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Culture - Dans les coulisses

Toutes les familles de Matteo el-Khodr

À l'occasion de « Agneus Dei », titre du concert tenu hier soir à l'église Saint-Joseph de la rue Monnot, le jeune contre-ténor Matteo el-Khodr a offert au public une promenade lyrique, légère et colorée, en famille. Rencontre en coulisses.

Matteo el-Khodr et Boran Zaza, jeune pianiste kurde irakienne. Photo Michel Sayegh


L'église Saint-Joseph offre une acoustique parfaite aux chanteurs lyriques. Sa nef toute en longueur accompagne et distribue parfaitement les accords qui y sont joués. En arrivant aux répétitions, 30 minutes avant le récital, on pouvait y rencontrer, hier, Matteo el-Khodr et « ses familles » y procéder aux derniers ajustements, y vérifier la puissance de l'installation comme sa justesse. Car la famille est le cœur de la réussite du jeune contre-ténor. Du papa au sourire de contentement après un sound-check réussi, à Rima, la maman, qui veille et connaît son fils par cœur, qui a l'oreille et le regard pour savoir quand la messe des répétitions est dite et qu'il faut passer à la préparation, et qui a le dernier mot, comme un vas-y empreint de confiance, qu'elle lance à son fils. Elle remplit son rôle d'hôtesse et de maîtresse de maison, et s'occupe des spectateurs/auditeurs.
Direction, alors, les coulisses, pour Matteo. Pas de rituel ou d'habitudes, pas de grigri ou de prières, juste quelques allers-venues pour se libérer, et des mouvements pour se détendre les trapèzes, muscles auxquels l'artiste fait beaucoup appel pendant ses concerts, sa zone sensible, celle qui doit attirer son attention et qui lui permettra de ressortir concentré pour affronter le public et ses œuvres.
Avant de se changer et de se retirer en son intimité, c'est sa petite sœur Riwa, toute en légèreté printanière et douceur fraternelle qui lui offrira un dernier sourire et un regard de fierté. Vient alors le temps de l'intimité et des derniers encouragements, ceux de sa deuxième famille, celle des choristes qui l'accompagnent. Olga, Marianne, Charbel et Fadi chantent avec le contre-ténor depuis de nombreuses années et forment son socle professionnel, sa garde rapprochée.
Et il en a grandement besoin à l'occasion de ce concert, car il a décidé de changer complètement de son modus operandi habituel. Exit l'orchestre, il ne sera accompagné que d'un piano. Au clavier, Boran Zaza, jeune pianiste kurde irakienne installée au Liban depuis 2011, toute en timidité, douceur et maîtrise. C'est aussi la première fois que Matteo interprète des morceaux en dehors de son répertoire habituel et maîtrisé, composé de requiem, Stabat Matter et morceaux baroques. Il se lance ce soir dans un voyage dans le temps et l'espace, du Naples du XVIIe siècle vers les poètes orientalistes français tels Delibes (Lakme) ou encore le sublime Adieux de l'hôtesse arabe de Victor Hugo mis en musique par Bizet.
Souvent les artistes, quand ils commencent un nouveau cycle ou présentent une nouvelle œuvre, ont besoin de petits détails pour se rassurer. En plus de ses chaussures fétiches, des Berlutti mat (teo ?) à bout rond et de ses serviettes brodées porte-bonheur, Matteo a choisi de porter la chemise que Krikor Jabotian lui avait créée pour sa performance au Festival de Beiteddine en 2008, date qui compte beaucoup dans l'essor de sa carrière locale et internationale. La dernière action de Matteo avant le chant sera de boire du « Sirop des chantres » (chanteurs en vieux français), utilisé depuis le XVIIIe siècle par le chœur de la Chapelle Sixtine et qui protège les cordes vocales. Il est alors prêt à se présenter à sa troisième famille, celle de ses aficionados, qui le suivent depuis ses débuts, qui apprécient ses interprétations douces, puissantes, toujours intelligibles malgré les différentes langues, et qui lui apporteront une chaleureuse et méritée standing ovation, après son interprétation habitée de l'Ave Maria.

L'église Saint-Joseph offre une acoustique parfaite aux chanteurs lyriques. Sa nef toute en longueur accompagne et distribue parfaitement les accords qui y sont joués. En arrivant aux répétitions, 30 minutes avant le récital, on pouvait y rencontrer, hier, Matteo el-Khodr et « ses familles » y procéder aux derniers ajustements, y vérifier la puissance de l'installation comme sa...

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