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Économie - Cuba

Fidel et Raul Castro à l’unisson contre la « menace capitaliste »

Fidel (à gauche) et Raul Castro sont apparus ensemble en clôture du 7e congrès du Parti communiste de Cuba (PCC). Photo/Agencia Cubana de Noticias/AFP

Fidel et Raul Castro ont uni leurs voix cette semaine pour faire passer un message sans équivoque : l'ouverture de Cuba à l'économie de marché se fera à un rythme modéré, en dépit des attentes nourries par le rapprochement avec les États-Unis.
Les frères Castro sont apparus ensemble en clôture du 7e congrès du Parti communiste de Cuba (PCC), le parti unique dirigé par la génération historique. Les deux frères, qui n'avaient plus été vus ensemble depuis trois ans, ont voulu afficher leur harmonie un mois après la visite du président américain Barack Obama, qui avait appelé de ses vœux des réformes politiques et économiques sur l'île. Raul Castro a écarté tout retour au « capitalisme », tout en tentant de fédérer défenseurs de la continuité et partisans du changement autour de réformes contrôlées.
Car si les voix discordantes ne résonnent pas encore dans l'espace public cubain, l'émergence du secteur privé et l'ouverture aux capitaux étrangers initiée par Raul Castro depuis son arrivée au pouvoir en 2008 préoccupent certains cercles du pouvoir, par intérêt ou idéologie. Ces dernières années, ces réserves se sont matérialisées dans une résistance passive à divers échelons de l'appareil d'État, poussant Raul Castro à multiplier les appels à « un changement de mentalité ».
Ce congrès a permis de « ratifier le modèle de réforme économique graduelle, qui offre d'importants avantages au Parti communiste », explique Arturo Lopez-Levy, politologue cubain de l'Université de Texas Rio Grande Valley, aux États-Unis. Ce faisant, le président cubain « offre à l'élite politique suffisamment d'espace pour coopter les secteurs émergents (...) et être en mesure de revenir en arrière en cas d'actions menaçant la continuité du système de parti unique », ajoute l'expert.

La vieille garde garante de l'unité
En marge des débats, Raul Castro a admis que « la reconnaissance de l'existence de la propriété privée avait généré des inquiétudes ». Depuis quelques années, le secteur privé connaît un essor non négligeable, générant un niveau de revenus jamais vu auparavant sur l'île. En partie émancipé par les réformes engagées par Raul Castro, le secteur non étatique emploie officiellement 30 % de la population active cubaine, soit environ 1,4 million de travailleurs.
« Nous entamerons la marche et perfectionnerons ce que nous devons perfectionner, avec une loyauté sans faille et en unissant nos forces », a exhorté Fidel Castro, pourtant discret jusqu'à présent sur l'ouverture économique.
Un appel à l'unité repris par son frère cadet, qui a assuré que « le rythme (des réformes) dépendrait du consensus que nous serons capables de forger à l'intérieur de notre société », tout en soulignant les différences entre son projet et le communisme de marché du Vietnam ou de la Chine.
Pour mener à bien l'ouverture graduelle d'une économie encore contrôlée à 80 % par l'État, le congrès du parti a renouvelé sa confiance à la vieille garde des ex-guérilleros octogénaires qui ont porté les castristes au pouvoir en 1959. Derrière Raul Castro, le numéro deux du PCC Ramon Machado Ventura (85 ans), considéré comme un des garants de l'orthodoxie socialiste, a été notamment reconduit pour cinq ans, un gage de continuité alors que le cadet des Castro doit quitter la présidence en 2018.
Le maintien de cette génération « va décevoir ceux qui ont été séduits par la visite d'Obama et qui ont pensé que des signes de modernité et de changement étaient en train d'apparaître à Cuba », observe Paul Webster Hare, professeur de relations internationales à l'Université de Boston, aux États-Unis. Car « beaucoup d'entre eux nourrissent désormais un appétit réveillé par l'entrepreneuriat et les contacts avec leurs familles aux États-Unis (...) ».
Carlos BATISTA/AFP

Fidel et Raul Castro ont uni leurs voix cette semaine pour faire passer un message sans équivoque : l'ouverture de Cuba à l'économie de marché se fera à un rythme modéré, en dépit des attentes nourries par le rapprochement avec les États-Unis.Les frères Castro sont apparus ensemble en clôture du 7e congrès du Parti communiste de Cuba (PCC), le parti unique dirigé par la génération...

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