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Liban - Réfugiés

Pour que la Méditerranée cesse d’être la mer de la mort

L'Italie devrait recevoir un millier de réfugiés, à travers un couloir humanitaire, suite à une initiative œcuménique qui a reçu l'aval du gouvernement de Rome.

À l’aéroport de Beyrouth, une longue attente avant d’arriver à destination.

Cent et un réfugiés syriens ont pris un vol Alitalia pour Rome la semaine dernière pour se faire une nouvelle vie en Italie. L'initiative est œcuménique, elle porte la signature de deux associations italiennes, la communauté catholique de Sant'Egidio et la Fédération des églises évangéliques.
En tout, en l'espace de deux ans, un millier de réfugiés devraient être relogés en Italie. Plus de 600 font partie des réfugiés syriens et irakiens que le Liban accueille, le reste partira du Maroc qui abrite des réfugiés du Sub-Sahara et de l'Éthiopie et où des Érythréens et des Somaliens ont également trouvé refuge.
Dans le bus qui l'amène de l'école Saint-Grégoire à Achrafieh, où un dernier repas a été servi avant le départ, vers l'aéroport de Beyrouth, Rouba, 36 ans, réfugiée syrienne, ne cache pas son émotion.

« J'avais 13 ans, il y a 23 ans, ma nouvelle vie a commencé ici devant l'Hôpital Saint-Georges des orthodoxes. J'avais eu des complications à l'hôpital à Lattaquié, j'ai été transférée à Beyrouth et c'est là qu'on m'a coupé le bras pour me sauver la vie », raconte cette assyrienne, qui part en Italie avec son mari Fady, 37 ans, souffrant de polio, et qui est lui originaire de Hassaké, et leur fils Marcos, âgé de 11 ans. « Je sais qu'une nouvelle vie commencera pour moi. Je suis contente pour mon fils. Il pourra étudier, avoir un meilleur avenir. C'est par miracle que nous partons aujourd'hui pour l'Italie, dit-elle. Là-bas, au moins, ils s'occuperont de nous. Nous avons beaucoup souffert depuis que nous avons quitté Hassaké, il y a deux ans. »

Zarifa, 33 ans, son mari Mohammad, 34 ans, et leurs trois enfants partiront aussi. Le tout petit, Layth, né le 29 février dernier, souffre d'une maladie congénitale qui a atteint la moelle épinière et le cerveau. Il a besoin d'une intervention chirurgicale urgente pour mieux supporter sa maladie plus tard. La famille vit au Liban depuis trois ans et demi. « Je m'inquiète bien sûr de cette nouvelle vie, mais sans ce départ en Italie, mon fils n'ira jamais mieux », dit-elle.

En fait, ce projet pilote œcuménique s'adresse aux plus vulnérables, notamment les personnes ayant des problèmes de santé, les femmes seules avec enfants et les personnes du troisième âge. Ces réfugiés à qui un couloir humanitaire est assuré grâce à la coopération de la communauté de Sant'Egidio avec les ministères italiens de l'Intérieur et des Affaires étrangères démarreront une nouvelle vie en Italie. Ils seront aidés par les ONG et les paroisses jusqu'à ce qu'elles deviennent indépendantes. Elles apprendront l'italien afin de s'intégrer en société et bénéficieront d'un visa humanitaire. Leurs enfants seront scolarisés et les plus âgés apprendront des métiers.
« Il faut préserver la dignité de ces personnes. Il faut que la Méditerranée redevienne une mer de la vie et non de la mort, et il faut aussi que l'Europe remplisse son rôle humaniste et humanitaire », souligne Massimiliano Signifredi, de la communauté de Sant'Egidio.

Dans le bus, une femme assyrienne aux grands yeux verts et qui a requis l'anonymat parle de son passé à Hassaké et de ses parents qui vivent toujours dans un village du Khabour malgré les destructions. « J'étais enseignante. Mes deux enfants allaient à l'université à Damas. J'espère qu'ils pourront facilement s'intégrer. Nous serons relogés à Rome. Nous sommes obligés de nous adapter », dit-elle. « Nous avions une vie en Syrie. Des parents, des amis. Nous ne manquions de rien. Nous étions chez nous », ajoute-t-elle, comme si elle faisait le bilan de sa vie dans son pays d'origine et les deux ans d'exil libanais.

Séraphina, 43 ans, est syriaque-orthodoxe d'Alep. Cela fait deux ans qu'elle s'est réfugiée au Liban. Elle part en Italie avec son mari Samer, leurs trois enfants, son père et sa mère. Sa sœur est déjà partie en Allemagne à travers l'UNHCR. Elle a une sœur et un frère qui vivent depuis assez longtemps aux Pays-Bas. Elle n'a plus qu'un frère à Alep.
« Mes sentiments sont mitigés. Je suis contente de partir, mais inquiète aussi de la nouvelle vie qui s'annoncera pour nous ; je suis triste également pour tous mes proches que je laisse à Alep. J'ai sauvé ma peau, mais les autres sont toujours sous les bombes. »
D'autres réfugiés partiront dans les mois à venir.

 

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Cent et un réfugiés syriens ont pris un vol Alitalia pour Rome la semaine dernière pour se faire une nouvelle vie en Italie. L'initiative est œcuménique, elle porte la signature de deux associations italiennes, la communauté catholique de Sant'Egidio et la Fédération des églises évangéliques.En tout, en l'espace de deux ans, un millier de réfugiés devraient être relogés en Italie....

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