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Liban - Médias

Contre vents et marées, « Noun » sort un n° 200 exceptionnel

Le magazine créé par Gebran Tuéni et offert à son épouse Siham célèbre ses 19 ans.

Et de 200 ! Célébrer ses 19 ans sans avoir pris une ride ? Noun l'a fait.
Alors que le processus de délitement de la presse, aussi bien au niveau local que mondial, et qui n'a pas épargné la presse féminine, est en marche, porter haut les couleurs du magazine jusqu'à son 200e numéro – et quel numéro... – est un exploit. En lançant le magazine Noun en 1997, Gebran Tuéni a eu du flair. Tout l'enjeu aura été de faire de ce mensuel bien plus qu'une simple revue de plage. La fidélité de ses lectrices en témoigne – elles qui ont vu Noun grandir et s'épanouir, jusqu'à son dernier relooking en janvier 2015.

Noun est frivole aussi bien que sérieux, people et glamour, mais aussi engagé et à l'écoute de notre société, dont il ne cesse de prendre le pouls. Mais la pérennité de Noun n'aurait certainement pas pu être assurée sans l'ingrédient principal de la recette : l'amour. L'amour d'un homme pour une femme d'abord, en l'occurrence celui de Gebran Tuéni pour Siham, qu'il épousera et à qui il va offrir la direction de Noun. En donnant carte blanche à son épouse, Gebran Tuéni va la propulser à la tête d'un univers dont elle ignore tout, mais qu'elle va rapidement apprivoiser. Un monde dans lequel gravite et travaille une véritable petite famille – bien plus qu'une équipe. À travers son regard de lectrice de magazines féminins étrangers, elle va casser certains codes, suggérer des thématiques plus libanocentrées, mais également briser certaines barrières. Le duo Siham Tuéni-Colette Chibani, la rédactrice en chef de l'époque, va collaborer à l'unisson.

À la tête de la rédaction depuis l'an 2000, cette journaliste hors pair et véritable plume a su gagner le respect et l'admiration de tous. « Grande sœur » ou « maman », tout le monde se souvient, avec une profonde nostalgie, de celle qui avait su diriger son équipe, jusqu'à son décès prématuré en 2012. Quand le numéro de novembre 2002 sort, Siham Tuéni reçoit une lettre de félicitations parmi tant d'autres. Sauf que celle-ci vient de Gebran, qui lui révèle toute sa fierté d'avoir réussi haut la main son premier numéro. Cette transformation radicale du magazine, Jeanine Yazbeck Abi Khalil, secrétaire de rédaction et responsable de la production, la surnomme « la métamorphose ». Pièce indispensable à l'équilibre du journal, elle se souvient des périodes fastes : « On a toujours été dans l'air du temps, même si le magazine a subi plusieurs liftings. Quand un magazine se permet, en 98, de mettre une femme nue en couverture, dans un pays tel que le Liban, c'est qu'il est assez à la pointe », se rappelle-t-elle.

« Petit grain de folie »
En 2002 et jusqu'en 2005, Beyrouth est en pleine effervescence. Le magazine de même. Les soirées mondaines s'enchaînent et se traduisent par ces instantanés, dont les lecteurs raffolent. Gebran Tuéni n'est plus aux manettes, mais fait une incursion de temps à autre. Son assassinat le 12 décembre 2005 va provoquer une onde de choc sur tout le pays et, indéniablement aussi, sur le magazine. Une chape de plomb va peser sur les deux. Noun va rentrer dans une phase quelque peu macabre, où hommages et numéros spéciaux en la mémoire des martyrs s'enchaîneront. Le numéro 93, sorti en février 2006, sera un numéro spécial à la mémoire de son fondateur. Il s'en vendra plus de 100 000 exemplaires, avec plusieurs rééditions, dont une en arabe. Noun ne parlait plus mode. Noun n'avait d'autre choix que de tirer un trait sur une période révolue. À la mort de Colette Chibani, Carla Henoud reprendra le flambeau durant deux années dans des circonstances de deuil difficiles. En janvier 2015, Noun voit arriver une nouvelle rédactrice en chef, pétulante et rieuse : Médéa Azouri. « En Médéa, Siham a détecté ce petit grain de folie qui allait apporter un regard neuf », raconte Jeanine Yazbeck Abi Khalil.

Après les liftings de 2002, puis de 2009, 2015 marque un tournant dans l'histoire du magazine. La maquette fait peau neuve, et l'ambiance cool et débonnaire regagne les couloirs de la rédaction. Dix-neuf ans d'une histoire humaine, avec ses joies et ses larmes, ses éclats et ses déceptions, mais une histoire d'amour avant tout. L'amour du beau, l'amour des femmes et de la mode, avec, là-haut, des étoiles qui veillent sur toute cette joyeuse bande...

 

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