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Culture - Exposition

Au sommet de Jabal 2016, l’étendard du 9e art libanais

Pour sa 12e édition, le Salon des Jeunes artistes des beaux-arts du Liban (Jabal) prend, cette année, le pari d'un art contemporain ludique. Et mise sur le talent des bédéistes et illustrateurs et illustratrices libanais(es).

« Stardust after series », une œuvre magistrale à l’encre, crayon et acrylique signée Ely Dagher. Photo Michel Sayegh

Au cours de plus d'une décennie de découvertes de talents artistiques, Jabal peut se targuer d'avoir mis en lumière quelques belles signatures de l'art contemporain libanais (Ayman Baalbaki, Taghrid Dargouth, Yazan Halawani, entre autres). En offrant une plateforme de visibilité à de jeunes peintres, sculpteurs, plasticiens ou photographes n'ayant (pour la plupart) pas encore eu accès à une exposition individuelle, ce Salon des Jeunes artistes des beaux-arts du Liban, initié par la Fransabank en collaboration avec Laure d'Hauteville, aura assurément contribué à alimenter et dynamiser la créativité de la jeunesse du pays du Cèdre. Et il continue à le faire en explorant, cette année, les potentialités d'un nouveau filon. En harmonie avec l'esprit du siècle. Celui de l'image, graphique, narrative, ludique, mais encore en mouvement. Et cela en dédiant son édition 2016 à la bande dessiné, l'illustration et le cinéma d'animation. Trois mediums qui s'imposent plus que jamais en tant que 9e art. Un art qui occupe peut-être le dernier rang de la traditionnelle classification de ce qui est beau et artistique, mais qui arrive en tête de liste des genres qu'affectionne la génération 2.0.

Pour accompagner cette nouvelle vague, Jabal s'installe cette fois au Yacht Club de Zaytouna Bay. Au sein d'une galerie qui prête jusqu'au 7 mai* ses cimaises aux œuvres d'une vingtaine de talents libanais. La sélection exposée** déroule une belle variété de techniques et d'expressions. Et cela va des planches originales de bandes dessinées aux animations et performances, en passant par les illustrations à l'encre ou à la mine de plomb et les dessins numériques... Des œuvres qui présentent des univers d'artistes tous différents, mais pour la plupart inspirés de leurs expériences, leurs souvenirs et leur vie quotidienne au Liban. Sans compter les planches des stars : Zeina Abirached, dont le dernier roman graphique, Le piano oriental publié chez Casterman, a été largement salué par la presse française ; Ely Dagher, dont une série de dessins surréalistes d'une incroyable finesse de trait et de composition dévoile l'étendue de la palette de ce jeune cinéaste, Palme d'or du court-métrage au 68e Festival de Cannes pour son film d'animation Waves 98 ; ou encore Mazen Kerbaj, un des grands de l'illustration au Liban.

Une première cuvée du genre qui met en lumière « la très grande modernité et, tout à la fois, la maturité de la jeune scène libanaise de la bédé », a relevé Serge Darpeix, directeur artistique et technique des Rencontres du 9e art d'Aix-en-Provence, invité pour l'inauguration. Et qui envisage, a-t-il confié à L'Orient-Le Jour, « une résidence à Aix pour un travail commun mené par un panel d'auteurs et bédéistes libanais avec leurs collègues français et belges ». Projet à suivre donc...

*Horaires d'ouverture : de 16h à 21h.

**Le jury de Jabal est composé de Laure d'Hauteville (conseillère artistique), Marine Bougaran (commissaire de l'exposition) et Pascal Odille (expert à la Chambre nationale d'experts spécialisés).

 

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Les 3 coups de cœur de la rédaction

« L'Orient-Le Jour » a repéré parmi les 21 jeunes talents exposés trois sur l'avenir desquels il est prêt à miser.

Karen KEYROUZ. Son projet de diplôme exposé à Jabal et intitulé Flux et Reflux décrit des histoires d'anxiété dans le Beyrouth d'aujourd'hui, avec un sens consommé de la mise en situation et du trait adéquat. La jeune dessinatrice y a utilisé plus de 12 techniques différentes (monotype, aquarelle, papier carbone, Bic...) pour exprimer cette atmosphère particulière, entre fiction hallucinatoire et récit intime.

Joseph KAI. Auteur, illustrateur, mais aussi pianiste, diplômé de l'Alba et du Conservatoire national de musique. Il est rédacteur en chef du tout récent album collectif Geography du collectif Samandal. Et passe sans hésiter des planches graphiques, subtilement et esthétiquement dénonciatrices des ravages architecturaux subis par la capitale libanaise, à celles de la scène où il collabore avec la compagnie de théâtre (engagé) Zoukak.

Raphaëlle MACARON. Cette illustratrice et auteure-bédéiste aux traits-portraits d'une expressive netteté est diplômée de l'Alba en 2012. Membre de la revue collective de bédé Samandal, elle a participé à des résidences d'art graphique à Angoulême et Montréal notamment. Et a publié un premier ouvrage, Souffles Courts, présenté dans de nombreux festivals du genre.

 

« Le monde se raconte en images »

Serge Darpeix, directeur artistique et technique des Rencontres du 9e art d'Aix-en-Provence, et Michèle Standjofski, illustratrice et bédéiste libanaise, ont insisté, au cours d'une rencontre avec la presse, sur la transversalité de la bédé. « Un art à part entière qui a la capacité de traverser les générations et la faculté d'aborder tous les thèmes », a assuré le premier (...). Expliquant que « la force du geste graphique des bédéistes est leur capacité à organiser les images entre elles de manière à donner quelque chose de narratif, qui raconte et nous fasse comprendre le monde qui nous entoure ». Tandis que l'auteure et professeure de bande dessinée à l'Alba insistait sur le côté « hybride, souple, modeste et très riche tout à la fois de cet art ouvert à toutes les autres disciplines, toutes les formes d'expression. Un art qui continue à se chercher, qui n'est pas sclérosé ni cloisonné et qui est, en ce sens, à l'image du pays du Cèdre ».

 

Les artistes

Zeina Abirached, Jorj Abou Mhaya, Chadi Aoun, Joan Baz, Tracy Chahwan, Rosane Chawi, Ely Dagher, Ghadi Ghosn, Carla Habib, Hatem Imam, Joseph Kai, Mazen Kerbaj, Karen Keyrouz, Omar Khouri, Raphaëlle Macaron, Isabelle Manoukian, Léna Merhej, Barrack Rima, le collectif Samandal, Jad Saout et Patrick Sfeir.

 

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