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Lifestyle - Hommage

Prince, dresseur de loulous et dynamiteur d’aqueducs...

Qui des dieux ou de David Bowie s'ennuyaient tellement là-haut qu'ils ont fini par convoquer le « Kid de Minneapolis »?

Bertrand Guay/AFP

Les chiffres pairs ont toujours été dégueulasses. Le 16 est une horreur. Pour le théologien allemand übermystique Jakob Böhme, ce nombre représente l'abîme, ou l'enfer, opposé au nirvana. Guy Tarade, ufologue très perché, assure, lui, que ce 16 n'est rien d'autre que le nombre de Lucifer. David Bowie et Prince, entre tellement d'autres, morts en 2016 ? Les dieux s'ennuieraient-ils à ce point – au point de convoquer parmi eux un sorcier, un véritable, un remarquable, un génial sorcier ? Un enfant – avec tout ce qu'un enfant surdoué peut et sait être : provocateur, infiniment libre, explorateur, démonteur, subversif, moqueur, sournois, cruel, ludique, potache, flouteur, machiavélique, lucide et tout le reste.
Minneapolis, cette ville dont le Prince est un enfant, va enterrer Prince Rogers Nelson ; quant au monde, il n'a plus que ses tympans pour pleurer. Et se souvenir. De ce voleur d'amphores au fond des criques. De ce dresseur de loulous. De ce dynamiteur d'aqueducs. Quand il écrivait son La Nuit je mens, Alain Bashung ne se doutait pas un instant que ses mots étaient taillés sur mesure pour ce Prince, qu'ils lui allaient comme un gant – un gant de crin, un geyser. Parce que Prince était devenu le tsar du mensonge. Mais un mensonge immaculé et virginal – un mensonge fondateur : non, le genre n'existe pas.
Prince n'était pas transgenre. Il était ultragenres. Tout le contraire d'un certain Michael Jackson. Prince était le Harry Potter du métissage, ce mot-voie Lactée sans lequel le monde ne serait plus qu'une Fury Road sans aucun Max. Les genres, tous les genres, fusionnaient en un seul : lui-même, le Prince. Masculin. Féminin. Noir. Blanc. Chanteur. Acteur. Dandy. Bling-bling. Pur. Pervers. Aristo. Prolo. Rock. Soul. Funk. Pop. Nabot infiniment, insensément sexy, Prince avait compris plus vite que les autres que le monde n'a été, n'est et ne sera jamais régi que par trois constantes : la religion, l'argent, et le sexe.
Le sexe surtout. Décliné sous toutes ses formes, polymère d'une solidité inouïe, mais finalement tellement volatil. Ce sexe érigé en art de (sur)vivre, customisé à l'extrême par ce Prince qui n'adorait rien de plus, comme un sorcier, comme un enfant, que de jouer. De s'amuser. De ne jamais quitter une cour de récréation transformée en laboratoire à cieux ouverts où officierait, sanglé dans une combi cuir simili-SM, rassuré par une moustache de jeune macho post-pubère, juché sur d'imposants talons-aiguilles et flanqué d'un exemplaire illustré du Petit Prince de Saint Exupéry, un Gargamel auquel aucune femme, aucun homme, aucun mur ne pouvait vraiment résister. L'incarnation émue et (é)mouvante d'un Sign O(f) The Times dont il se foutait un peu beaucoup, mais qu'il savait pourtant choper comme un roi.


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Le top 15 de « L'Orient-Le Jour »

Choisir 15 morceaux du « Kid de Minneapolis » était un travail d'Hercule. Mais on l'a fait. « L'Orient-Le Jour » vous propose une playlist princière, puisque somme de tous les Prince.


15. Cinnamon Girl (2004)
14. Feel Good Feel Better Feel Wonderful (2009)
13. Alphabet St (1988) (live)
12. Human Body (1996)
11. 1999 (1982) (live)
10. I Would Die 4 U (1984)
9. Cream (1991)
8. Controversy (1981) (extended)
7. Head / Dirty Mind (1980) (live)
6. Kiss (1986)
5. Sexy M.F. (1992)
4. Purple Rain (1984) (live)
3. Scandalous (1989)
2. When Doves Cry (1984)
1. Sign O' The Times (1987)

 

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Prince et les femmes : tout un (Love) Symbol

 


17 juin 1987. Photo AFP/Bertrand Guay

 

Multi-talentueux, Prince était à la fois chanteur, producteur, danseur, compositeur, musicien (il jouait de la guitare, du piano et de la batterie), personnage public mais en même temps assez privé, extrêmement sexuel dans ses performances et sur scène. Bien que suspecté de bisexualité, ses histoires de cœur connues, rumeurs ou pas, sont celles qu'il a eues avec des femmes. Parmi lesquelles des actrices, des musiciennes, des stars de films X ou des personnalités célèbres. Celui qu'on surnommait The Love Symbol a été marié deux fois. La première en 1996, avec Mayte Garcia, une danseuse du ventre rencontrée en Allemagne. Ils auront un garçon décédé quelques jours après sa naissance d'une malformation crânienne. La seconde fois avec la belle Manuela Testolini, membre de son staff, dont il divorcera cinq ans plus tard, en 2006.

En tête de son tableau de chasse : Kim Basinger qu'il a connue sur le tournage de Bat Man de Tim Burton, en 1989. Il signait la bande originale du film et elle interprétait le rôle principal. Puis il y eut Vanity, en 1982, qui fut la chanteuse du groupe Vanity 6 fondé par Prince. Suivront des muses éphémères, les Patricia Kotero, connue sur le tournage de Purple Rain, renommée Appolonia, Tara Leigh Patrick, devenue Carmen Electra. De nombreuses anonymes viendront se placer dans la liste de ses présumées conquêtes auprès de Madonna et Ophélie Winter. Il eut quelques duos artistiques intéressants avec des femmes, dont les plus célèbres sont une collaboration avec Sheena Easton pour U Got the Look (en 1987) et, deux ans plus tard, sur la BO du Batman de Tim Burton; Sinéad O'Connor dont elle a réinterprété, magnifiquement, le Nothing Compares To U, en 1989. Et enfin Zooey Deschanel pour FALLINLIVE2NITE.

 


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L'hyperstyle Prince


4 mai 1994. Photo AFP/Patrick Hertzog

 

Du haut de son 1 m 60, on ne voyait pourtant que lui. Quand Prince apparaissait, l'allure altière, le col de sa chemise (très années 70) relevée, une canne, parfois, dans la main, il y avait comme une étincelle dans l'air qui surprenait, ravissait, décoiffait. Une explosion de couleurs et d'arrogance, mais toujours dans le bon ton, dans une démesure équilibrée et élégante. Un dandysme androgyne dont Prince était le roi.

 


4 mai 1994. Photo AFP/Patrick Hertzog


Faisant à souhait planer le(s) doute(s) sur sa personne (il a même interdit qu'on l'appelle par son nom), sur sa sexualité (certes, il aimait les femmes, mais pas que...), l'artiste, les yeux toujours cernés de kôhl, adorait les plumes, les strass, les hauts talons, le boa, devenu une image de marque, les franges, les pattes d'éph', les cols jabots, les cuissardes, les pantalons ultramoulants, les vestes en cuir, les smokings de velours et les costumes, avec, dernièrement, une prédilection pour les années 30. Il adorait les bijoux en or, les coiffures extravagantes, (cheveux bouclés très 70's, ou lisses), les lunettes de soleil et les transformations. Souvent en plein concert, il changeait de tenues plusieurs fois.


22 novembre 2015. Photo AFP/Getty images/Kevin Winter

 

À travers ces différentes périodes, son style a toujours eu la même saveur et Prince n'a jamais eu peur de rien. Ne craignant pas les couleurs, bien au contraire, il a eu sa période orange, rose, évidemment mauve, blanc et noir. Sa collaboration avec Marie-France Drouin, qui avait été révélée avec les costumes du film Purple Rain, inspirés des années 30, a été parfaite.

 


4 février 2007. Photo AFP/Roberto Schmidt

 

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Dix grandes dates de la vie du « Kid de Minneapolis »

7 juin 1958 naissance à Minneapolis, dans le Minnesota, au nord des États-Unis, de Prince Rogers Nelson, prénommé en référence du trio de jazz Prince Rogers dont son père était membre. Sa mère Mattie Shaw était chanteuse de jazz.

1978 sortie du premier album, For You, du jeune Prince, présenté par son agent comme un nouveau Stevie Wonder. Il compose, écrit et interprète la totalité de l'album, relatif échec commercial.

 


8 novembre 2015. Photo AFP/Robyn Beck

 

1979 son deuxième album, Prince, avec le tube I Wanna Be Your Lover, est sacré disque de platine. Il confirme son style musical influencé par le funk et ses paroles érotiques.

1984 consécration avec la sortie de l'album Purple Rain, considéré comme l'un des meilleurs de tous les temps, adapté en film. La chanson titre éponyme, ballade vibrante aux envolées lyriques, obtiendra un oscar. Les tubes Let's Go Crazy et When Doves Cry figurent aussi sur le disque.

1991 sortie de l'album Diamonds and Pearls, qui se vend à six millions d'exemplaires et contient les tubes Cream et Get Off. Il est suivi d'une tournée colossale avec une dizaine de musiciens sur scène, des danseurs et effets spéciaux, avec son groupe The New Power Generation.

 


22 novembre 2015. Photo AFP/Getty Images/ Kevin Winter

 

27 avril 1993 en conflit notamment sur le rythme de ses sorties d'album avec son label Warner Bros, il annonce qu'il n'écrira plus de musique pour eux. Prince maintient la tournée de l'album Love Symbol, et poursuit sa carrière en préférant être désigné par l'idéogramme « love symbol », plutôt que par un nom de scène.

1996 l'enfant né de son union avec la danseuse Mayte Garcia meurt peu après sa naissance. La même année était sorti l'album double platine (2 millions de copies) Emancipation, publié par son propre label New Power Generation.

1999 Prince retrouve son nom en signant un contrat avec Arista Records pour le disque Rave Un2 the Joy Fantastic.

2008 sortie de l'album LOtUSFLOW3R, numéro deux au Billboard 200. Apparition au Montreux Jazz Festival, concert au Grand Palais à Paris.

Septembre 2015 sortie de l'album HitNRun Phase One, distribué sur Tidal, le site Internet du rappeur Jay-Z. Annonce à l'improviste d'une série de concerts solo au piano, annulés après les attentats du 13 novembre à Paris.

21 avril 2016 décès à son studio de Paisley Park, après avoir été brièvement hospitalisé quelques jours plus tôt à cause d'une grippe, selon la version officielle. Mais, selon le site d'informations sur les célébrités TMZ, qui a annoncé sa mort en premier, il avait en réalité été traité pour une overdose d'opiacé. Il venait de finir deux concerts à Atlanta la semaine précédente.

(Source : AFP)

 

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