De vulgarité(s) et de salive fraîche...

Nous avons cru, à tort bien évidemment, que les insultes et les limites de la politesse dépassées lors des passages fracassants de Maryam Nour à la télé, surtout dans ses moments de colère, avaient défié toutes les règles de la déontologie et de l'éthique fixées pour un passage télévisé. Idem concernant les passages pour le moins choquants de certains politiciens et leurs prises de bec en direct sur les plateaux des talk-shows, poussant très loin la barre de la courtoisie et du savoir-vivre. Idem pour certaines tenues particulièrement décontractées choisies par des artistes autoproclamées, et pour lesquelles la caméra choisit des angles dignes des meilleurs films pornographiques – transformant ainsi un programme de divertissement anodin en une vraie coulée de sensualité.

Mais rien ne pourrait espérer égaler l'éloquence, la finesse et le raffinement affichés par le tandem hôte du programme The Gossip, le blogueur Élie Bassil et la danseuse du ventre Eleonore Zgheib, qui enchaînent, épisode après épisode, des commérages dont ils assurent être « innocents » – ils disent se contenter de reprendre des infos qui circulent sur les réseaux sociaux. M. Bassil, qui se qualifie volontiers de diva des commérages tout en caressant son chaton à la Dr Claw (le méchant d'Inspector Gadget), savoure avec une moue qui sied merveilleusement bien à son style, les critiques contre lui, invitant même ses contempteurs à poursuivre leur campagne : « Ces attaques participent au succès de mon programme », sourit-il.

Et quel programme ! The Gossip passe en revue tous les faux pas vestimentaires ou comportementaux des stars, avec un zeste généreux de scandales collectés par-ci, par-là, en passant même par les infidélités, les fantaisies sexuelles et les frasques sentimentales des people, le tout sur une musique de fond immonde à base de ricanements bien dosés. Si le présentateur affiche, le plus souvent, un rictus et un détachement face aux critiques, il lui arrive aussi de prendre la mouche, et de se livrer à une véritable diarrhée verbale d'insultes et de mots vulgaires qui se transforment, à l'écran, par une série de bips stridents.

Le tandem, qui est parfaitement harmonieux et complémentaire dans l'art de la présentation, se passe la balle de la moquerie telle une bouffée d'oxygène ravivant la flamme au fond de leurs yeux avides de scandales censés mettre l'eau à la bouche.
M. Bassil, très fier de ses découvertes et de ses scoops, n'aime pas trop ennuyer le téléspectateur. Ainsi, comme un sous-titrage réinventé, il signe de sa voix et de ses commentaires discrets toutes les photos et vidéos de ses « victimes », qu'il appelle « habibti et rouhi », défilant sur le petit écran. Un soin particulier pour le choix des sujets, qu'il accompagne en brandissant dans la main des DVD contenant, prétendument, des photos et des vidéos compromettantes de grands noms de la jet-set libanaise. Des sujets souvent choisis avec la complicité de son club de fans, omniprésent sur Facebook, de véritables chasseurs à l'affût du moindre dérapage des figures publiques.

Ses détracteurs, il les invite, aussi, à scanner d'autres programmes tout aussi polémiques que le sien, comme Ahmar bel khat el-aarid de Malek Maktabi, qui n'hésite pas à recevoir une femme allaitant toujours son fils devenu adolescent !
Ce blogueur vétéran et chasseur aguerri de scandales est-il devenu le pire ennemi des stars aux côtés d'une Madame Eleonore ? Ou est-il simplement une blague de mauvais goût qu'on ne peut se permettre de raconter qu'une seule fois ?
Vendredi sur la OTV à 22h00