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Moyen Orient et Monde - Attentats de Paris

Défendre Abdeslam : la difficile tâche des avocats de grands criminels

« Oui, j’ai hésité », a confié aux médias Frank Berton, avocat français de Salah Abdeslam, rappelant la difficulté d’un métier « où souvent on assimile l’avocat à son client ». Matthieu Alexandre/AFP

Mais comment peut-on défendre des gens pareils? Qualifiés de monstres, d'ennemis publics n° 1, les grands criminels, terroristes ou tueurs d'enfants ont tous eu des avocats. Un principe démocratique pas toujours facile à assurer, entre cas de conscience et stratégie de défense.
« Oui, j'ai hésité », a confié mercredi Frank Berton, avocat français de Salah Abdeslam, qui est le seul membre vivant des commandos des attentats du 13 novembre à Paris, rappelant la difficulté d'un métier « où souvent on assimile l'avocat à son client ». « Bien sûr qu'il y a des gens qui ne comprennent pas la mission qui est la mienne aujourd'hui (...), mais nous sommes dans une démocratie et Salah Abdeslam est un homme, il a besoin de dire les choses. La justice se rend quand on comprend les choses, sinon il n'y a pas de sens aux procès, pas d'utilité pour les victimes », a fait valoir Me Berton sur France 2. Son confrère belge, Sven Mary, a expliqué à Libération son hésitation à rester dans ce dossier qui lui a déjà valu des agressions verbales et physiques, et qui l'a contraint à faire protéger ses filles sur le chemin de l'école.
En France, la question de la défense d'hommes considérés par l'opinion publique comme des « monstres » s'est toujours posée lors d'affaires retentissantes, de Landru, tueur en série de femmes au début du XXe siècle, à Youssouf Fofana, assassin d'Ilan Halimi, un jeune homme juif enlevé pour de l'argent et torturé à mort. Et les avocats y ont répondu par des stratégies différentes. Défenseur de Klaus Barbie, Khieu Samphân ou Milosevic, poursuivis pour crimes contre l'humanité, le célèbre avocat Jacques Vergès transformait les prétoires en tribunes politiques. Il appliquait une défense de rupture, expérimentée durant la guerre d'Algérie dans la défense des poseurs de bombes du FLN, consistant à récuser le droit des tribunaux à juger ses clients. À l'inverse, Me Mary a traité son client Salah Abdeslam, avec son accord, de « petit con », une stratégie visant à minimiser sa responsabilité.
« La défense est obligatoire en cour d'assises, c'est les règles fondamentales de la démocratie », rappelle Henri Leclerc, qui avait failli être lynché lorsqu'il avait défendu en 1989 Richard Roman, un jeune homme accusé d'avoir violé et tué une fillette de 7 ans. Malgré la vindicte populaire, il avait décroché l'acquittement. « Le rôle de l'avocat, c'est d'être présent pendant l'instruction pour vérifier la légalité de la procédure, que tous les éléments qui peuvent lui être favorables soient bien pris en compte. À l'audience, il doit pouvoir intégrer la défense de son client, s'il n'y arrive pas, s'il a des problèmes de conscience, il faut qu'il s'en aille », dit-il. « L'avocat ne défend pas un crime, mais un criminel. Et si l'on juge sa faute, c'est déjà qu'on le considère en tant qu'être humain », ajoute-t-il.
« Il faut juger les gens pour ce qu'ils ont fait et pas pour la crainte qu'ils nous inspirent », abonde Martin Pradel, avocat de nombreux jihadistes. « Ce dont nous aurions besoin, c'est de regarder Abdeslam comme un criminel présumé et pas comme une sorte d'épouvantail, pas comme une addition de toutes nos peurs. Cela devient presque blasphématoire de dire qu'il bénéficie de la présomption d'innocence. Cela dit bien que, d'une certaine façon, on est déjà hors du droit », selon lui.
(Source : AFP)

Mais comment peut-on défendre des gens pareils? Qualifiés de monstres, d'ennemis publics n° 1, les grands criminels, terroristes ou tueurs d'enfants ont tous eu des avocats. Un principe démocratique pas toujours facile à assurer, entre cas de conscience et stratégie de défense.« Oui, j'ai hésité », a confié mercredi Frank Berton, avocat français de Salah Abdeslam, qui est le seul...

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