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Liban - Entretiens

May Daouk et Nada Sehnaoui, candidates de combat au service de Beyrouth

L’action municipale est une immense plate-forme pour le développement durable, dit May Daouk.

(Douze hommes et douze femmes qui mettent tout leur poids, leur énergie et leur détermination dans la bataille municipale de Beyrouth. Pour la première fois, les électeurs pourront enfin se décider en fonction d'enjeux urbains et sociaux, et non pas seulement de leurs convictions politiques. Ils sont conscients que voter Beyrouth Madinati pourra changer le visage de la capitale pour les années à venir. Est-ce que ce sera suffisant dans les urnes ?
La parole est donnée à deux candidates de Beyrouth Madinati.

 

May Daouk : Tradition et patrimoine pour un développement durable


« L'action municipale est une immense plate-forme pour un développement durable, au sens large du terme. » Cette architecte d'intérieur ne cantonne pas son discours sur les questions des services d'utilité générale, c'est-à-dire l'entretien des rues, l'approvisionnement en eau, les déchets, les infrastructures, l'urbanisation, l'environnement et la création d'oasis... « Cela va sans dire, c'est la mission, la responsabilité et l'obligation de la municipalité de les garantir », dit-elle. Pour elle, apparaissent de nouveaux engagements : « Travailler main dans la main avec les artisans, les aider à préserver et à transmettre leur savoir-faire; les mettre en contact direct avec les besoins et le goût du consommateur. » La démarche consiste à réhabiliter les métiers d'art traditionnels et les maîtres artisans : potiers et céramistes, tisserands de laine ou de soie, artisanes de tapis, ou ébénistes... « Des métiers trop souvent oubliés alors qu'ils sont porteurs de réels débouchés et génèrent de nombreux emplois », fait-elle observer. « Certaines de ces activités, héritées du passé, mais, mises au parfum et repensées au gré des tendances contemporaines, donnent lieu à de superbes créations, dont raffolent les créateurs, les designers et les décorateurs, ajoute-t-elle. Aussi, des décisions ont été prises pour promouvoir ce secteur. Des journées portes ouvertes sont prévues à la municipalité pour accueillir les artisans et écouter leurs propositions ou doléances », annonce-t-elle.

 

(Pour mémoire : Beyrouth Madinati sème ses agora dans la capitale)


L'héritage architectural est aussi la passion de May Daouk. « La croissance accélérée ne peut résister aux assauts du modernisme mais il faudrait de l'ordre et du goût dans le plan de la ville, devenue un bloc ininterrompu de gratte-ciel. Elle peut être en mouvement et en évolution permanente tout en conservant son identité traditionnelle, c'est-à-dire ses fières maisons d'autrefois, qui sombrent et disparaissent tout doucement. Ni leur âge ni leur charge d'histoire, pas plus que leur valeur architecturale ne trouvent grâce au regard d'une modernité avide de rentabilité. Arrêtons cet enfer de destructions. Notre politique dans Beyrouth Madinati est d'éviter à la capitale de perdre son âme. Et de sauver ce qui reste, par le biais de règlements qui seront appliqués. Nous entreprendrons des démarches pour trouver des fonds ou des crédits à taux intéressants ou encore des subventions pour permettre la restauration des propriétés relevant du patrimoine », affirme May Daouk. Parallèlement, elle veut dénicher les bâtisses dignes des honneurs d'une plaque historique indiquant ainsi, à titre d'exemple où a vécu Wadih Sabra, compositeur de l'hymne national; où est né Rachid Nakhlé, l'auteur de ce même hymne, ou encore Georges Schéhadé, Élia Abou Madi, Khalil Moutran, et d'autres. Et préserver pour les générations futures quelques reliques de leur histoire et de leur culture !
Son objectif : se mobiliser pour conserver l'artisanat traditionnel libanais et le patrimoine.
Son slogan : « Nous sommes un facteur de changement. »

 

Nada Sehnaoui : Tous ensemble pour que le rêve devienne réalité


« Alors que leur action a mené le pays à une paralysie institutionnelle inédite, les diverses forces politiques s'entendent comme par enchantement pour établir une liste municipale commune, où chacun a placé des personnes qui lui sont tributaires. Leur alliance est un signe clair qu'ils ont peur des élections et de la colère des Beyrouthins qu'ils ont envahis de poubelles, de pollution et de puanteurs », dit Nada Sehnaoui, peintre artiste d'installations, maîtrise et DEA en histoire de Paris IV-Sorbonne, diplômée de l'École du Musée des Beaux-Arts de Boston.
Elle souligne que « l'élément primordial qu'apporte Beyrouth Madinati à la vie politique est (son) indépendance. Mais au-delà des compétences des candidats, la question qui se pose est de savoir au service de qui sont mises ces compétences ? Il est clair que les postulants de la Liste des Beyrouthins ne pourront jamais agir en autonomes, mais en fonction de leur allégeance politique. Les conseils municipaux passés sont une illustration de ce fait ».
« Or, pour Beyrouth Madinati, le citoyen et l'intérêt public sont au cœur de notre plan d'action. Nous sommes engagés au service de la capitale, tous quartiers confondus, et non pas au service des intérêts particuliers. Nous servirons la ville en toute âme et conscience, car nous ne sommes redevables à personne et par conséquent aucune ingérence n'est possible. Aucun politicien ne pourra intervenir pour faire approuver un projet ou nous obliger à reléguer aux oubliettes un autre qui ne lui conviendrait pas. »
« Nous représentons une société civile regroupée autour d'experts décidés de prendre les choses en main et d'amorcer le grand changement. Nous avons établi un programme axé sur les besoins des citadins : transports publics, pollution de l'air, traitement des déchets, éclairage public, espaces verts, sauvegarde du patrimoine, aires de jeux pour les enfants... En bref, un programme en dix points, détaillés sur 27 pages, propose des solutions aux problèmes de la vie quotidienne, loin de l'irresponsabilité, de la médiocrité et de la corruption. Ces dix points seront fermement défendus par les candidats de Beyrouth Madinati une fois élus au conseil municipal. Nous comptons remporter ces élections, mais si jamais ce n'est pas le cas, Beyrouth Madinati mettra sur pied une municipalité d'ombre qui aura pour devoir de surveiller l'action municipale. »
Son défi : « Convaincre les Beyrouthins, tous les Beyrouthins, d'aller voter. Aux dernières élections municipales, le taux de participation était moins de 21 % parce que les Beyrouthins ne croyaient pas que leur voix pouvait changer quoi que ce soit, alors ils s'étaient dits : "Restons chez nous ou allons à la plage !" Aujourd'hui en 2016, la situation est radicalement différente : Beyrouth Madinati est une véritable alternative pour le changement. »
Son slogan : « Tous ensemble nous réussirons. »

 

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