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Culture - Spring Festival

Comme un tonnerre qui gronde...

La Compagnie Beijing a ouvert, hier, l'édition 2016 du Festival du printemps.

La Compagnie Beijing sur la scène du théâtre Tournesol.

C'est porté par un vent de renouveau que s'est ouverte, au Tournesol, l'édition 2016 du Festival du printemps. Le Beijing Dance/LDTX y a brisé tous les clivages et toutes les contraintes, annonçant la couleur des performances à venir.
LDTX, quatre lettres seulement, qui en disent pourtant long. Elles sont l'abréviation de Leig Dong Tian Xia en chinois, qui signifie joliment « le tonnerre qui gronde sous le paradis ». Ce tonnerre a remué hier soir les chorégraphies chinoises bien enracinées et fait voler en éclats des traditions rigides, en remettant le pays de Mao sur la plate-forme contemporaine. Devant des personnalités diplomatiques (ambassades de Chine, d'Inde et de Suisse) et un public très nombreux, la Compagnie Beijing se produisait pour la première fois dans la région. Et c'est, bien évidemment, dans ce même festival au souffle du printemps et à l'esprit débridé, que devait s'emboîter en toute aise et presque naturellement comme une pièce détachée d'un puzzle, « le corps moderne chinois ».

 

(Lire aussi : Hanane Hajj Ali : Ce qui nous manque au Liban, c'est la culture de la culture)

 

Le sacre de la liberté
La danse contemporaine chinoise a longtemps été méconnue. Aujourd'hui, elle ne peut plus être ignorée. Elle a subi des métamorphoses au cours de ces dernières années en élargissant ses horizons, revendiquant l'identité d'un corps et balayant son cloisonnement. À l'origine de ce changement, des chorégraphes, formés à l'étranger ou à l'école nationale de Chine. Parmi eux, Willy Tsao, considéré comme le chef de file ou encore l'instigateur de cette nouvelle forme de danse, faite de rébellion et de mutinerie. Formé aux États-Unis, le chorégraphe revient en Chine pour fonder en 1979 la City Contemporary Dance Company, d'abord à Pékin puis à Guangdong et Hong Kong. Ses premières prestations se font remarquer à l'instar de Une table, deux chaises ou sa version du Sacre du printemps. « La danse contemporaine, affirmera-t-il un jour à l'AFP, permet de promouvoir un sens de liberté, de l'expression et de l'individualisme qui n'est toujours pas la norme en Chine. » Surnommé ainsi le « père de la danse contemporaine chinoise », il a redonné à cet art ses lettres de noblesse. Et son indépendance par rapport aux autorités gouvernementales, alors qu'il avait toujours été un outil de propagande par le pouvoir. En juin 2009, la Beijing Dance sous la direction artistique de Tsao fondait le LDTX qui accueillait de nouveaux talents et de jeunes chorégraphes qui retrouvaient en cette plate-forme un espace de liberté.

 

Prendre son envol
Plus d'une dizaine de danseurs et danseuses sur scène ont représenté ce mouvement de flux et de reflux, de tension et de détente, marée haute et basse, d'embrigadement et de liberté à travers trois tableaux : « Le Cercle », une sorte de pureté qui entre en collision avec les traditions ; « Octobre », poème d'amoureux en pleine saison d'automne, et « Rituel », où celui-ci confronte le corps à l'esprit, la réalité à l'illusion.
Chorégraphie bien limée mais qui pêche un peu par sa longueur pour le premier tableau mêlant évanescence et réalisme, raideur et mobilité, où les corps semblent toujours en posture inclinée. Comme s'ils allaient tomber. Si l'esprit résiste, le corps est encore hésitant pour enfin se libérer complètement à la fin de ce premier tableau sur des musiques très jazzy comme Take Five.


Le duo d'amoureux est comme un entracte, une pause rafraîchissante et douce qui fait le lien avec la seconde grande performance plus puissante et plus « affirmative ». Autour d'un costume accroché, les danseurs effectuent la danse de la peur et de la révolte. Ils craignent cet habit qui les enferme dans un carcan depuis des décennies. Ils le craignent et essayent de s'en échapper tout en tentant de se purifier avec de l'eau. Parfois même, l'eau leur colle à la peau et ils essayent de se frotter la peau pour bien se nettoyer. C'est dans ce geste purificateur un peu automatique que ces personnages sur scène affirment avec véhémence leur besoin de liberté. Un très beau tableau envoûtant et magique qui évoque par les vêtements, les chants et les habitudes, les tribus premières, et par la vélocité des mouvements et des gestes, la modernité. Dans cette collision d'images où le rêve empiète sur la réalité, c'est le corps qui en sort triomphant comme libéré de sa seconde peau. Il aura réellement effectué sa mue.

 

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