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Moyen Orient et Monde

François Georges-Picot, le colonialiste convaincu

Cloué au pilori depuis plusieurs décennies pour ce qu'il incarne, Francois Georges-Picot était-il l'homme sans foi ni loi, n'ayant d'yeux que pour la France et son empire colonial ? Le diplomate français, à l'origine de la répartition des restes de l'Empire ottoman avec son homologue anglais Mark Sykes, est devenu un véritable mythe, objet de critiques qui le tiennent pour responsable de tous les maux du Proche-Orient au XXe siècle. Quitte à parfois largement surévaluer son rôle. « Il est temps que le Français Georges-Picot et l'Anglais Sykes retournent à leurs tombes. La fin de leur accord a sonné », peut-on ainsi lire sur Twitter. « La guerre en Syrie, la guerre israélo-palestinienne, les guerres du Golfe : tout est de la faute de François Georges-Picot et de Mark Sykes, moi j'vous l'dis ! » lit-on plus loin.

L'anathème à son égard est davantage symbolique que ciblé et mérité. Mais qui donc se cache derrière cette moustache drue et cet air bienveillant ?
Licencié en droit, François Georges-Picot, fils du juriste et historien français Georges Picot, devient avocat à la cour d'appel de Paris en 1893 avant de s'orienter vers la diplomatie en 1895. Il débute en tant qu'attaché d'ambassade à la Direction politique en 1896, puis devient secrétaire d'ambassade à Copenhague et Pékin. Peu avant le début de la Première Guerre mondiale, le diplomate français est nommé consul de France à Beyrouth. Lors du déclenchement de la guerre, il se rend au Caire d'où il entretient des relations avec les chrétiens maronites du Liban. Il est appelé à Paris au printemps 1915 par le ministère des Affaires étrangères alors que le démantèlement de l'Empire ottoman se profile peu à peu.

Complexe allemand
C'est un partisan de la « Syrie intégrale » sous mandat français, dont les frontières iraient d'Alexandrette au Sinaï et de Mossoul jusqu'au littoral méditerranéen. En effet, lorsque la question ottomane est posée, Picot, alors consul de France à Beyrouth, se range parmi les ardents défenseurs du redéploiement syrien de la politique française. Ses ambitions d'étendre les intérêts et la culture de la France au Moyen-Orient s'accordent à son appartenance au parti colonial, groupe de pression créé en 1890 en faveur d'un rayonnement de la France à travers le monde. Ce comité de notables et d'élus français se lançait pour mission d'influencer les décisions politiques dans le sens de l'expansion. Selon Charles-Robert Ageron, historien français et spécialiste de la colonisation, le parti colonial était « original en ce qu'il recrutait dans toutes les familles de pensée et qu'il n'avait pas d'ambitions électorales ». C'est également un parti, à l'origine, stimulé par un complexe vis-à-vis de la supériorité allemande.
François Georges-Picot négocie en 1916 au nom de la France ce qu'on appellera plus tard l'accord Sykes-Picot avec la Grande-Bretagne, divisant les restes de l'Empire ottoman entre les deux puissances européennes. Il sera par la suite haut-commissaire en Palestine et en Syrie de 1917 à 1919, puis ambassadeur en Argentine.
Grand-oncle de l'ex-président français Valéry Giscard d'Estaing et de l'actrice de renom Olga Georges-Picot, il décédera en 1951 à Paris laissant derrière lui une carte du Moyen-Orient toujours inchangée et de plus en plus obsolète. Une carte à l'image du triomphe de l'impérialisme européen et de l'insatiable cupidité de l'homme.

Cloué au pilori depuis plusieurs décennies pour ce qu'il incarne, Francois Georges-Picot était-il l'homme sans foi ni loi, n'ayant d'yeux que pour la France et son empire colonial ? Le diplomate français, à l'origine de la répartition des restes de l'Empire ottoman avec son homologue anglais Mark Sykes, est devenu un véritable mythe, objet de critiques qui le tiennent pour responsable de...

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