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À La Une - Syrie

Un peintre syrien accueilli en Lituanie expose ses toiles

Majd, 29 ans originaire de Homs et diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Damas, est arrivé avec ses pinceaux dans les bagages.

 

 

A peine plus d'un mois après son arrivée en Lituanie grâce au programme européen de relocalisation des réfugiés, le Syrien Majd Kara expose ses tableaux dans un petit théâtre de Vilnius. AFP / Petras Malukas

A peine plus d'un mois après son arrivée en Lituanie grâce au programme européen de relocalisation des réfugiés, le Syrien Majd Kara expose ses tableaux dans un petit théâtre de Vilnius. Les sept toiles aux couleurs sombres représentent des visages démesurés et déformés, aux yeux exorbités. Toutes ont été peintes depuis que le jeune artiste a mis le pied sur le sol du pays balte et sont visibles sur un grand site en ligne (majdkara.deviantart.com)

"La peinture est ma passion, pas uniquement un moyen de surmonter les épreuves", explique Majd Kara à l'AFP. Le jeune homme de 29 ans originaire de Homs et diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Damas, est arrivé avec ses pinceaux dans les bagages. Il a décidé de quitter le pays en 2015 avec sa compagne Farah Mohammed, diplômée en économie, excédé par "le manque de soutien aux artistes de la part de la société et du gouvernement et les difficultés de la vie quotidienne".

Farah et Majd passent cinq mois à Istanbul, vivant de petits boulots au noir, de designer pour lui et de professeur d'anglais pour elle. "Obtenir un permis de travail en Turquie coûte extrêmement cher, presque autant que gagner l'Europe, nous avons alors décidé d'y aller", explique Farah. Arrivés sur l'île grecque de Lesbos, ils apprennent que les frontières européennes ont été fermées. "Les gens ne pouvaient aller nulle part, c'est pour ça que nous avons été candidats à ce programme de relocalisation", explique Farah, 27 ans.

Le premier choc à leur arrivée a été la nature. "En Turquie, à Athènes nous étions encore en Orient, puis au fur et à mesure qu'on monte vers le Nord, tout devient différent. Nous ne sommes pas habitués à cette nature, avec tant de forêts, et puis l'architecture est totalement différente, nous n'avons que des hauts immeubles dans les villes". C'est à leur arrivée en Lituanie qu'une jeune troupe de théâtre, "Forumo teatras", les contacte.

'Artistes comme lui'
"Il est très important que les gens puissent rencontrer ces personnes pour de vrai, car l'image des réfugiés dans les médias est trop stéréotypée", explique l'une des actrices, Kristina Mauruseiviciute.
"Durant le spectacle, le public cherchait justement à ce que je me révèle, que dise qui je suis, que j'explique mes valeurs", raconte la jeune femme qui joue une réfugiée de guerre. Par leurs récits, Majd et Farah ont permis aux acteurs de mieux comprendre leur destin.

L'administration du petit théâtre privé a tout de suite dit oui pour exposer les toiles du jeune Syrien. "Il est impossible de rester indifférent, nous avons le même âge, nous sommes des artistes comme lui, ouverts, nous avons bien plus en commun que l'on ne pense", explique Sigita Pikturnaite, l'une des fondatrices du théâtre qui reconnaît que les œuvres sont "difficiles".

Dans le cadre du programme de relocalisation, la Lituanie s'est engagée à accueillir 1105 réfugiés en l'espace de deux ans. A ce jour, elle en a vu arriver onze. Hébergé dans le centre de réfugiés de Rukla pour encore deux mois, le jeune couple, qui a obtenu le statut de réfugiés, apprend le lituanien et prépare son installation à Vilnius. Ils recevront des aides de l’État pendant la première année. Farah a déjà envoyé plusieurs CV pour travailler "dans le domaine de l'économie ou pour enseigner ou traduire de l'anglais". Le jeune peintre veut entrer en contact avec l'Académie des Beaux-Arts.

Même s'ils ont des proches et des amis en Allemagne et n'excluent pas la possibilité de bouger à terme, Farah et Majd voient pour l'instant leur futur en Lituanie. "La question est difficile. Nous voulons mieux découvrir la Lituanie. Si tout se déroule bien et que nous sommes à l'aise, nous pensons rester, mais nous avons passé encore trop peu de temps ici pour décider quoi que ce soit" expliquent-ils, confiants.

 

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