Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Positive Lebanese

Léa Paulikevitch, l’histoire comme tropisme

Parfois on dit que la nostalgie est tout ce qui nous reste quand on a tout perdu. Parfois on dit aussi que la nostalgie empêche d'avancer. On dit aussi que vivre dans le passé coupe de la réalité et compromet le futur. On peut aussi envelopper la nostalgie de tristesse et de regrets, mais on peut aussi la voir comme le plus beau des hommages. Au Liban, où une guerre brutale a détruit sans préavis un pays pour le remplacer par un autre, où la chute a été violente et le réveil douloureux, où la mémoire semble avoir été sabotée par des adeptes de l'amnésie collective, les photos d'archives sont nécessaires et tellement précieuses.


Reconstituer le passé pour réparer le préjudice d'avoir escamoté des millénaires d'histoire, tel est le défi que s'est lancée Léa Paulikevitch. Cette infirmière de profession a, comme tant d'autres Libanais, quitté le pays en 1976 pour tenter de retrouver du travail en France. Et le retour deux ans plus tard a été un grand choc pour Léa qui, en se promenant dans le centre-ville dévasté, a touché du doigt l'irrévocabilité des destructions. Et c'est là que cette jeune femme passionnée d'histoire a senti que la mission qui était la sienne désormais était d'aller chercher là où ils se cachent photos, documents, cartes postales, vidéos qui racontent un fabuleux destin. Celui d'un pays qui ne mérite certainement pas qu'on escamote son histoire. Alors bien plus qu'un hobby, rassembler tout ce qui concerne le Liban est vite devenu une obsession. Et même quand une partie des archives qu'elle avait rassemblées a été volée au cours d'un des épisodes malencontreux de cette satanée guerre, Léa Paulikevitch ne s'est pas découragée. À Beyrouth, à Paris, en Italie et surtout depuis quelque temps sur Internet, Léa cherche, fouille, approfondit et surtout classe par thématiques, dossiers, chronologies des milliers d'archives bienvenues.


En arrêt de travail depuis 12 ans, elle consacre ses journées et une bonne partie de ses nuits à surfer sur de nombreux sites dans le monde entier pour dénicher toutes ces photos ou documents du Liban qu'elle partage ensuite avec ses nombreux amis collectionneurs. Car sur Facebook s'est créé un vrai réseau d'historiens, d'archivistes, de journalistes et d'inconditionnels du Liban qui passent des heures à se challenger, se donner des informations, se lancer dans des recherches et, au final, une simple photo d'archives devient l'objet d'un riche échange où se mêlent histoire, géographie, sociologie et archéologie. Des informations précieuses que Léa conserve et classe pour garder une mémoire tangible de ce qui fait l'histoire d'un pays et Dieu sait combien celle du Liban est riche. Dans la passion jamais rassasiée de Léa, on décèle en filigrane cette rage de s'accrocher à une ville, un pays, de planter bien loin des racines nécessaires quand on vient de très loin. Car c'est vers 1860 que Pietro Paulikevitch, son arrière grand-père, a quitté la Croatie pour embarquer vers l'Orient et qu'il a découvert à l'époque la Bayrout el-Qadima que décrivaient bon nombre d'orientalistes attirés eux aussi par les murs de la ville. Et dans ces récits de voyageurs, ces images sépia, toutes ces archives rassemblées patiemment, passionnément, un véritable trésor, juste pour nous rappeler toute la richesse de notre terre.

Positive Lebanon met en avant les initiatives concrètes de la société civile, celles qui font que le pays tient encore debout. Derrière chacune se tient un Libanais courageux, innovant, optimiste et plein d'amour pour son pays. Un Libanais positif. (voir ici)

 

 

Dans la même rubrique

Bilal Tarabey et Pierre de Rougé, Beyrouth extra-muros

Ali Sayed-Ali, décoder la ville

Nadine Weber, hors des sentiers battus

 

Parfois on dit que la nostalgie est tout ce qui nous reste quand on a tout perdu. Parfois on dit aussi que la nostalgie empêche d'avancer. On dit aussi que vivre dans le passé coupe de la réalité et compromet le futur. On peut aussi envelopper la nostalgie de tristesse et de regrets, mais on peut aussi la voir comme le plus beau des hommages. Au Liban, où une guerre brutale a détruit sans...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut