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Liban - Repère

Nouveau code de la route, an I : un premier bilan

Le 22 avril 2015 entrait en vigueur le nouveau texte. Des responsables de la Yasa, des FSI et de la Croix-Rouge dressent un état des lieux en demi-teinte.

En « un an, environ 416 000 infractions ont été verbalisées dont la moitié sont des excès de vitesse ». Photo Hassan Assal

Le 22 avril 2016, on « fêtait » le premier anniversaire de la mise en application du nouveau code de la route. À cette occasion, les Forces de sécurité intérieure ont publié un premier bilan qui montre des évolutions positives.
Selon leurs chiffres, entre le 22 avril 2014 et le 22 avril 2015, soit avant l'entrée en vigueur du nouveau code, 4 489 accidents de la route se sont produits, causant la mort de 612 personnes et en blessant 5 929 autres. Du 22 avril 2015 au 22 avril 2016, soit après l'entrée en vigueur du nouveau code, le bilan a été revu à la baisse : 2 784 accidents ont eu lieu, causant la mort de 491 personnes et en blessant 3 792 autres. Il y a eu donc, depuis l'entrée en application du nouveau code, une baisse de 37,9 % du nombre d'accidents, de 19,8 % du nombre de tués et de 36,04 % du nombre de blessés.
Au lancement du nouveau code, le 22 avril 2015, de nombreuses questions avaient été posées quant à ses chances d'être effectivement mis en œuvre. Des questions liées, notamment, au fait que le précédent code ne l'avait pas été, et que le nombre d'agents des FSI formés était insuffisant.
Des responsables de la Yasa, des FSI et de la Croix-Rouge libanaise dressent, pour L'Orient-Le Jour, un bilan de la première année d'application du nouveau code.

416 000 amendes
Pour Joseph Nachar, expert et volontaire à la Yasa, une ONG qui milite pour l'amélioration de la sécurité routière et qui est à l'origine du nouveau code, « le nombre d'accidents a certes légèrement diminué, mais ce n'est pas suffisant ». « Ce qui a surtout augmenté, dit-il, c'est le nombre de contraventions. » « Avec entre 3 000 et 4 000 amendes par semaine, c'est l'État qui profite du nouveau code de la route bien plus que les Libanais », affirme M. Nachar, estimant que ce code « n'est pas appliqué comme il devrait l'être ». Pour lui, « le nouveau code de la route est exceptionnel au niveau de son contenu, mais n'est pas en harmonie avec notre réalité ». « Il n'y a ni volonté politique ni assez de policiers pour que le code soit bien appliqué », déplore-t-il.
Interrogée par L'Orient-Le Jour, une source haut placée au sein des FSI indique de son côté qu'en « un an, environ 416 000 infractions ont été verbalisées dont la moitié sont des excès de vitesse ». Les FSI expliquent ce chiffre par le fait que « le radar ne requiert pas un gros effort » de gestion. « Ce n'est par contre pas facile d'arrêter toutes les personnes qui utilisent leur téléphone au volant, vu notre manque d'effectifs », poursuit la source qui note que 15 000 mobylettes ont été confisquées « malgré la difficulté et le danger de ce travail ».
Interrogée sur le montant que représentent ces contraventions, la source des FSI affirme ne pas le connaître. « Ce point nous intéresse peu, le plus important est de sauver des vies », ajoute-t-elle. Et de poursuivre : « Les résultats obtenus en un an sont exceptionnels. Nous avons 121 victimes en moins, cette baisse n'a jamais été observée par le passé. »

850 nouveaux gendarmes
Selon le secrétaire général de la Croix-Rouge libanaise, Georges Kettaneh, « il y a encore du chemin à faire » pour que le nombre d'accidents de la route diminue. Il indique dans ce cadre que les accidents considérés comme « graves » sont encore nombreux. « L'usager de la route doit recevoir une bonne éducation relative à la sécurité routière et les autorités doivent sanctionner en cas d'infraction et prendre les mesures nécessaires pour améliorer la mise en application du code », estime M. Kettaneh.
Le responsable au sein des FSI confirme que la mise en application du code est un « combat perpétuel » et que les agents de l'institution doivent « travailler encore plus ». Il y a un an, cette même source affirmait que le nombre d'agents des FSI n'était pas suffisant au moment de l'entrée en vigueur du code et que 4 000 agents devraient être recrutés. Depuis, une seule promotion a été diplômée. Le 12 avril 2016, 850 policiers ont rejoint les FSI. « Ces formations prennent du temps », justifie la source.
Le nouveau code prévoit en outre la création d'une unité spécialisée ayant pour rôle de veiller à son application et de gérer les questions de sécurité routière. Il prévoit également la mise en place d'un permis à douze points ainsi que l'adoption de plaques d'immatriculation « intelligentes ». En un an, rien de tout cela n'a été fait. « L'unité spécialisée n'a pas encore été créée parce que cela nécessite un décret », explique la source, sans donner plus de détails. « C'est une affaire politique avec laquelle nous n'avons aucun lien », dit-elle. Le projet de permis à points n'a pas encore été lancé parce que c'est un travail qui « nécessite beaucoup de temps », toujours selon la même source. Et concernant les plaques d'immatriculation intelligentes, « le centre de gestion de trafic a fait un appel d'offres, mais les choses se sont arrêtées là ».

Quelques avancées
Une petite percée a toutefois été réalisée concernant la formation des futurs instructeurs. Le nouveau code de la route impose à ceux qui souhaitent devenir instructeurs dans une auto-école d'être diplômés d'une école technique. « Un programme de formation pour les futurs formateurs a été préparé, et l'année prochaine des élèves pourront être formés pour devenir des instructeurs », assure le responsable au sein des FSI.
Autre avancée : le Premier ministre Tammam Salam a nommé Ramzi Salamé secrétaire du Conseil national de la sécurité routière. Ce conseil, présidé par le chef du gouvernement et comprenant les ministres de l'Intérieur, des Travaux publics et des Transports, de la Justice et de l'Éducation, a pour rôle de préparer des politiques publiques et d'améliorer le code de la route.
« Les choses commencent à bouger, assure la source au sein des FSI, mais certaines améliorations nécessitent du temps et une stratégie qui pourrait s'étaler sur les 10 prochaines années. Il ne faut pas oublier que nous vivons dans des circonstances spéciales : la loi a été appliquée en l'absence d'un président de la République et nous sommes passés par des moments difficiles avec, entre autres, la crise des déchets... »

 

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commentaires (2)

UN ZERO GROS ET GRAS !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 41, le 30 avril 2016

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Commentaires (2)

  • UN ZERO GROS ET GRAS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 41, le 30 avril 2016

  • A part quelques radars bien connus et quelques infractions verbalisées à cause des excès de vitesse la sécurité routière laisse toujours à desirer voire super dangereuse .

    Sabbagha Antoine

    08 h 23, le 30 avril 2016

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