Chômage US : a-t-on vraiment touché le point bas ?

Les rapports sur l'emploi américain au T1 2016 ont été bons à première vue : des créations d'emploid à 209 000/mois, un taux de chômage faible à 5,0 %, des salaires horaires en hausse de 2.7 % en rythme annualisé... Le consensus prévoit des chiffres similaires en avril, 200 000 créations d'emplois, un chômage à 5,0 % et des salaires en hausse de 0,3 %. Mais, sous cette apparence de robustesse, il y a quelques motifs de déception, voire d'inquiétude : les heures travaillées sont en léger repli et le salaire hebdomadaire est donc peu dynamique ; l'emploi temporaire, un indicateur avancé, a enregistré son plus fort ralentissement depuis la crise ; enfin, le chômage n'a plus baissé depuis six mois, une situation elle aussi inédite ces dernières années, où la tendance était clairement baissière. Une hypothèse à ne pas négliger est que cette stabilité récente est une anomalie statistique, qui pourrait se corriger rapidement. Le niveau extrêmement faible des initial claims et le rebond surprenant de la participation, qui pourrait s'avérer temporaire, sont deux arguments de poids en faveur de cette thèse. Une forte baisse serait très inconfortable pour la Fed qui aura de plus en plus de mal à justifier sa timidité actuelle. En revanche, une stabilité ou une faible variation du taux de chômage ne lui forcerait pas la main. D'ici à la prochaine réunion du FOMC, mi-juin, ses membres disposeront non seulement du rapport d'avril, mais aussi de celui de mai. De quoi peut-être réviser ses projections de taux.