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Culture - Lancement

Le Festival international de Baalbeck : 60 ans contre vents et marées

« Visiter le Soleil », du 22 juillet au 28 août, et s'enivrer avec Bacchus de musiques, de danses et de spectacles.

Malgré les secousses que le pays a traversées, le Festival international de Baalbeck persévère, messager de paix brandissant le flambeau de la culture, synonyme de résistance. Pour son soixantième anniversaire, la présidente du festival, Nayla de Freige, a annoncé hier à la Salle de Verre du ministère du Tourisme, le programme qui s'étalera du 22 juillet au 28 août 2016 au Temple de Bacchus, certains sur les marches et d'autres à l'intérieur, récemment rénové. Mme de Freige était entourée des ministres de la Culture et du Tourisme, Rony Arayji et Michel Pharaon, de Leila Solh Hamadé, du mohafez de Baalbeck-Hermel Bachir Khodr, du président de la municipalité de Baalbeck Hamad Hassan, de Habib Khoury, représentant la Société générale, un des principaux sponsors de l'événement, ainsi que de Abdel Halim et d'Ivan Caracalla.
« C'est en 1956 que le président Camille Chamoun a initié la première assemblée du Festival international de Baalbeck composée de mécènes et de personnalités du monde culturel et qu'il a inauguré la première édition officielle de notre festival, a rappelé la présidente actuelle. Depuis, le président de la République libanaise en exercice est notre président d'honneur. Sans président aujourd'hui, nous sentons une absence, mais ceci ne nous empêchera pas de faire un festival à la hauteur de cet anniversaire qui nous tient énormément à cœur. »
Elle a également rappelé que, depuis 1956, le festival a accueilli les plus grands artistes de ce monde et mis sur scène les plus grands noms libanais. « L'écrin de Baalbeck, avec ses magnifiques temples, rend ce festival, le plus ancien et le plus prestigieux de la région, difficile à comparer à d'autres festivals », a martelé Nayla de Freige.
Diversifié, au confluent des cultures, le programme exprime, de par sa sélection, la détermination des organisateurs à aller de l'avant et à réaffirmer la place prééminente de ce festival sur la scène locale, régionale et internationale. Le festival s'ouvre ainsi, les 22 et 23 juillet, avec Sur la route de la soie, une production théâtrale « grandiose », signée Caracalla Dance Theatre. Cette création musicale dansante est un voyage dans l'histoire, regroupant sur scène des troupes, entre autres, chinoises et indiennes. Le brassage des cultures a en fait toujours caractérisé le festival et assuré sa longévité. Pour la présidente, il était naturel que l'anniversaire des 60 ans soit inauguré avec la troupe de Caracalla. « Natifs de Baalbeck, ils se sont inspirés et enrichis de ce patrimoine pour conquérir le monde. C'est aujourd'hui l'une de nos plus grandes fiertés culturelles nationales. Abdel Halim Caracalla et ses enfants, Ivan et Alissar, travaillent d'arrache-pied avec leurs équipes depuis des mois et des mois sur une nouvelle création dont la musique, la chorégraphie, les costumes et la mise en scène sont inédits. Un spectacle digne de nos 60 ans. »
Pour cette soixantième édition, les genres musicaux se rencontrent. Ainsi, Jean Michel Jarre et une trentaine de tonnes de matériel transformeront la scène pour un concert-show de musique électronique et de jeu d'éclairage qui animeront les marches du Temple de Bacchus, le 30 juillet. La musique pop est à l'honneur également, le 4 août, avec Mika. Connu pour ses performances sur scène, le célèbre artiste britannique de mère libanaise fera chanter et danser son public lors de son second passage à Baalbeck. Par ailleurs, les adeptes du jazz pourront se réjouir : Bob James Quatuor donnera un concert unique, le 12 août, à l'intérieur du Temple de Bacchus. Quant à Lisa Simone, la fille unique de la diva Nina Simone, elle reprendra, le 21 août, les classiques de sa mère et interprétera aussi ses propres morceaux.
Sur un autre registre, le festival donne sa part à la musique orientale et accueillera la chanteuse égyptienne Sherine Abdel Wahab, le 26 août, ainsi que Abeer Nehmé, le 19 août, avec Al-Moutanabbi... Mousafiran abadan. Lors de ce concert qui célèbre le patrimoine musical méditerranéen et de l'Asie Mineure, un dialogue s'établit entre chants irakiens et andalous, célébrations du désert arabe et mélodies des Tziganes de Hongrie, folklore de Damas et d'Alep, et chansons de la Grèce et de la Turquie, entre autres. Enfin, le festival se clôturera sur des airs de tango argentin avec José Van Dam qui revisitera le répertoire de Carlos Gardel, le 28 août. « Visiter le (Temple du) Soleil ? » Jupiter y veille !


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Le top 3 de la rédaction

 

Lisa Simone

Elle n'est autre que la fille unique de la diva Nina Simone, mais il lui aura fallu du temps pour donner vie à son talent et à ses chansons. Après un début de carrière salué par la critique à Broadway, elle reprend brillamment le répertoire de sa mère en studio avec l'album Simone on Simone et sur scène aux côtés de Diane Reeves, Angélique Kidjo et Lizz Wright.
Lisa Simone a désormais tracé son propre chemin et a su se démarquer avec la sortie en 2014 de son premier album de chansons originales All is Well, suivi de l'album My World sorti cette année. En 2016, elle foule les scènes les plus prestigieuses dont celle de l'Olympia de Paris et du Festival de jazz de Montreux. À Baalbeck, Lisa Simone interprétera ses propres morceaux ainsi que les classiques de Nina Simone, et nous rappellera certainement la magie du concert de cette dernière qui s'y était produite en 1998. Dimanche 21 août 2016, au Temple de Bacchus.

 

« Sur la route de la soie »

 
Parce que cette création musicale dansante « pour un voyage au-delà de l'horizon » par la troupe du Caracalla Dance Theatre fait revivre les nuits libanaises traditionnelles du festival et cherche à traverser l'histoire et la géographie en faisant « revivre les événements qui ont donné aux hommes des racines culturelles profondes définissant le tracé historique des régions et des peuples ». Une performance tirée tout droit des tribulations de la « Route de la soie », de ses aventures, de ses expériences et de ses risques, explorant les différentes traditions et cultures des peuples. Vendredi 22 et samedi 23 juillet 2016, sur les marches du Temple de Bacchus.

 

Mika


Le prodige britannique de la musique internationale, de mère libanaise, revient à Baalbeck faire chanter et danser son public dans une nouvelle performance chargée de gaieté et de couleurs. Mika, qui a déjà plus de 10 millions d'albums vendus, a reçu les récompenses or et platine dans 32 pays dans le monde. Son premier disque, Life In Cartoon Motion, s'est tout de suite placé n˚ 1 en Grande-Bretagne et 11 autres pays, alors que le second, The Boy Who Knew Too Much, devait rejoindre les dix premiers titres dans le top 10 de 11 pays. En 2012, The Origin of Love a vu la participation de Pharrell Williams, Nick Littlemore et Ariana Grande. L'artiste travaille actuellement sur son 4e album, No Place in Heaven.
Mika a passé les deux dernières années à conquérir le cœur des audiences de l'Europe, avec son rôle de juge dans la version X Factor italienne, de coach à The Voice France, alors qu'il caracolait en tête du classement dans ce pays, avec son tube Boum Boum Boum.
Il est adulé par les téléspectateurs libanais de tous âges, faisant souvent allusion au pays d'origine de sa mère. Jeudi 4 août 2016, sur les marches du Temple de Bacchus.


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Trois questions à Nayla de Freige

Quels sont l'esprit et les valeurs du Festival de Baalbeck ?
C'est une grande responsabilité que de diriger le festival le plus ancien et le plus prestigieux du Moyen-Orient. Nous projetons l'image du Liban vers l'étranger, et comme le disait dernièrement un haut responsable : « Lorsque le Festival de Baalbeck se porte bien, cela veut dire que le Liban va bien. » Notre rôle est d'apporter la culture occidentale et arabe vers le Liban, et de créer de nouvelles productions libanaises, mettant en avant nos talents créatifs, confirmés et émergents (comme l'année dernière avec Ilik ya Baalbeck et, cette année, Caracalla et Abeer Nehmé). Le dialogue des cultures est le cœur de notre message. Il y a aussi un lieu d'une beauté incomparable, les temples de Baalbeck, qui nous servent d'écrin et que nous devons mettre en valeur, afin d'y faire revenir un public parfois hésitant, pour partager notre joie avec notre environnement, la ville de Baalbeck, et surtout pour fêter cette année nos 60 ans. Une longue histoire.

Si vous deviez participer personnellement à l'un des spectacles que vous programmez cette année, ce serait lequel et pourquoi ?
Question difficile : ma première réaction irait vers un des spectacles grandioses. Mais je pense que j'opterais finalement pour un spectacle intimiste, qui me ressemble plus, à l'intérieur du Temple de Bacchus. J'adorerais savoir chanter et être dans la chorale de Abeer Nehmé pour interpréter tous ces chants d'Orient et de la Méditerranée qui représentent nos racines, notre diversité culturelle.

Concernant les subventions et les taxes de l'État, qu'avez-vous à dire aux responsables ?
Les subventions diminuent, les taxes augmentent, les festivals se multiplient. Je suis inquiète quant aux conséquences budgétaires dont pâtiront les grands festivals historiques, qui travaillent dans des zones éloignées. Les difficultés financières sont déjà grandes et augmentent chaque année, et cela se répercutera sur la qualité des spectacles. J'espère qu'une solution sera trouvée pour faire face à ce problème et garder le niveau culturel escompté. En attendant, je remercie nos partenaires et nos sponsors qui nous soutiennent fidèlement.


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Ils ont dit


Nayla de Freige

« Je suis heureuse de vous annoncer que notre partenariat avec le Festival d'Aix-en-Provence se poursuivra cette année : en novembre, nous présenterons le spectacle Kalila wa Doumna, une production du Festival d'Aix. Dans cet opéra oriental, deux voix libanaises font partie de la distribution : Ranine Chaar et Jean Chahid. Cette participation libanaise, qui s'est faite à la demande du Festival de Baalbeck, est un des éléments importants de ce partenariat. »

Michel Pharaon
« Baalbeck est la boussole. La boussole de la sécurité, la boussole du tourisme, la boussole de la civilisation au Liban, la manière dont celle-ci s'y est établie. (...) On devait tous, et là je remercie le comité du festival, défendre la souveraineté de cette civilisation. Ainsi, nous nous sommes tous réunis, les ministères de la Culture et du Tourisme, le comité, ainsi que les forces de sécurité et l'armée pour dire qu'il est interdit que le Festival de Baalbeck s'arrête. Il aura lieu et persévérera dans ce sens. »
« Cette année il y aura un plan de sécurité et on invite tout le monde à assister au Festival de Baalbeck. (...) L'année dernière, ce qui a nui à la saison touristique, ce n'est pas les problèmes politiques, mais la crise des déchets. Pour cet été, on espère en avoir terminé, et on souhaite que l'accord politique sur la sécurité soit préservé, afin d'avoir un été dynamique, en se donnant un rendez-vous à Baalbeck. »

Rony Arayji
« Soixante-ans, et la fête continue chaque été, se logeant entre les colonnes et les marches de l'histoire, à Baalbeck. (...) Des décennies de réalisations artistiques et culturelles, et la citadelle abrite des soirées de chant, de musique, de danse et de théâtre, où se sont mêlés Orient et Occident. »
« Le mérite en revient au comité du Festival de Baalbeck de revitaliser le théâtre libanais qui a présenté des pièces, se renouvelant sans cesse, traversant la culture de divers peuples (...). Un âge d'or où les Libanais ont découvert le théâtre international à travers des pièces traduites, mises en scène et jouées par des Libanais. »

Leila Solh Hamadé
« Je suis venue renouveler la promesse de la Fondation al-Walid pour le Festival de Baalbeck et dire merci au comité pour sa constance face aux obstacles que l'on rencontre chaque année, ainsi qu'aux ministres Arayji et Pharaon pour leur coopération. » « Baalbeck est encore sur la carte du Liban, que personne ne l'oublie. Baalbeck mérite qu'on la visite, j'y invite tout le monde. Par le fait même que les municipales ont eu lieu, le prétexte sécuritaire est tombé. »

Bachir Khodr
« Suite au succès, au niveau de la sécurité ayant entouré les élections municipales, il est étrange, voire répréhensible, qu'on demande si le festival aura lieu à Baalbeck ou ailleurs. Le festival est revenu à Baalbeck l'année dernière, et y restera encore pour longtemps. »


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Calendrier des concerts

Vendredi 22 et samedi 23 juillet : Caracalla Dance Theatre
Samedi 30 juillet : Jean-Michel Jarre
Jeudi 4 août : Mika
Vendredi 12 août : Bob James quatuor
Vendredi 19 août : Abeer Nehmé al-Moutanabbi... Mousafiran abadan
Dimanche 21 août : Lisa Simone
Vendredi 26 août : Sherine Abdel Wahab
Dimanche 28 août : José Van Dam chante Carlos Gardel.

 

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