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Moyen Orient et Monde - Reportage

Après l’attaque contre le bus à Jérusalem, les Palestiniens entre soutien et crainte

Alors que des célébrations ont eu lieu à Gaza, les habitants de la Cisjordanie se font plus discrets.

Des photos ont été publiées sur Facebook montrant des Gazaouis offrant des bonbons pour célébrer l’attaque contre le bus israélien à Jérusalem. Photo Facebook

« Juste après l'annonce, les gens se sont mis à prier pour que le Hamas ne revendique pas l'attaque. Car il y aurait sûrement eu une nouvelle guerre », raconte Abir, 29 ans, habitante de Gaza. Au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2006, le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par de nombreux gouvernements, a salué l'attaque contre un bus israélien à Jérusalem lundi dernier ayant fait 20 blessés et un tué (le kamikaze), la qualifiant de « réponse naturelle aux crimes d'Israël ». C'est seulement mercredi soir, après que le principal suspect eut succombé à ses blessures, qu'un porte-parole du mouvement islamiste a revendiqué l'attaque, présentant son auteur, identifié comme Abdel Hamid Abou Sorour, 19 ans, comme l'un des siens.


À l'université al-Aqsa de Gaza, le professeur Ziad Medoukh nuance : « Les factions politiques se sont un peu précipitées pour saluer cette attaque... Autour de moi, j'ai davantage entendu les gens parler du tunnel reliant la bande de Gaza à Israël que l'armée israélienne a découvert le même jour. »
Pour l'universitaire, cette actualité rappelle des jours sombres. La dernière attaque contre un bus dans la Ville sainte remonte à 2011. « On pense au contrecoup, les gens ont peur. La semaine dernière, il y avait les commémorations de la bataille de Jénine : en pleine seconde intifada, après des attaques du Hamas, les Israéliens avaient lancé l'assaut sur cette ville et des centaines de personnes étaient mortes. Nous avons toujours ça en tête. »

 

(Lire aussi : À Jérusalem, l’explosion d’un bus fait remonter des souvenirs sanglants)


Abir a regardé la déferlante de réactions sur Internet : « Certains internautes ont posté, sur les réseaux sociaux, des photos d'enfants à qui on venait de donner des bonbons, ou bien ont écrit des commentaires du type "Grâce soit rendue à Allah". Mais il y a aussi des gens qui leur ont répondu que l'attaque a fait des victimes civiles, et que ça ne se fait pas d'être aussi excité. Moi, j'évite ce genre de débat, mais il est certain que les Palestiniens voient cette attaque comme une continuation de l'intifada. »
Khalil Shikaki, directeur de l'Institut palestinien de recherches PSR, sonde l'opinion palestinienne depuis plus de 20 ans. S'appuyant sur ses recherches ainsi que sur sa dernière enquête, conduite en mars, il explique : « Même s'il est trop tôt pour analyser l'influence de cette actualité, on sait qu'en général les Gazaouis ont tendance à soutenir une action de ce type car ils considèrent que c'est grâce à ce type d'action que les Israéliens ont quitté Gaza. »
Fin mars, PSR publiait les chiffres suivants : 65 % des Palestiniens pensaient que si les tensions actuelles évoluaient vers une intifada armée, ce mouvement serait plus utile à la création d'un État que les négociations.

 

(Lire aussi : Le chef de la Ligue arabe veut un tribunal international pour juger Israël)


En dehors d'un petit rassemblement à Bethléem, d'où serait originaire l'assaillant présumé, la Cisjordanie fait, elle, profil bas : ni prières ni célébration publique dans les rues de Ramallah. « Je me suis acheté un knéfé après avoir vu la nouvelle », raconte Sabrine, une jeune femme originaire du sud de la Cisjordanie. « Alors que je discutais avec les vendeurs de ce qui venait de se passer, ils m'ont demandé si je m'offrais une douceur pour célébrer l'attaque. Je les ai laissés libres de penser ce qu'ils veulent, mais au fond de moi, bien sûr que j'étais contente car je pense que l'esprit de la résistance est toujours en vie ! Quand j'ai vu qu'il n'y avait pas de déclaration politique forte de l'Autorité palestinienne, et que les gens rasaient les murs, j'ai déchanté... »
Sabrine a passé la soirée à parler de l'explosion avec des amis. « Certains me disaient qu'il ne faut pas soutenir la violence, mais moi je pense que c'est plus compliqué : s'il y a un mouvement fort et uni, la violence est justifiée. Aujourd'hui, des adolescents se font tuer par des soldats pour avoir brandi une paire de ciseaux. Il n'y aucune chance que des actions isolées fonctionnent, donc il ne faut pas encourager cette forme de violence. En outre, la question n'est pas tant celle de la violence que celle de l'avancée de notre société. »


À l'université de Bir Zeit, les étudiants sont discrets. La campagne pour élire les représentants des syndicats bat son plein et un organisateur estime que la situation sur le campus est déjà trop « politisée » pour évoquer l'intifada.
« Auparavant, ce genre d'événement risquait fortement d'entraîner d'autres événements similaires, tandis qu'aujourd'hui, il y a peut-être des groupes qui préparent des attaques, mais puisque l'Autorité palestinienne travaille à les éviter et à les empêcher, les choses sont moins certaines », conclut Khalil Shikaki. En janvier, Majed Faraj, à la tête du Renseignement palestinien, annonçait avoir empêché 200 attaques.

 

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« Juste après l'annonce, les gens se sont mis à prier pour que le Hamas ne revendique pas l'attaque. Car il y aurait sûrement eu une nouvelle guerre », raconte Abir, 29 ans, habitante de Gaza. Au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2006, le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par de nombreux gouvernements, a salué l'attaque contre un bus israélien à Jérusalem lundi...

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