, le 16 mai 2016

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Commentaires (1)

  • Quitter l'Exil, pour revenir paître dans ce Marais ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 26, le 16 mai 2016

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