Rechercher
Rechercher

Liban - Focus

L’enlèvement des évêques : trois ans déjà dans le silence le plus opaque

Une vue de la cérémonie.

Jeudi, cela fera trois ans que les deux évêques Boulos Yazigi (grec-orthodoxe) et Youhanna Ibrahim (syriaque-orthodoxe) ont été enlevés près d'Alep dans l'indifférence quasi générale. C'est d'ailleurs l'un des enlèvements les plus étranges en période de guerre puisqu'il n'y a eu aucune revendication ni de véritables négociations pour obtenir leur libération. Même les médias ne s'intéressent pas beaucoup à cette affaire, jugée peu sulfureuse et surtout incompréhensible. Ce désintérêt médiatique en dit long en tout cas sur la place qu'occupent les Églises d'Orient dans les préoccupations des dirigeants occidentaux et de la communauté internationale en général.

Ce double enlèvement et le silence qui l'entoure résument ainsi la situation des Églises d'Orient, victimes désignées de la violence injuste et aveugle parce que abandonnées de tous. Ces Églises qui avaient fait le pari de la coexistence, de l'entente et de l'ouverture sont aujourd'hui les principales cibles des tueurs, et de tous ceux qui veulent changer le Moyen-Orient pour le rendre à leur image, intolérante, primitive et violente. C'est pour rappeler le pari de la diversité, et de l'enrichissement spirituel et intellectuel qu'elle apporte que la Rencontre orthodoxe et la Ligue syriaque ont organisé mardi soir à la municipalité de Sin el-Fil une cérémonie en hommage aux deux évêques enlevés. La grande salle de la municipalité était comble, de nombreuses personnalités libanaises, religieuses et laïques, ainsi que de nombreuses forces politiques ayant tenu à exprimer leur solidarité avec cette cause juste mais peu médiatisée. Mais c'est surtout de la bouche de l'ancien ministre Fayçal Karamé, fils de Tripoli, la ville accusée au cours de ces dernières années de pencher vers l'extrémisme islamique, que sont venus les mots les plus forts et le soutien le plus émouvant.

Les orateurs avaient été soigneusement choisis par les organisateurs pour symboliser le tissu confessionnel libanais : le secrétaire général de la Rencontre orthodoxe, l'ancien ministre Marwan Abou Fadel, le président de la Ligue syriaque Habib Ephrem, ainsi que l'ancien ministre Fayçal Karamé et le député membre du bloc de la Fidélité à la Résistance Ali Fayad. Tous les quatre ont d'ailleurs insisté sur le fait que l'enlèvement des deux évêques n'est pas seulement un coup porté à leurs communautés et à leurs Églises, mais ausssi à tout le Liban et à l'ensemble du Moyen-Orient.

« Complice du vaste complot... »
Habib Ephrem a exposé les efforts déployés pour obtenir ne serait-ce que quelques informations sur le sort des deux évêques. « Les gouvernants, les gouvernements, les ambassades, les forces politiques, tout le monde a été sollicité, en vain. Mais comment croire que personne ne détient la moindre information sur cette affaire ? Comment un tel enlèvement peut-il passer inaperçu par les nombreux satellites qui filment en permanence le terrain syrien ?
La seule conclusion possible est que cet enlèvement n'intéresse personne. Plus même, tout le monde est complice du vaste complot qui se trame contre les chrétiens du Moyen-Orient. » Il ne s'agit pas, selon Habib Ephrem, des « élucubrations de cerveaux malades ou obsédés par la théorie du complot, mais d'une réalité hélas qui se confirme de jour en jour ».

Pour Ali Fayad, l'enlèvement des deux évêques est une atteinte aux chrétiens et aux musulmans, car en plus de frapper la communauté chrétienne, il contribue à dénaturer l'image de l'islam. Selon lui, pour lutter contre ce phénomène, il faut, d'une part, reconnaître le droit du Liban à combattre les menaces israéliennes et takfiristes, et, d'autre part, édifier un État rassembleur qui donne leurs droits à tous, et fait sortir le Liban et les Libanais des dédales du confessionnalisme et des confessions. Enfin, il faut aussi mettre un terme à la corruption qui est devenue un véritable monstre qui dévore l'économie nationale. M. Fayad a affirmé que la solution n'est pas dans un discours confessionnel, mais dans l'édification d'un État selon le concept, cet État qui n'a pas sa place dans la plupart des régimes arabes.

Marwan Abou Fadel est, lui, revenu sur le rôle des Églises d'Orient dans la région, qui sont au cœur du Moyen-Orient. Ces Églises sont le ferment de la région et elles s'étaient opposées aux croisades. « Aujourd'hui, on veut réduire leur rôle, voire les éliminer pour laisser la place libre aux forces de la nuit », a-t-il dit. Il a aussi évoqué le projet de loi électorale dit « grec-orthodoxe », refusant de lui donner l'étiquette de projet de partition et insistant sur le fait qu'il ne vise qu'à redonner aux chrétiens leurs droits bafoués...

L'élection d'un président
Mais c'est l'ancien ministre Fayçal Karamé qui a prononcé le discours le plus fort, affirmant que l'enlèvement des deux évêques est un acte prémédité et bien étudié, qui adresse un message clair aux chrétiens pour leur dire de quitter la région. Selon lui, « il faut chercher la main d'Israël derrière ce plan, même si en apparence on en fait assumer la responsabilité à des personnes en théorie musulmanes, mais qui n'ont rien à voir avec l'islam ». Fayçal Karamé a insisté sur le fait que le dossier de l'enlèvement des évêques est une « ligne rouge israélienne », et il a estimé que la meilleure réponse à cet acte odieux est de renforcer la présence chrétienne au Liban, à travers l'élection d'un président chrétien fort qui ne tire pas ses pouvoirs de l'appui régional et international, mais d'une volonté collective de le laisser exercer des prérogatives dignes de la présidence. « La réponse doit aussi se faire par le biais d'une nouvelle loi électorale qui permette aux chrétiens d'arriver au Parlement sans avoir besoin des autobus sunnites, chiites ou druzes », a-t-il ajouté. Pour lui, il ne s'agit pas de concessions faites à une communauté, mais de servir l'intérêt du Liban et du Moyen-Orient en proie à un véritable séisme. « Les musulmans, c'est nous, ce n'est pas eux ! » a-t-il lancé dans une allusion aux jihadistes et autres extrémistes islamiques.

 

Pour mémoire

Ephrem exhorte la Turquie à aider à la libération des évêques orthodoxes

Rapt des évêques Ibrahim et Yazigi : Machnouk fait état de « nouvelles plutôt bonnes »

Yazigi appelle à la libération des deux évêques d'Alep

Jeudi, cela fera trois ans que les deux évêques Boulos Yazigi (grec-orthodoxe) et Youhanna Ibrahim (syriaque-orthodoxe) ont été enlevés près d'Alep dans l'indifférence quasi générale. C'est d'ailleurs l'un des enlèvements les plus étranges en période de guerre puisqu'il n'y a eu aucune revendication ni de véritables négociations pour obtenir leur libération. Même les médias ne...

commentaires (3)

ATTEINTE AUX CHRETIENS ET AUX MUSULMANS... NON MONSIEUR C,EST UNE ATTEINTE CONTRE LES CHRETIENS... ET COMME A DIT LE BRUXELLOIS VOUS FETEZ ET VOUS DANSEZ DE JOIE TOUS ENSEMBLE ! ON S,Y CONNAIT...

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 48, le 21 avril 2016

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • ATTEINTE AUX CHRETIENS ET AUX MUSULMANS... NON MONSIEUR C,EST UNE ATTEINTE CONTRE LES CHRETIENS... ET COMME A DIT LE BRUXELLOIS VOUS FETEZ ET VOUS DANSEZ DE JOIE TOUS ENSEMBLE ! ON S,Y CONNAIT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 48, le 21 avril 2016

  • Les orateurs avaient été soigneusement choisis par les organisateurs pour symboliser le tissu confessionnel libanais : le secrétaire général de la Rencontre orthodoxe, l'ancien ministre Marwan Abou Fadel, le président de la Ligue syriaque Habib Ephrem, ainsi que l'ancien ministre Fayçal Karamé et le député membre du bloc de la Fidélité à la Résistance Ali Fayad. BIZARRES LES NOMS DE CES ORATEURS QUI ONT EN COMMUN LEUR ALLEGEANCE AU CAMP BAASSYRIEN DU GANGSTER D'ETAT BASHAR C'EST COMME SI CES NOBLES DEFENSEURS DES CHRETIENS D'ORIENT VOULAIENT TRAHIR L'ORIENTATION OU L'ALLEGEANCE POLITIQUES DE CES PAISIBLES.....EVEQUES ENLEVEES. MAIS VOILA QUAND ON PREND PARTI POUR UN TYRAN GANGSTER D'ETAT OU ON SERT SES INTERETS AU NOM DE L'ALLIANCE DES MINORITEES, IL NE FAUT PAS S;ETONNER DES ABREACTIONS DE LA MAJORITEE DEVENUE FOLLE.A FORCE D'ETRE VIOLEE, BAFOUEE, HUMILIEE, TORTUREE EXTEREMINEE.

    Henrik Yowakim

    14 h 45, le 21 avril 2016

  • L’enlèvement des évêques : trois ans déjà dans le silence le plus opaque C'ES TOUTE LA SYRIE QUI EST KIDNAPEE,ENLEVEE PRISE EN OTAGE PAR LES GANGSTERS BAASSYRIENS DEPUIS PLUS DE 45 ANNEES.

    Henrik Yowakim

    14 h 28, le 21 avril 2016

Retour en haut