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Culture - Bipod

Des quilles et des jongleries pour une métaphore de la vie

Avant-dernier spectacle de Bipod au théâtre al-Madina sous le signe du cirque qui entre dans la danse. Avec « Je serai là quand tu mourras » de l'Italien Alessandro Sciarroni, endurance, équilibre et quatre jeunes hommes, champions de la jongle, comme pour un jeu de sortie. Qui partira le premier ? Le dernier ? Qui laissera choir cette massue lancée dans l'air ? Pas folichon d'amusement ou d'invention, mais se laisse aborder...

Les jongleurs d’Alessandro Sciarroni.

Quatre jeunes hommes sur une scène nue, tout en blanc avec un arrière fond tout aussi blanc, balayée par les spots. Jeans, chemisettes, tee-shirts et baskets. Cools et décontractés. Avec entre les mains des quilles. Après un silence d'attaque et de recueillement, en avant la zizique (un musicien sur scène !) pour une ronde de danse entre harmonie des mouvements et échange d'habilité et d'adresse. Dans des mouvements d'ensemble ou en solo.
Quatre gymnastes, équilibristes pour un art populaire, presque folklorique et collectif. Chacun d'eux, droit comme un if ou aux aguets comme un chasseur, les yeux d'abord fermés puis rivés sur cette massue blanche lancée dans l'air. Et rattrapée de justesse, en toute aisance ou maladroitement, car la fatigue se fait, au bout d'un moment, ressentir.

 

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Mais vite le spectacle, à part le danger de l'échec et la concentration vers cet objet qui remplit l'espace et le défie, vire vers une sorte de cirque hystérisé. Avec une musique qui lui emboîte discrètement le pas. Car le danger s'accentue, le mouvement se précipite, l'échange est plus nerveux et électrisé.
Et s'instaure cette métaphore de la vie. Fragilité et friabilité de toute traversée humaine. Métaphore du perdant, du partant, de celui qui ne reste plus debout dans l'arène du combat. Les sens et les muscles ont leur limite. Et c'est dans le sillage de cette fabulation à la Sisyphe (une fois de plus, Bipod cette année semble en avoir fait une fixation!), d'une méditation sur le temps qui passe que s'inscrit cette démonstration, un peu appuyée et par trop répétitive, sur l'habileté, la précision et la gravité de tout mouvement.
Les quatre jeunes hommes ne sont ni dans la grâce ni dans la poésie ou la préoccupation esthétique, mais fondent, avec des regards et une vélocité d'aigles, sur cette quille, enjeu de tout intérêt. La rattraper, la lancer, prolonger cet état de lutte comme une respiration vitale.

 

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Le spectateur est pris dans cet engrenage, sans trop savoir sa place exactement. Au cirque ou aux premières loges pour une danse contemporaine qui relève d'un théâtre de l'absurde ? C'est sur ces sentiments confus que se déroule cette joute qui finit, par-delà toute attention prolongée, par lasser un peu. Devant une salle aux trois quarts vide. Mais d'où personne n'est sorti avant la fin.
Cinquante minutes de quilles lancées en l'air sur fond de prétention métaphysique et de symbolisme transcendantal, c'est quand même gonflé ! Chapeau à ce tour de force et surtout le mérite est très grand pour la prouesse et la vitalité des quatre jongleurs. Émérites !

 

 

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