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Économie - Liban - Rapport

Neuf Libanais sur dix considèrent que la corruption a augmenté

Le pays du Cèdre obtient, avec le Yémen, les pires résultats de la zone Mena dans un sondage sur la perception de la corruption publié hier par l'ONG Transparency International.

Quelque 80 % des Libanais estiment que les fonctionnaires du fisc sont corrompus, selon le sondage. Photo Bigstock/Staras

Environ 92 % des Libanais estiment que la corruption a augmenté en 2014, un plus haut dans la zone Mena, où cette perception est partagée par 61 % de la population. C'est le constat alarmant établi par un sondage d'opinion publié hier sur les perceptions de la corruption mené entre 2014 et 2015 par l'association Transparency International – en partenariat avec Afrobarometer – auprès de 10 797 adultes dans 9 pays de la zone Mena – Algérie, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine, Soudan, Tunisie et Yémen.
Le Liban, où le sondage a été mené en 2014, se distingue avec le Yémen comme les pays ayant obtenu les notes les plus négatives de la part de leurs citoyens. « Au Liban, la perception du niveau de corruption dans le secteur public est élevée et le public est très critique des efforts du gouvernement pour lutter contre la corruption. Le gouvernement doit prendre des mesures en incluant la société civile, d'autant plus après l'épisode de la crise des déchets », relève pour L'Orient-Le Jour l'auteure de l'étude Coralie Pring. « Le Liban, divisé selon des clivages confessionnels, n'a pas réussi à mettre en place un gouvernement opérationnel depuis que le président de la République a démissionné en 2014 », note le rapport.

 

(Lire aussi : Un 1er-Mai placé sous le signe de la lutte contre la corruption)

 

« Rendre des comptes »
Quelque 67 % des sondés Libanais considèrent que « tous » ou « la plupart » des agents publics sont corrompus – contre une moyenne régionale de 39 % – tandis qu'un quart des sondés (22 %) estiment que « certains » d'entre eux sont corrompus. En détail, les fonctionnaires du fisc sont ceux qui sont le plus perçus comme impliqués dans des actes de corruption (pour 80 % des sondés), suivis des députés et des membres du gouvernement (79 % respectivement), du Premier ministre (69 %), des conseillers municipaux (67 %), des chefs d'entreprise (64 %), et des responsables politiques (62 %). « Aux yeux des Libanais, tous les hommes politiques sont corrompus, et ce sentiment existe depuis toujours. Mais les populations doivent réclamer à ces dernier de leur rendre des comptes, car plus nous sommes conscients de notre responsabilité, plus nous pouvons changer l'attitude des responsables », explique à L'Orient-Le Jour Yahya Hakim, secrétaire général de la Lebanese Transparency Association, l'antenne libanaise de Transparency International.


Or, 76 % de la population libanaise considère que les efforts du gouvernement pour endiguer la corruption sont « faibles », contre une moyenne régionale de 68 %. D'un autre côté, 51 % de la population libanaise estime que les citoyens ordinaires peuvent changer les choses dans la lutte contre la corruption. « L'étendue et la généralisation de la corruption au Yémen, au Soudan et au Liban expliquent pourquoi les cas de corruption ne sont pas signalés. Premièrement du fait de sa normalité et de sa banalité (entre 11 et 14 % des sondés), ou encore car les fonctionnaires auxquels ils dénoncent ces pratiques s'y trouvent souvent impliqués (entre 14 et 15 %). (...) La population libanaise est malgré tout la plus pessimiste, 32 % des sondés estimant qu'ils ne peuvent rien y faire », note le rapport.

 

(Lire aussi : Le Hezbollah accuse le « camp adverse » d’être responsable de la corruption)


Autre volet de la corruption recensé par l'étude : le paiement de pots-de-vin pour obtenir un service public. Au Liban, 28 % des sondés ont déclaré avoir payé un dessous-de-table dans l'année contre une moyenne de 30 % dans la région. Quelque 29 % des libanais ont déclaré avoir payé un pot-de-vin pour obtenir un document officiel (documents d'identités, permis de conduire...), tandis que 19 % des sondés admettent avoir eu recours à cette pratique pour avoir accès aux services publics (eau, électricité..), contre 13 % dans les hôpitaux publics.


Transparency International émet finalement quelques recommandations aux pays de la région, parmi elles le respect des engagements pris contre la corruption à l'échelle internationale tels que la Convention des Nations unies contre la corruption (Uncac), qui prône notamment la pénalisation des pratiques de corruption des agents publics ou la transparence des procédures d'adoption du budget national. « Le Liban est signataire de la convention depuis 2008 mais toujours rien n'a été entrepris pour la respecter », déplore M. Hakim.
Le rapport prône également la mise en place d'une commission au sein du gouvernement pour lutter contre ces pratiques, ou encore l'adoption les principes du G20 sur la transparence sur les ayants droit des sociétés offshore, ou l'adoption d'une loi pour l'accès aux informations. « L'accès à l'information est l'un des pilier de la lutte contre la corruption, mais depuis 2009, cette loi dort au Parlement. Pourtant, au Liban, il n'y a pas un seul manuel de procédure ou formulaire qui est disponible lorsque vous entreprenez des démarches administratives. Sans formulaire, l'agent public peut en profiter pour rallonger ces démarches et vous pousser ainsi à payer un pot-de-vin pour recevoir votre document », explique M. Hakim.

 

 

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Environ 92 % des Libanais estiment que la corruption a augmenté en 2014, un plus haut dans la zone Mena, où cette perception est partagée par 61 % de la population. C'est le constat alarmant établi par un sondage d'opinion publié hier sur les perceptions de la corruption mené entre 2014 et 2015 par l'association Transparency International – en partenariat avec Afrobarometer – auprès...

commentaires (2)

AU LIBAN... TOUS SONT CORROMPUS... VERTU OTTOMANE DE 450 ANS DE GOUVERNANCE DU BAKSHISH... ET ONT CHACUN SON PRIX... DU PLUS PLUS PETIT AU PLUS PLUS GRAND !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 00, le 04 mai 2016

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Commentaires (2)

  • AU LIBAN... TOUS SONT CORROMPUS... VERTU OTTOMANE DE 450 ANS DE GOUVERNANCE DU BAKSHISH... ET ONT CHACUN SON PRIX... DU PLUS PLUS PETIT AU PLUS PLUS GRAND !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 00, le 04 mai 2016

  • LE GOUVERNEMENT DOIT PRENDRE DES MESURES......! QUELLE MESURES ? C'EST UNE CARICATURE ! MAIS C'EST EUX MÊME LES VOLEURS.

    Gebran Eid

    13 h 36, le 04 mai 2016

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