Elles sont attendues et préparées depuis des mois. Les élections municipales, qui débuteront dimanche prochain à Beyrouth, révèlent cette année une soif de changement sans précédent. Un engouement qui pourrait peut-être s'expliquer par l'état délétère dans lequel se trouve le pays, ses parlementaires étant incapables d'élire un président de la République depuis deux ans. L'apparition d'un grand nombre de candidats se réclamant de la société civile, soit parce qu'ils sont membres actifs des ONG, soit parce qu'il s'agit tout simplement de citoyens non affiliés à des partis politiques, a relancé le débat sur le rôle de la société civile au sein des conseils municipaux.
Pour Jihad Féghali, candidat à la municipalité de Houmal (caza de Aley), « la société civile, plutôt que de dénigrer les partis ou les personnes déjà au pouvoir, a pour fonction de proposer des solutions ». « Je ne pense pas qu'il y ait de solution idéale, mais on peut tenter de créer de nouveaux équilibres », indique-t-il, précisant que les batailles électorales se jouent traditionnellement entre les partis politiques dans les grandes villes et entre les clans et les familles dans les petites localités.
M. Féghali, qui est président de l'ONG La troisième voix pour le Liban, estime que la municipalité « est le premier lien entre le citoyen et l'État ». « On ne peut pas faire de révolution au Liban et on ne peut pas changer la législation, on ne peut pas non plus continuer à jeter des tomates sur les députés. Le changement peut commencer par le biais de la municipalité », estime-t-il.
Mais tout n'est pas rose, et M. Féghali met en garde contre le danger qui pourrait guetter les membres de la société civile candidats aux municipales. « Ces candidats doivent faire attention à ne pas tomber dans le piège des alliances politiques. Il faut que la société civile reste vigilante et qu'elle ne sorte pas de son rôle de contrôleur », souligne-t-il.
Beyrouth Madinati, « une chance »
Rana Khoury, candidate à Beyrouth, explique que la liste Beyrouth Madinati réunit « des gens indépendants et des experts, pour qui le bien-être des citoyens est la priorité ». Cette directrice artistique estime que la jeunesse « a perdu confiance en la classe politique » et qu'il est « important de lui redonner espoir ». Les candidats de Beyrouth Madinati insistent sur la proximité avec les Beyrouthins, qu'ils sont allés rencontrer dans les quartiers de la capitale. Ils présentent également un programme consultable sur leur site web (www.beirutmadinati.com) « et pas seulement des promesses orales », précise Mme Khoury.
« Nous avons organisé des discussions avec les habitants de Mar Mikhaël, de Mousseitbé, de Bachoura, de Sioufi et de Kaskas, indique Jean Kassir, chercheur et coordinateur de Beyrouth Madinati. Pour que notre programme électoral soit réaliste, il fallait que les gens nous communiquent leurs besoins. Ils ont mis l'accent sur des sujets qui ont dessiné nos priorités. Ainsi, nous avons pu comprendre que le logement, la sécurité, l'environnement, les infrastructures et les embouteillages sont les sujets qui les préoccupent le plus », souligne-t-il. « Nous ne promettons pas dans notre programme des choses que nous ne pouvons pas réaliser, comme fournir l'électricité 24 heures sur 24. Nos promesses sont dans le cadre des prérogatives de la municipalité », ajoute-t-il avant de conclure : « Les gens voient en Beyrouth Madinati une chance. »
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commentaires (4)
Pas de changement en vue tant que les tribus gouvernent le pays .
Sabbagha Antoine
16 h 52, le 04 mai 2016